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CEDEAO : Réflexion sur les aspects monétaires, budgétaires, échanges extérieurs, place du Sénégal

Samedi 29 Mars 2014

La 44 éme édition du sommet des Chefs d’Etat de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se tient les 28 et 29 mars 2014 à Yamoussoukro.

C’est une opportunité pour réfléchir sur la CEDEAO, organisme d’intégration régionale dont les aspects monétaires, budgétaires, les échanges extérieurs sont examinés ainsi que la place du Sénégal.

Le Sénégal dans la CEDEAO

Les pays de la CEDEAO représentant le quart du territoire africain et une population de 280 millions d’habitants en 2008. Hormis le Nigéria, le poids économique de la CEDEAO dans le monde est relativement faible. Le niveau de vie est également bas, puisqu’il est essentiellement tributaire de la production agricole soumise à l’aléa climatique.
Sur le plan réel, la région est très hétérogène en termes de richesses, de poids économique, de développement technologique et humain.

Les pays de la CEDEAO sont petits en termes de population et de production. Le Nigeria y représente presque la moitié de la population. Les autres économies importantes sont la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal. Les niveaux de vie sont très différenciés.

Le Cap -Vert possède les meilleurs indicateurs de développement humain (une espérance de vie de 70 ans) et le meilleur taux d’alphabétisation.
Les pays les plus en retard en matière d’alphabétisation sont la Guinée, le Niger et la Sierra Leone. La moyenne des autres pays de la CEDEAO se situe à peine à 40% de taux d’alphabétisation et une espérance de vie de moins de 50 ans.

En matière d’infrastructures (routes goudronnées et lignes téléphoniques), certains pays apparaissent comme très en retard (Bénin, Guinée, Sierra Leone) par rapport aux plus avancés que sont le Cap-Vert et le Sénégal.
Globalement, le secteur agricole joue un rôle moteur dans les économies de la région voire principal pour certaines (Guinée-Bissau, Libéria, Mali, et Sierra Leone) puisqu’il représente en moyenne 30% de la valeur ajoutée de l’ensemble de la production.
Au regard des données relatives aux échanges internationaux, à la spécialisation et à l’aide, les pays de la CEDEAO apparaissent peu diversifiés. Les produits agricoles représentent en effet l’essentiel des exportations et la principale source de devises étrangères. D’autres produits primaires sont également exportés tel que le diamant, l’or et des minerais stratégiques, notamment par le Ghana, la Guinée et la Sierra Leone. Le Sénégal est le seul pays dont les exportations sont les plus diversifiées.

A la fin des années 70, tous les pays de la CEDEAO sont en crise et adoptent des programmes d’ajustement structurel. Suite à la dévaluation du franc-CFA en 1994, les pays de la CEDEAO renouent avec la croissance économique (hormis le Libéria et la Sierra Leone) avec des expériences très contrastées.

Les aspects monétaires

Sur le plan monétaire, à partir des indépendances et jusqu’au début des années 80, tous les pays africains optent pour des taux de change fixe. Mais l’ancrage nominal a été progressivement abandonné de sorte que les pays de la zone CFA sont aujourd’hui les seuls à avoir maintenu la fixité de leur taux de change, à l’exception de la dévaluation de 1994 ; les gains sont la stabilité des prix et la crédibilité de leur monnaie ou effet de crédibilité du taux de change. Les pays de l’UEMOA se caractérisent par un effet de discipline de la politique monétaire car ils diffèrent des autres pays de l’Afrique Subsaharienne par leur choix de règle d’émission monétaire et d’ancrage nominal du CFA d’abord au franc puis l’euro depuis 1999. La Zone Franc africaine a été sans nul doute un espace de stabilité monétaire, contrairement aux pays ayant fait le choix d’une taxe inflationniste important et d’un ajustement automatique de leur taux de change réel.

