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BABACAR ABBA MBAYE, NOUVEAU SECRETAIRE GENERAL DE CONVERGENCE SOCIALISTE : «Il y aura forcément deux franges au parti socialiste si…»

Jeudi 22 Décembre 2016

Nouvellement porté à la tête de convergence socialiste, Babacar Abba Mbaye, fustige dans cet entretien avec L’Observateur, le fonctionnement du parti socialiste (Ps) qui, selon lui, fuit les grands débats comme pour sauvegarder son compagnonnage avec le Président Macky Sall. Le leader du mouvement «Euleuk cii biir» affirme par ailleurs que le Ps aura son candidat en 2019 et ça ne sera pas Macky Sall.
Extrait.


M.Mbaye, vous êtes le nouveau secrétaire général de convergence socialiste. Mais au-delà de cette nouvelle fonction, qui est Abba Mbaye?
 
Je suis un jeune sénégalais, militant du Ps, un parti ancré dans ma famille. Mon grand-père était secrétaire général de section, mon père a dirigé la coordination de Saint-Louis jusqu’au dernier Congrès du Ps en 2014. Beaucoup de membres de ma famille sont dans ce parti. Donc, je suis socialiste de naissance. Mais, j’ai commencé mon militantisme pendant mes études supérieures en France jusqu’en 2011, je suis rentré au Sénégal pour rejoindre Khalifa Sall, maire de Dakar qui nous avait proposé de venir pour avoir un parcours administratif public puis que j’ai fait des études en fiscalité publique.
 
J’ai continué mon militantisme et j’ai eu à monter la cellule de la convergence de Saint-Louis avec Malick Noel Seck jusqu’à ce qu’il soit débarqué. Et aux élections locales de 2014, nous avons mis en place le mouvement «Euleuk cii Biir» à Saint-Louis où nous sommes sortis 4ème. Aujourd’hui, on s’est retrouvé, nous, les acteurs historiques, pour remettre en place la convergence socialiste qui symbolise beaucoup pour nous.
 
En 2005, quand Abdoulaye Wade était au sommet de sa puissance politique et financière, on ne pouvait même pas le critiquer, des jeunes décident de s’engager au Ps et d’avoir un secrétaire général de manière symbolique : Barthélémy Diaz qui portait ce nom, fils de Jean Paul Diaz et qui avait des accointances avec le Président Wade et son père, qui avait choisi de venir au Ps où personne ne voulait aller, où le secrétaire général n’était pas aimé, un parti qui était en train de déprimer de la plupart de ses cadres et qui avait perdu une de ses locomotives en la personne de feu Pape Babacar Mbaye, je pense que c’était quelque chose d’extraordinaire, un choix qui portait beaucoup de valeurs.
 
Quelle sera alors la touche de Abba?
 
 
Convergence socialiste est arrivé en maturité. Nous avons dix ans d’existence. Convergence est plus âgée que le parti au pouvoir, l’Apr. Nous avons tiré les leçons de nos expériences. Nous n’allons pas réinventer la roue puis que l’essence de notre engagement est toujours là. Nous sommes là pour améliorer ce que nous avons déjà fait. Puis que quand des jeunes payent de leur liberté, offrent leur jeunesse à un parti, séjournent en prison, sacrifient leur temps, leurs moyens, je pense qu’on ne peut pas faire plus.
 
Donc, l’urgence pour nous c’est de nous remettre debout, d’avoir des structures qui fonctionnent, un organigramme rénové. L’importance c’est de retrouver à moyen terme l’efficacité que nous avions développé pour notre parti, la capacité à impacter au niveau de la jeunesse, à mobiliser pour le parti, à soulever des débats. Nous avons entamé la réflexion. Nous sommes en train de mobiliser tous ceux qui étaient dans convergence et nous allons nous ouvrir à d’autres. La convergence ne sera plus un mouvement jeunes. Nous voulons mobiliser au-delà et ça passe par changer notre discours et notre posture. Vous arrivez à la tête de convergence dans un contexte où au Ps, il y a deux tendances : des pro-Khalifa Sall et des pro-Tanor Dieng.
 
Vous êtes de quel camp ?
 
