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Ebola vs talibé: Qui pour conscientiser les bouts de bois de Dieu ? (Par Yacine Dieng)

Mardi 26 Août 2014

Ebola, ce mot aux consonances exotiques anodines mais à l’impact physique destructeur et mortel était déjà dans presque toutes les conversations, depuis la confirmation de l’apparition des premiers cas de cette épidémie dans certains pays de la sous-région. Au point même où il règne désormais en solitaire exclusif en tête du hitparade des thèmes de conversations quotidiennes. Tant au sens propre qu’au sens figuré, des expressions imagées riches en couleurs et en répartis fleurissent de partout et chacun en rajoute sa petite touche particulière à cette surenchère verbale. Mais aujourd’hui, suite à la décision gouvernementale de fermeture des frontières aériennes, maritimes, et terrestres avec certains pays frontaliers en proie à l’épidémie, la situation est montée d’un cran supplémentaire, la psychose est plus que perceptible sur les visages et propos des uns et des autres comme pour dire: trêve des joutes verbales sénégalo sénégalaises. Place à la conscientisation des masses populaires à travers une large campagne de communication et de sensibilisation sur les ondes des radios et télévisions.


En effet, au-delà des idées préconçues et des légendes urbaines, que savent-elles réellement à-propos de cette épidémie? Ont-elles effectivement bien assimilé tous les mécanismes de lutte contre la propagation de cette épidémie? Savons-nous réellement comment elles s’organisent pour se protéger? A ce jour, quelles sont les concrètes mesures d’accompagnement, de traitement, de prévention, de formation, d’éducation, et de sensibilisation mises en place par les autorités publiques concernées?

Qu’en est-il réellement des couches défavorisées les plus vulnérables, et tout particulièrement les enfants de la rue, confusément appelés vrais/faux petits talibés, comment font-ils face à l’épidémie? Quelles sont les mesures objectives d’accompagnement prises à leur endroit? Où restent-ils encore une énième fois les éternels laissés pour compte de la société sénégalaise tandis que pour d’autres situations sociétales toute la Nation est en branlebas-combat? Nous sommes sans méconnaitre les souffrances morales et physiques de ces enfants de la rue et de leur état psychologique déstabilisé. Agressés et désabusés par les manquements et les dérives en tous genres de la société sénégalaise; exposés à toutes sortes de déviations, sévices, et traitements inhumains dégradant, en raison de la séparation ou de la disparition de tout support parental et/ou familial, du manque d'éducation, de formation, et d’information, ces mendiants forcés pleurent leur sort, ignorent leur identité et vivent au jour le jour hantés par des sentiments de frayeur, d'exclusion, de marginalisation et d'infériorité par rapport aux autres. Livrés à eux même, sauront-ils correctement faire face à cette nouvelle menace épidémiologique?

Face à cette potentielle menace de crise sanitaire et humanitaire sans pareille, pouvons-nous nous offrir le privilège de ne point tenir compte de leur sort à un moment alarmant aussi crucial sachant très bien qu’il n’y a plus aucun des espaces publics, feux tricolores, ronds-points, grands/petits carrefours ou autres artères de nos villes, ainsi que les marchés hebdomadaires, les devantures des maisons et des commerces, les bureaux des administrations et autres institutions, les portes des lieux de cultes, les sites touristiques, et tous les lieux ou se pratiquent des flux humains, voir même les abords des cimetières, qui ne soient pas investis par des hordes de mendiants enfants de tous âges diversement habillés tendant les mains aux gens en s’accrochent et/ou en s’agglutinent à eux ou à leur voitures pour les émouvoir et faire appel à leur générosité pour recevoir l'aumône? Quelles sont les concrètes mesures préventives d’hygiènes pour pareil cas de figure? Avons-nous les ressources nécessaires et suffisantes pour juguler la contamination et la propagation dans cette tranche de population si cela se produit? Nous le savons que trop bien, à l’impossible nul n’est tenu. Toutefois, il est plus aisé d'empêcher une situation délicate ou un problème douloureux, que de les résoudre. Aussi, il faut en toute chose prendre des précautions draconiennes nécessaires et suffisantes afin d'éviter et/ou d’anticiper au maximum les éventuelles situations difficiles à venir. Bref, mieux vaut prévenir que guérir.

A ce jour, la seule aumône au quelle nous avons obligation envers ces mendiants forcés, est de tous les retirer de la rue une fois pour toute. Pour y parvenir, il y a tout d’abord une nécessité absolue de mise en place d’infrastructure d’accueil et réinsertion socio-éducative des enfants mendiants, appelant à la prise de conscience de tout un chacun quant à la gravité du fléau de la mendicité vis-à-vis des risques sanitaires et des risques sécurité publique encourus, en veillant à l'amélioration de leur éducation, à l'orientation de leurs familles et à la sensibilisation sur leur situation sociale. Aussi, nous appelons à la responsabilité citoyenne individuelle et collective, à la responsabilité morale et religieuse, à la responsabilité sociale et économique, sans oublier la responsabilité des politiques et des leaders des confessions religieuses car de tels objectifs ne peuvent être atteints que par la conjugaison des efforts de toutes les composantes de la société sénégalaise.

Les services publics/privés concernés qui connaissent parfaitement la situation devraient normalement sans plus tarder se pencher sérieusement sur ce problème et prendre, le cas échéant, les mesures idoines qui s’imposent. Mais hélas, face à ce drame humain, aussi bien les pouvoirs publics, les acteurs économiques privés, que le monde associatif, les leaders de la société civile et des confessions religieuses ainsi que les particuliers, s’ils n’ont pas totalement démissionné de leurs responsabilités respectives, demeurent très passifs, fatalistes et peu audacieux en innovation. L’Etat, sous le chantage de certains groupes de pressions plus préoccupés à préserver leur intérêt particulier à court terme plutôt que l’intérêt général à long terme, tarde à faire appliquer et renforcer les dispositions règlementaires, juridiques, et constitutionnelles de lutte contre la pratique de la mendicité forcée des populations les plus vulnérables de la société, à savoir les enfants, comme l’illustre l’absence d’actions efficientes/efficaces à la fois de prévention, de réinsertion, de suivi et de répression d’actes esclavagistes.

Quoi qu’il en soit, cette situation choquante et consternante, de la mendicité forcée est tout à fait en contradiction avec les aspirations de la société sénégalaise, et dénote l'existence d'une tendance vers le laxisme, l’incivisme, et la passivité au regard de la loi et de l'ordre public qui doit être impérativement respectés. De ce fait, le phénomène est un véritable fléau social qui nuit au bienêtre et à la quiétude des citoyens et porte un grand préjudice à la réputation et à la notoriété de l'image de marque d’un Sénégal émergent, qui se veut un pays touristique et donc ouvert sur le monde.

Pour raison de sécurité nationale et conformément à une stratégie cohérente de prévention des crises sanitaires épidémiologiques au sein des populations les plus vulnérables, une occasion unique nous est offerte d’enrailler la mendicité juvénile en offrants aux enfants de la rue des gites et des couverts décents afin qu’ils puissent enfin construire leur présent et leur avenir. A quand ce premier pas vers la RUPTURE tant attendue mais maintes fois repoussée? Pouvons-nous oser l’espérer? Sauront nous pour une fois saisir cette divine opportunité?


Fait à Atlanta le 25 Août 2014

Yacine Dieng


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