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Épître à une ombelle – Hommage au poète Alioune Badara COULIBALY. Par Professeur Boubacar CAMARA (UGB)

Lundi 18 Janvier 2016

Sur les routes de Saint-Louis la sereine, comme aujourd’hui, ce samedi 17 mars 2007, à une librairie, vous pouvez rencontrer un homme simple, extrêmement discret. Un homme véritablement simple parmi les simples comme l’entend Saint John Perse. Vous ne prêterez pas attention, c’est sûr, sauf si vous êtes poète, à cet homme. Il ne veut ni vous gêner ni, se dit-il certainement, vous accabler de sa présence car il sait que vous êtes pressé, qu’en ce temps où le temps est de l’argent, il ne faut pas trop retenir les gens. Il aurait dû ne pas comprendre l’empressement de la jeunesse d’aujourd’hui, si impatiente, si légère, si.... Il aurait dû ne pas comprendre que je n’aie pas, depuis bientôt neuf mois, songé à lui rendre le petit geste qu’il sollicitait de ma part avec ces mots si simples, si élégants, si gracieux… ces mots, il faut le dire, d’un autre âge, de l’âge classique des nobles :
 
Alioune Badara Coulibaly
Poète                                                                                                                                Saint-Louis le 19-8-2006

 
Mon cher Boubacar,
 
Je te remercie d’avance pour la note de lecture qui accompagnera ce texte.
Avec toute ma reconnaissance
Alioune Badara Coulibaly
 
 
Et pourtant, et c’est tout à son honneur, il comprend qu’on ne soit plus de ce temps où l’on prenait le temps de paresser, de discuter ; il comprend qu’on ne soit plus de ce temps où l’on ne signe pas par sa fonction, il aurait pu se désigner professeur, il a préféré dignement et fièrement s’appeler poète. La poésie est le professorat absolu. C’est un cours d’une autre facture, un cours donné à ceux qui n’écoutent pas, des mots confiés au temps et qui se déferont lorsque nous ne serons plus là. Rien ne présage un tel destin à ces paroles aux vicissitudes de l’avenir confiées. Sauf peut-être ces mots d’amitié d’un grand immortel, il s’agit évidemment du parrain Senghor, jadis à lui lancés en toute négligence. C’est en fait sa seule garantie qu’il est sur la bonne voie ; peut-être aussi le témoignage que je lui fais et qui résonnant avec un autre, par Bernard Mouralis livré qui ensemble l’émeuvent extraordinairement. Car on est à une époque où l’on se retient, où l’on ne s’enflamme plus…Ce mot est d’ailleurs devenu très péjoratif. Nous sommes à une époque où les mots n’émeuvent plus. L’argent, certainement. Tous cela ce retraité qui paraît en pleine activité le comprend parfaitement. Pourtant, en cette Afrique où l’Ancien est roi (excuse-moi, Poète pour ce mot, qui décidément ne te convient point) tu aurais pu te permettre cette facilité accordée à ceux de votre génération pour les précipiter dans le laisser-aller, le relâchement total.

            C’est qu’en réalité, on ne te sent pas car, comme disait Victor Hugo, tu n’es pas ici. Non tu es dans tes grands travaux. Tu discutes avec Senghor. Tu es dans le monde des grands mots, dans le monde des belles paroles portées et étalées haut. A te voir, le regard qui sur-vole ne pressentirait pas que ta simplicité est le fruit, la fleur d’une « sérénité crispée » (René Char).

            Tu m’excuseras poète car la tension de ton écriture n’aurait pas dû me surprendre. Non tu n’écris pas comme Senghor, tu admires en Senghor le Grand, tu admires en Senghor la Grandeur (au demeurant seuls les Grands peuvent admirer le Grand et les honorer comme ils le méritent puisqu’il faut d’abord, pour cela, savoir reconnaître la grandeur et pour reconnaître la grandeur il faut soi-même être grand). C’est pourquoi, loin s’en faut, tu n’es pas plagiaire du Maître. Ta poésie est brève, elliptique ; ta poésie est grave (ainsi tu voulais chanter mais tu as fini par méditer) : ta poésie est magnifique. Tu es serein donc Alioune Badara Coulibaly car de ce corps à corps avec la mort (j’aurais dû penser que tu te poses des questions graves, les seules qui vaillent la peine d’être posées, celles qui font que, comme le Maître, ton chant est un chant d’ombre, chant d’une ombre qui traverse comme un éclair les rues de la belle ville, chant sombre aussi, chant d’ombe aussi dirait Francis Ponge (de l’ombelle qui, comme toi envers tes proches, et comme le recommande la religion musulmane, ne fait pas de l’ombre mais leur fait de l’ombe[[1]]url:#_ftn1 ).
De ce corps-à-corps tu sors vainqueur, avec, comme trophée, ce poème qui t’auréole de lumière et noblesse. Et ces paroles sont de fines et discrètes décorations qui font plaisir à tes lecteurs.
 
Ces mots sincères de la part de Boubacar CAMARA
 
[1]   «  LES OMBELLES
Les ombelles ne font pas d’ombre mais de l’ombe : c’est plus doux.
Le soleil les attire et le vent les balance. Leur tige est longue et sans raideur. Mais elles tiennent bien en place et sont fidèles à leur talus.

Comme d’une broderie à la main, l’on ne peut dire que leurs fleurs soient tout à fait blanches, mais elles les portent aussi haut et les étalent aussi largement que le permet la grâce de leur tige.

Il en résulte, vers le quinze août, une décoration des bords de routes, sans beaucoup de couleurs, à tout petits motifs, d’une coquetterie discrète et minutieuse, qui se fait remarquer des femmes.
Il en résulte aussi de minuscules chardons, car elles n’oublient aucunement leur devoir ;3 Pièces


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