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Appels au jugement d'Appels d'Abdoulaye Wade.

Jeudi 8 Novembre 2012

Un sujet gênant pour une certaine classe politique.


Appels au jugement d'Appels d'Abdoulaye Wade.

Vraisemblablement, l'ancien président de la République ne passera jamais devant un tribunal chargé de l'interroger sur mille et un délits qu'il est susceptible d'avoir commis en douze ans de pouvoir. La faute à des contraintes politiques inavouables, à des lois non écrites...

En arrivant au pouvoir en 2000 à la faveur d’une alternance démocratique, le président Abdoulaye Wade avait «épargné» son prédécesseur Abdou Diouf de toute poursuite judiciaire. Ce geste, diversement apprécié à l'époque par une opinion publique divisée, a été réédité par le président de la République élu le 25 mars 2012. Après s'être bien installé au pouvoir, Macky Sall s’est engagé à poursuivre tous les auteurs d’actes délictuels et autres prévarications issus de l’ancien régime à l’exception notable de l'ancien chef de l'Etat, Abdoulaye Wade.

Aujourd'hui, alors que se forme dans le pays une masse critique de partisans favorables au jugement de Me Wade, le président Sall peut-il fermer les yeux sur une gestion jugée «calamiteuse» et «prédatrice» qui aura duré douze ans ? Les hommes politiques interrogés par EnQuête sur cette question ne parlent pas toujours le même langage, loin s'en faut d'ailleurs. Pour le Pr. Maguette Thiam, secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (PIT), il est presque surréaliste de poser un tel débat. A son avis, Abdoulaye Wade, qui «est un citoyen» entre des millions d'autres, ne saurait se soustraire à la justice si tant est qu'il serait coupable d’actes prohibés dans l'exercice de ses fonctions. «Ce que les Sénégalais attendent de voir, c'est ce que les nouvelles autorités vont faire, dit-il. On verra s’il y aura une volonté forte d’amorcer le changement annoncé.» Même s'il estime que «la justice doit faire son travail et dire la loi sans pression dans l’intérêt des citoyens», Maguette Thiam avertit contre toute instrumentalisation de l’Assemblée nationale sur cette question.

«Wade ne saurait se soustraire à la justice s'il est coupable...» (Maguette Thiam)
Pour Waly Fall, responsable de Rewmi mais s'exprimant «à titre personnel», l’idée d’immunité pour un ancien chef d’Etat répond à une jurisprudence qui peut se comprendre. «Elle participe à la stabilisation d’un pays, d’un nouveau régime. On veut éviter que les chefs d’Etat s’accrochent au pouvoir au point de plonger le pays dans le chaos», explique l’ancien maire de la commune de Dieupeul-Derklé. «Compte tenu des charges qu’il (Wade) a occupées pour la nation, et compte tenu du fait que la gestion humaine n’est pas parfaite, on peut tourner la page et retenir ses bons actes.» A condition toutefois que Wade ne soit pas accusé d’acte de haute trahison. Dans ce cas, s’empresse-t-il de préciser, «la loi prévoit que les chefs d’Etat sont naturellement passibles de la Haute cour de justice».

Mais à la Ligue démocratique (LD), on se veut intransigeant sur la question. Un haut responsable du parti, qui a requis l’anonymat, assimile immunité à impunité. «Avant de pardonner à un chef d’Etat, il faut d’abord voir l’ampleur des dégâts qu'il laisse derrière lui, dit-il. Tout chef d’Etat doit être audité de la manière la plus complète.» Pour ce proche du Pr. Abdoulaye Bathily dont le parti est membre de la mouvance présidentielle, il est injuste que l’on audite les autres dignitaires de l’ancien régime en fermant les yeux sur le premier d'entre eux, l'ex-président de la République. «N'oublions pas que le peuple sénégalais l'avait (Wade) élu pour qu’il défende les citoyens. S’il s’avère qu’il a commis des actes de haute trahison, il ne doit pas et il ne peut s’en tirer comme ça.» Pour ce cadre de la LD, cette impunité de fait que l'on est en train d'octroyer à Abdoulaye Wade «est une manière de s’enrichir sur le dos des Sénégalais».

«Il y a des immunités qui signifient concrètement impunité» (Un responsable de la Ligue démocratique)

Ce que les jeunes du Mouvement du 23 juin jugent «désolant». «Macky Sall avait promis la rupture dans la gestion des affaires publiques, rappelle Abdourahmane Sow, leur coordonnateur. «Si la majorité des Sénégalais estiment que Wade est comptable de la situation difficile que nous vivons, on ne voit pas pour quelle raison le président Macky Sall s’arroge le droit de lui accorder l’immunité». Pour le M 23 Jeunes, l’âge avancé de l’ancien président de la République est une broutille. «C’est un argument très léger. Nous ne disons pas qu’il faut le mettre en prison, mais s’il a planqué de l’argent dans des paradis fiscaux ou dans des banques ordinaires, on doit mettre en œuvre les moyens de récupérer cet argent-là pour le mettre au service du développement du pays», explique Abdourahmane Sow.

Preuve que cette question de l'immunité accordée à Abdoulaye Wade par Macky Sall est une patate chaude, surtout pour les partis pivots de la majorité présidentielle, deux porte-parole l'ont esquivée. Joint au téléphone, Seydou Guèye, de l'Alliance pour la République (APR) et secrétaire général du Gouvernement, a refusé de s'exprimer. Dans cette posture, il sera suivi par Abdoulaye Wilane, du Parti socialiste (PS), qui préfère attendre «le prochain Bureau politique» avant de lâcher mot.

DAOUDA GBAYA


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