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CONTRIBUTION : La culture de l’émergence par le Pr Abdoulaye Niang

Vendredi 1 Août 2014


La démocratie et le développement sont porteurs chacun, autant que les sociétés traditionnelles, d’une culture particulière, dont certains de leurs éléments respectifs en s’articulant vont renforcer considérablement leur impact dans divers domaines de la vie concernés. Dans les sociétés africaines de démocratie
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qui aspirent à l’émergence et au développement, il est important que les gouvernants demeurent attentifs à ces dynamiques d’articulation et de renforcement, ainsi qu’aux types d’orientations particulières que celles-ci sont susceptibles de favoriser dans les attitudes et les comportements collectifs, car en définitive ce sont bien ceux-ci qui portent toute action.

Pour la culture de la démocratie, les éléments qui peuvent être concernés sont, d’une part, l’aspiration constante des citoyens à plus de droits civiles, politiques, etc., les pratiques collectives et légitimes de conquêtes et de défense de ces droits là, et d’autre part, le culte de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, le souci de la légitimité réglementaire et institutionnelle dans toute forme de représentativité dans les fonctions électives, ainsi que celui de l’alternance politique, etc., toutes choses qui doivent permettre de favoriser le changement à travers l’émergence et la consolidation, à la longue, et d’une nouvelle conscience collective citoyenne toujours davantage tournée vers le progrès, et de nouvelles politiques alternatives plus concurrentielles et constructives.

Pour la culture du développement, les éléments en cause sont, d’un coté, la demande de plus en plus forte des citoyens de pouvoir avoir un accès toujours plus facilité à tous les éléments constitutifs d’un bien être social et, de l’autre, le culte de la connaissance scientifique et technologique, du travail, de l’efficacité, de l’entreprenariat, du changement , de la promotion, de l’excellence , etc., et ceci afin d’arriver, à l’intérieur des conditions objectives existantes, à la production optimale des biens matériels et immatériels qui doivent permettre de réaliser ce bien être social là .

Quant à la culture issue de la société traditionnelle, parce qu’elle est marquée par une sociabilité qui place au premier rang les valeurs de la solidarité, et surtout de la solidarité de sang, de clan, de résidence, etc., et qu’elle cultive la paix sociale et le conformisme modéré, elle manifeste une tendance forte pour la stabilité sociale ou à une progression vers un changement social et sociétal maitrisé, et sans brutalité inutile.

Il reste bien évident que tous ces éléments culturels identifiés comme procédant de la démocratie, du développement et de la tradition doivent pouvoir, en s’articulant réciproquement, générer sous certaines conditions à développer une ambiance culturelle et sociale générale favorable à un changement sociétal durable, en adéquation avec la vision du projet de l’émergence sociétale à construire. Et en cela, il faut le dire, les peuples des pays en développement et leurs gouvernants respectifs différent, véritablement, les l’uns des autres, car ils n’ont ni la même capacité de se construire une vision commune porteuse de l’émergence et du développement, ni le même génie politique d’inventer les règles de mise en cohérence entre les exigences normatives de cette vision, les éléments culturels existants et le système culturel nouveau à construire.

Le culte de l’alternance et des alternatives politiques crédibles, celui des grandes réalisations concrètes porteuses de changements dans les conditions et cadres de vie, en s’articulant avec celui de la paix sociale, impulsent à la culture sociétale une dynamique de compétition pour des politiques de changement, la préférence populaire étant surtout pour celles qui conservent le mieux les acquis fondamentaux ;tandis que le culte de la liberté et celui du bien être social, en se combinant vont donner à la culture sociétale, une orientation citoyenne dynamique favorable à une action collective tournée vers la quête du progrès dans les champ social, économique, scientifique, etc.: le rythme, au sein d’un peuple, de l’offre et de la demande de progrès pour un bien- être social général des citoyens, ainsi que celui des tentatives collectives citoyennes et politiques de la mise en adéquation concrètes entre cette offre et cette demande aux fins de réaliser les vrais changements sociaux désirés, constitue vraisemblablement une mesure fondamentale du niveau d’intérêt et de capacité des peuples et de leurs gouvernants pour la réalisation d’une gouvernance pour le progrès et le développement. Gouvernance dont la réussite va dépendre du niveau d’adhésions de la conscience collective à la nécessité de changement inscrit dans la vision.

Alors, la question fondamentale est de savoir quels sont, une cinquantaine d’années après les indépendances, et dans un contexte sociétal marqué toujours par le sous développement, les acteurs susceptibles de faire développer dans l’environnement où ils se trouvent une culture de progrès porteuse des vertus de l’émergence.

En vérité, il faut le dire, si la tendance première, originelle de toute culture c’est bien de changer l’homme, en faisant élever les pratiques sociales et sociétales à un niveau d’humanité supérieur, par contre sa tendance seconde, la quelle va être dominante par la suite, devient le conformisme et l’immobilisme culturels dans une large mesure, toutes choses qui peuvent venir s’opposer à l’esprit premier de progrès et d’innovation de la culture, et se poser comme une force de résistance au changement, sauf quand il existe des forces internes ou externes opposées grandissantes ou supérieures portées par des acteurs nouveaux qui agissent dans les domaines politique, économique, scientifique, technologique, social, etc., et qui ouvrent de nouvelles perspectives de changement culturel aspirantes pour la société ou une partie émergente de celle-ci.