De fait, les pays africains membres de la zone ont opté pour le caractère déflationniste de leur politique monétaire en dissociant l’offre de monnaie des chocs internes. Bien entendu, les faits stylisés montrent qu’au sein de cette zone et indépendamment des aires couvertes par la BCEAO et la BEAC, des cycles alternés de restriction et d’expansion monétaire existent : une politique restrictive entre 1962-1974 ; une politique d’expansion monétaire alimentée par des circuits extérieurs de financement entre 1975 et 1982 ; un retour à la rigueur depuis 1985 ; la dévaluation du CFA en 1994 ; la création d’un pacte de stabilité et de convergence en 1999. Les choix des pays de la zone franc conduisent à : la détermination du taux d’inflation cible par le taux d’inflation moyen des pays partenaires (objectif d’équilibre extérieur).
En effet, l’appréciation du taux de change réel en situation de croissance conduit à des déséquilibres extérieurs. Inversement, le choix d’une inflation basse dans l’arbitrage inflation-chômage le long de leur courbe de Philips augmentée peut se transformer en chômage à moyen terme en l’absence d’innovations technologiques, si l’on veut en même temps maintenir la discipline budgétaire et la stabilité monétaire en raison de la pression sur les taux d’intérêt réels. La flexibilité des taux de change ne permet pas d’aboutir à des résultats strictement contradictoires sur chaque point.

En réalité, la comparaison des régimes de change est d’une portée théorique intéressante, mais elle peut rester stérile, dans la mesure où dans les PVD l’arbitrage inflation-chômage en face de ressources financières restreintes, ne peut pas exclure la taxe inflationniste, source importante de revenus de seigneuriage pour les gouvernements. Il reste que la dépression financière est plus importante en zone CFA.

De manière plus large, avec la zone CFA, même si les moyens mis en œuvre par rapport au policy-mix parachèvent la construction de la Zone Franc et contribuent à la crédibilité de leur monnaie, il n’en demeure pas moins que des incertitudes pèsent sur les objectifs de la convergence recherchée de manière séparée par l’UEMOA et la CEMAC. Ces incertitudes sont relatives à la faiblesse des échanges commerciaux bilatéraux et à l’hétérogénéité des chocs voire des réponses aux chocs affectent ces économies. Ces pays sont non seulement différents du point de vue de leur spécialisation, mais sont aussi marqués par un haut degré d’informalisation spécifique du reste au travers des échanges transfrontaliers, mal identifiés et souvent non pris en compte dans les études de convergence ; ce fait est justifié par la difficulté de saisir de tels flux d’échanges.
Il faut bien convenir du caractère inachevé des processus de convergence, et qui justifie l’intérêt de la CEDEAO, si elle parvenait à l’objectif de monnaie unique, dans la mesure où les effets des échanges informels, de la contrebande seraient neutralisés. En outre, les effets endogènes de l’intégration économique en seraient renforcés par l’effet taille.

Les aspects budgétaires

Dans le cadre européen, les deux critères budgétaires (déficit et dette en pourcentage du PIB) visent à réduire les tensions inflationnistes engendrées par des politiques budgétaires expansives, pouvant alourdir la dette de l’Etat. Un pays qui veut plaire à sa population augmente ses dépenses publiques et allège sa fiscalité. Il en résulte impérativement un déficit financé par l’emprunt. L’Etat déficitaire et endetté aura recours à la création monétaire et l’inflation sera l’unique possibilité pour stopper la progression de la dette et du déficit. Les deux critères visent donc à écarter ce scénario indésirable. La volonté de limiter dette et déficits a pour but également de garantir la soutenabilité des finances publiques, indispensables à une progression des investissements et à la croissance économique dans la future union économique.

Dans les pays de la CEDEAO, les niveaux de déficits et d’endettement sont élevés « à la Maastricht ». Les seules exceptions sont le Nigéria et la Côte d’Ivoire à partir de 1995.

Les échanges extérieurs

Les échanges extérieurs des pays de la CEDEAO sont principalement effectués avec l’UE, exception faite du Nigeria, dont le principal partenaire commercial est les Etats-Unis d’Amérique. Par ailleurs, les échanges à l’intérieur de la CEDEAO mais également au sein de l’UEMOA, restent faibles comparativement aux échanges avec l’UE ou le reste du Monde Toutefois, le commerce intra-zone est distribué puisque certains pays de la CEDEAO ont des échanges intra-zones intenses, tels que la Côte d’Ivoire, le Niger, le Mali, le Burkina-Faso. Dans les conditions actuelles d’échanges commercial intra-zone, le gain d’une future monnaie unique ne sera pas substantiel pour tous.


Dr Omar NDIAYE
Économiste
Convergence des Cadres Républicains / CCR-France



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