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Dans un monde d’inégalités, nous avons besoin d’une croissance solidaire (Par Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale)

Jeudi 17 Avril 2014

Pendant très longtemps, les riches ont su dans une certaine mesure comment les pauvres vivent dans le monde. La nouveauté dans le monde actuel est que le secret le mieux caché aux pauvres, à savoir, la manière dont vivent les riches, est désormais dévoilé. Par la télévision du village, l’internet et les appareils portables que possède un nombre de pauvres en augmentation rapide, les styles de vie des riches et de la classe moyenne sont révélés chaque jour et en couleur dans leurs maisons.

L’an dernier, lorsque je me suis rendu avec le Président Evo Morales dans un village bolivien situé à plus de 4 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, les villageois prenaient des photos de notre arrivée avec leurs téléphones intelligents. En Uttar Pradesh, l’État de l’Inde qui compte le plus grand nombre de pauvres, j’ai trouvé des Indiens qui regardaient des feuilletons coréens sur leurs téléphones intelligents.

Nous vivons dans un monde d’inégalités. Mais si les pays riches peuvent ne pas voir les souffrances des pauvres, les pauvres du monde entier savent très bien comment vivent les riches. Et ils ont montré qu’ils sont disposés à agir.
Les inégalités nuisent à tout le monde. La faible participation économique des femmes crée des pertes de revenus de 27 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Une croissance solidaire, en revanche, forge un contrat social plus solide et plus robuste entre les populations et leur gouvernement – et édifie des économies plus fortes. Si l’emploi des femmes était relevé au niveau de celui des hommes, par exemple, le revenu moyen augmenterait de 19 % en Asie du Sud et de 14 % en Amérique latine.

Les personnes qui se trouvent dans l’extrême pauvreté vivent avec moins d’un dollar et 25 cents par jour, moins que les pièces de monnaie que bon nombre d’entre nous vidons de nos poches chaque soir. Et pourtant, plus d’un milliard de personnes dans les pays à revenu intermédiaire et les pays pauvres survivent de nos jours avec moins que ce montant.

Nous savons que les problèmes fondamentaux qui se posent actuellement dans le monde touchent non pas des millions, mais des milliards d’entre nous. Près de deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’énergie. On estime à deux milliards et demi le nombre de personnes ne bénéficiant pas de services financiers de base. Et nous sommes tous – tous les 7 milliards d’êtres humains que nous sommes – sous la menace d’une catastrophe imminente causée par le changement climatique si nous n’agissons pas aujourd’hui en adoptant un plan à la mesure de ce défi.

Évidemment, les besoins de développement dans le monde dépassent largement la capacité du Groupe de la Banque mondiale à les satisfaire. Mais nous pouvons faire beaucoup, beaucoup plus. Pour répondre à l’accroissement de la demande que nous voyons se profiler à mesure que nous améliorerons notre capacité à fournir des connaissances et des solutions à nos clients, nous renforçons notre capacité financière afin d’accroître nos revenus et élargir notre capital.

Nous avons pris récemment des mesures pour doubler pratiquement le volume annuel de nos prêts aux pays à revenu intermédiaire, qui passeront de 15 à 28 milliards de dollars par an. Cela signifie que la capacité de financement de la Banque mondiale ‒ autrement dit, le montant des prêts qu’elle peut inscrire à son bilan ‒ augmentera de 100 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, pour atteindre environ 300 milliards de dollars. Cela vient s’ajouter à la plus forte reconstitution jamais réalisée des ressources de l'IDA, notre fonds destiné aux pays les plus pauvres, qui lui permet de disposer désormais d’environ 52 milliards de dollars pour accorder des dons et des prêts concessionnels.

Parallèlement, nous renforçons également notre appui direct au secteur privé. La MIGA, l’agence du Groupe de la Banque mondiale qui fournit une assurance contre le risque politique, prévoit d'augmenter ses nouvelles garanties de près de 50 % au cours des quatre prochaines années. L’IFC, notre institution chargée des opérations avec le secteur privé, espère pratiquement doubler son portefeuille au cours de la prochaine décennie pour le porter à 90 milliards de dollars. Dans 10 ans, nous croyons que les nouveaux engagements de l’IFC atteindront 26 milliards de dollars par an.

Il est prévu que le total annuel des engagements du Groupe de la Banque mondiale, qui se chiffre aujourd'hui à quelque 45 à 50 milliards de dollars, augmentera à plus de 70 milliards de dollars au cours des prochaines années. Cette capacité financière accrue représente une progression sans précédent dans l’histoire du Groupe. Nous sommes maintenant en mesure de mobiliser et de démultiplier globalement des centaines de milliards de dollars par an dans les années à venir.

Nous devons trouver des moyens plus efficaces de collaborer avec nos principaux partenaires, notamment ceux de la société civile et du secteur privé. Nous avons besoin de partenariats, d'institutions internationales fortes, d’un secteur privé dynamique et de dirigeants politiques engagés. Mais aussi et surtout, nous devons unir les populations à travers le monde dans un mouvement mondial pour mettre fin à la pauvreté.

Toutes les franges de notre société mondiale doivent s'unir pour traduire la vision d'une économie plus juste et durable dans des actes résolus qui seront notre héritage pour les générations futures.

Le monde nous observe.

Jim Yong Kim est le président du Groupe de la Banque mondiale


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