Déjà, c’est quelle chose qui me fait toujours rire. On colle à tout le monde des étiquettes. Et la plupart des gens qui vous collent des étiquettes, sont ceux qui ont débarqué au Ps en 2004-2005. Je dois leur rappeler que les gens avaient la possibilité d’aller avec Wade ou aujourd’hui avec l’Apr mais ils sont encore là. Ce débat se ressent au niveau de la convergence. Mais, je rappelle juste que la question des mouvements d’initiative et d’action est régie par l’article 38 et 39 des statuts du parti. On vous dit que ce sont des mouvements qui viennent épouser la ligne politique du parti, qui ont l’obligation de respecter les engagements et responsables du parti.
 
Mais le dernier alinéa dit que l’organisation de ces mouvements dépend d’un règlement qui leur est propre. Ce règlement intérieur nous permet d’aller en assemblée générale une fois que les 2/3 du bureau sortant sont d’accord. Sur 15 membres du bureau, le secrétaire général démissionnaire n’est plus là, la présidente des jeunes filles est devenue présidente du mouvement national des jeunesses féminines. Donc, sur les 13 membres, les 10 ont choisi d’aller en assemblée générale. Mais, aujourd’hui, certains disent que nous ne sommes pas légitimes et que nous voulons faire de la convergence un instrument pour combattre Tanor Dieng.
 
Ce n’est pas le cas ?
 
 Si je n’ai pour projet politique que d’attaquer le secrétaire général du Ps, je n’ai pas besoin de la convergence socialiste pour le faire. Deuxièmement, pour un acteur politique qui a déjà son mouvement, qui a déjà été à des élections et qui a fait un résultat plus que positif, j’ai autre chose à faire que de prendre un mouvement pour combattre quelqu’un. Nous ne sommes pas dans cette dynamique. Aujourd’hui, le parti a suffisamment de problèmes à résoudre que d’essayer de nous mettre les bâtons dans les roues.
 
Depuis le Congrès de 2014, le mouvement national des jeunesses socialistes, instance du parti, n’a pas tenu de réunion de bureau. Ce n’est pas un problème ça ? Des coordinations n’ont pas été renouvelées, des unions régionales ont été gelées. Ce sont ces problèmes qu’il faut régler et arrêter ce combat de coq où on s’insulte, on s’attaque entre nous. Il faut chercher à retrouver cette capacité à communiquer avec les sénégalais. Notre parti nous manque, le Ps qui faisait des communiqués de bureau politique qui étaient à la limite un travail de consultance, ce parti pertinent, qui réfléchissait. On ne reconnaît plus notre parti.
 
Depuis quand le comité central ne s’est pas réuni ?
 
Aujourd’hui, on a même l’impression que le Ps fuit les grandes problématiques. Nous avons des choses à dire sur les orientations du pays, la gestion de ses ressources. Avec toutes les expériences que nous avons au niveau de la gouvernance locale, économique, aujourd’hui on ne pense rien, on ne dit rien. Parce que vous êtes avec le pouvoir... Etre en compagnonnage avec Macky ne justifie pas qu’on mette en léthargie nos instances, qu’on ne puisse pas dire ce qu’on pense. Ce n’est plus du compagnonnage ça mais de l’esclavage.
 
Donc, finalement on aura accepté le fameux «mout mba mott». Et ça c’est inacceptable. On ne gagne rien dans le parti en combattant des hommes. Il faut renforcer et valoriser le Ps. Mais, si le débat n’est pas posé, au sein du parti, forcément les gens prendront leur responsabilité. On aura deux franges au Ps où certains voudront aller avec Bennoo Bokk Yaakaar et d’autres décideront de faire autre chose. Mais, la certitude c’est que personne n’a le monopole sur le peuple socialiste. Et, il est important, pour cette génération à la tête du Ps (Tanor Dieng et Cie) qui a eu à relever tellement de défis, avouons-le, de comprendre que le Ps est un legs, qu’ils fassent tout pour nous léguer quelque chose qui est gérable.
 
Le débat sur la candidature du Ps est agité mais pensez vous que votre parti présentera un candidat en 2019 au vu de ses relations actuelles avec le pouvoir ?
 
Bien sur que le Ps aura son candidat en 2019. Ça c’est une décision du comité central qui n’a rien à voir avec Tanor ou Khalifa Sall. Donc, il est évident que le Ps aura un candidat et que ça sera un socialiste issu de nos rangs, qui portera nos couleurs. Macky Sall ne sera jamais le candidat du Ps.
 
SOPHIE BARRO
IGFM


 


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