Pour que la culture, alors, renoue avec sa vocation première d’être le moteur du progrès de l’homme et de la société, elle doit être capable, à nouveau, de devenir un cadre d’incubation des facteurs du renouveau culturel, susceptibles d’insuffler, et toujours, une dynamique nouvelle d’humanité et de progrès à la société. La culture n’est pas seulement quelque chose dont on hérite et qui peut être en déphasage arrière avec les exigences du moment présent ou à venir, elle est aussi quelque chose que l’on crée par combinaison volontaire, consciente et intelligente d’éléments culturels dûment sélectionnés pouvant venir de sources différentes et d’époques différentes, et qui permet de s’adapter au contexte présent ou d’anticiper sur l’avenir que l’on veut créer et produire, ce qui est important dans ce dernier cas étant, évidemment, que cette combinaison soit en bonne adéquation avec les exigences et les nouvelles aspirations pour l’émergence recherchée.

Alors, un leadership culturel visionnaire et fédérateur, capable non seulement d’impulser des dynamiques culturelles nouvelles dans différents domaines sociétaux, mais aussi de les mettre toutes en cohérence suivant une même finalité de changement sociétal, une même vision du progrès, devient nécessaire. En cela, un tel leadership ne peut être tenu que par la plus haute autorité de l’Etat, à savoir le Président de la République, car c’est lui qui a la charge de définir les politiques sectorielles et de les faire contrôler, selon sa vision du Sénégal pour un avenir à faire venir, mais dont l’avènement devra être nécessairement précédé d’un changement culturel sociétal préparateur et annonciateur, qu’il doit aussi faire advenir en s’appuyant, notamment, sur des leaderships plus techniques et opérationnels, ceux-ci devant se charger de la traduction en normes d’orientations pratiques de sa vision .

Alors dans ce cas, quel rôle doit-il, donc, jouer dans les pays qui aspirent à l’émergence, et à coté du Chef de l’Etat, le ministère qui a en charge la culture ? Son rôle nous semble primordial, puisque c’est lui qui doit relayer la vision culturelle de l’émergence du Chef de l’Etat, en la traduisant en des orientations normatives pour des actions cohérentes à mener dans tous les secteurs de la vie sociétale par les leaderships techniques. De ce fait, il est non seulement un espace de sélection et de collecte d’informations sur la situation réelle et objective de chaque secteur sociétal, les représentations, attitudes et comportements des acteurs concernés en rapport avec la question du changement social, mais aussi un espace d’analyse de ces informations , et de définition des nouvelles orientations culturelles sectorielles plus conformes aux exigences attitudinales et comportementales de l’émergence pour chaque secteur ciblé.

De ce fait, le ministère de la culture doit être, en quelque sorte, le véritable tableau de bord de la guidance culturelle de l’émergence pour le Sénégal ; guidance qui normalement doit intégrer dans un esprit de continuité et d’intégration culturelles positives les acquis culturels sans distinction aucune source ou de provenance : la culture de l’unité nationale avec le PS ; la culture de la coexistence pacifique entre ethnies et religions différentes, de la « téranga » et de la paix sociale, avec la tradition, et consolidée par le régime PS ; la culture des grandes ambitions nationales sur les plans économique et social, des infrastructures de développement, de la démocratie et de la liberté, de la marche et du port de brassards rouges protestataires, avec le régime libéral (PDS) ; la culture de la bonne gouvernance, de l’éthique, de la justice et de la transparence à consolider, avec le régime actuel (APR) ; la culture du dialogue et des assises nationales, de la défense des fondamentaux de la constitution, avec les organisation de la société civile. Ces acquis culturels, à conserver et à renforcer, font partie déjà du système culturel de l’émergence à construire ; ils vont constituer avec d’autres, tels le culte du travail, de la rigueur et de l’efficacité, de la connaissance et de l’esprit scientifique, le patriotisme, etc., le socle culturel à rationaliser et stabiliser sur lequel l’édifice de l’émergence devra être élevé.

Que Dieu sauve le Sénégal.

BIBLIOGRAPHIE

Hugues Bersini, Qu'est-ce-que l'émergence, éditeur Ellipse, 2007,

C. Jaffrelot (dir.), L'enjeu mondial. Les pays émergents, Paris : Presses de Science Po, 2008, 381 p.

D. Cuche, La Notion de culture dans les sciences sociales, Paris, 2004, 3e éd. (Repères, 205) ISBN 2-7071-4264-6.

Mario d'Angelo, Isabelle Goubie, Diversité culturelle et dialogue des civilisations, l'évolution des concepts de 1990 à 2001, coll. Innovations & Développement, Idée Europe, Paris, 2002



Hans Kelsen, "La Démocratie, sa nature, sa valeur", Dalloz, 2004

M. Abdoulaye NIANG

Professeur Titulaire de Sociologie



Université Gaston Berger de Saint-Louis





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1.Posté par Pharoah le 02/08/2014 00:13 | Alerter
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Beau discours mais la dernière phrase : "Que Dieu sauve le Sénégal" ne sert strictement à rien....
l'émergence se mettra en route quand la culture traditionnelle volera en éclats car elle étouffe l'homme Africain !

2.Posté par Cheikh 2 le 25/08/2014 10:32 | Alerter
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Très belle contribution Professeur, voila ce qu'on attend des intellectuels de ce pays.

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