Entre 1863-1895, le village de Niomré Lô était sous les feux de la rampe. Non pas pour sa puissance religieuse, mais pour sa forte conviction en ses principes. En effet, d'après le chef de village de Niomré Lô, Serigne Thierno Lô, «la force de Niomré, c'est ses croyances et ses fortes convictions. Nos aïeux n'avaient pas peur et étaient unis. Notre force, c'est notre fort taux de population, car le village de Niomré était populeux et notre religion bien pratiquée. C'était cela notre secret».
Niomré était décrit comme étant le village le plus considéré de tous les villages environnants et habité par des marabouts et des cultivateurs qui jouissaient d’une grande réputation de bravoure. Cependant, Niomré était en passe de subir les dommages collatéraux de la bataille de Nguick. Son importance ne cessait de croître grâce aux marabouts qui s’étaient presque libérés du joug de l’aristocratie «Ceddo» à partir des revenus tirés de la culture de l’arachide. La présence des réfugiés Walo-Walo et du Trarzar était ainsi devenue un sérieux obstacle pour les Français pour conquérir cette manne financière.
Aussi, le chef de village, Serigne Thierno Lô, de relever la bravoure des habitants de Niomré. «Nos parents ont réussi à chasser les colonisateurs, car ils ne connaissaient pas la soumission. En combattant les Blancs, ils avaient la force numérique, mais nous étions soudés et unis pas un seul objectif. Malgré l'ardeur, le pays n'était pas réduit en cendres, nos parents ont survécu», raconte-t-il.
Flou autour de la bataille de Niomré qui a duré 8 jours
En ce qui concerne l'impact de la guerre dans le village, Serigne Thierno Lô explique : «Rien n’avait changé. Les gens avaient en effet la conviction que tout ce que ne les tue, les rend fort. Un habitant de Niomré ne change pas, il ne courbe pas l'échine, il est courageux, son abnégation et sa force de travail sont incommensurables».
Seulement, les circonstances de la bataille de Niomré, restent floues. Car Serigne Thierno Lô est convaincu de la défaite des colonisateurs qui se sont fait humilier. D'après les études de Ibrahima Seck doctorant à Et.Ho.S. à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Dakar, c’est bien Faidherbe qui a gagné cette bataille de Niomré qui a duré huit jours. Dans ses recherches, M. Seck est d’ailleurs revenu sur les vraies raisons de la confrontation. «L’atmosphère entre Faidherbe et les chefs musulmans de Niomré était devenue très délétère pour la simple raison qu'Ely, toujours réfugié dans le Njambur, a confié le jeune Sidiya Diop, héritier du Brack à Serigne Niomré, qui refuse de le rendre à son père, Chakoura, protégé de Faidherbe. Ce comportement était une manière de narguer le gouverneur et d’exacerber la tension qui était à son niveau maximal», écrit-il dans son mémoire.
Auparavant, le gouverneur avait envoyé une lettre à Serigne Niomré et à tous les gens du village pour attirer leur attention en ces termes : «Mon ami Damel a chassé du Cayor Ely Youga Fall et les bandits de leur parti. Vous autres vous le gardez chez vous. Rappelez-vous ce qui est arrivé à Nguick. Mais sachez que la seconde fois, on est plus sévère que la première. Vous serez responsable de tout ce qui arrivera». Ainsi d'après Ibrahima Seck, Serigne Niomré ne sembla pas accorder trop d’importance aux menaces de Faidherbe. Ce dernier qui ne veut pas trop vite aller en besogne en réagissant par les armes essaie de faire dans la diplomatie.
Selon le doctorant, Serigne Niomré envoya alors une délégation récupérer le jeune Sidiya Léon Diop (fils de Ndaté Yalla) et l’officier de spahis chargé de cette mission politique dans le Njambur fut fort mal reçu par les populations de Niomré et faillit même être massacré avec les quelques cavaliers qui l’accompagnaient. Cela pourrait signifier que les populations du Njambur, qui ont toujours refusé d’exécuter les ordres du pouvoir central, n’accepteront jamais de se conformer aux directives du gouverneur qui pourraient aboutir à l’annexion de leur pays.
La lettre salée de Serigne Niomré à Faidherbe
Lorsque le gouverneur Louis Faidherbe avait envoyé une délégation pour récupérer le jeune Sidiya Diop, Serigne Niomré, lui avait envoyé une correspondance pour refuser d'extrader le jeune brak héritier du Walo. Une lettre est reproduite dans le mémoire de M. Seck : «Louange à celui qui a dit : ne rendez un dépôt qu’à celui à qui il appartient. Salut de la part de Cheikh de Niomré, et de ses gens à l’émir de Saint- Louis. En réponse à votre lettre, nous vous faisons connaître que nous sommes des serviteurs de Dieu et que nous accordons notre appui à tout musulman et à tout malheureux qui l’implore. C’est là ce que Dieu nous a donné en héritage. Dieu nous a créés juste et nous secourons les malheureux à cause de Dieu le miséricordieux. Telle est notre constante habitude. Si le roi des Trarza et l’émir de Saint–Louis nous demandent d’agir contrairement à nos principes, c’est notre sang qu’ils nous demandent.
Sidiya est un dépôt. Et un dépôt ne doit être remis qu’à celui qui l’a confié. Quant à vos menaces de faire telle ou telle chose contre nous, laissez cela. Cela vaudra mieux pour vous et pour nous (sic)». Le refus de Serigne Niomré, au nom de l’hospitalité religieuse, d’extrader Ely et les autres, rend le gouverneur très furieux. Faidherbe décida d’agir afin de laver cet affront et de se conformer aux propos qu’il avait tenus à la population de Niomré. Dans le document que nous avons consulté, l'on peut lire ceci : «Celui qui sème récolte et chacun sera traité suivant ses oeuvres. Et moi, je n’oublierai jamais ni le bien ni le mal qu’on me fait». Pour joindre, l'acte à la parole, la confrontation fut lancée le 4 mars 1958.
Le cas Sidiya Léon Diop déclencha la bataille
Ce fut l’une des batailles les plus terribles que le Njambur n'ait jamais connue. L’heure était venue pour le gouverneur de montrer sa force de frappe et de prouver à ses adversaires qu’il ne se laisserait jamais humilier gratuitement et de donner une leçon aux populations autochtones qui seraient tentées de suivre le même chemin. Avec un déploiement massif, Faidherbe décide de frapper un grand coup, avec 3200 hommes en caravane, l’artillerie et des chameaux fournis par Gandjol.
Cela parce que, selon M. Seck, «il a su bien tirer les leçons de la guerre contre Nguick». La confrontation se déroula du 4 au 12 mars 1858 et Niomré est complètement pris d’assaut par les forces françaises. Mais pour autant, les chefs de Niomré ne se laissent pas faire, car Faidherbe luimême avoue leur bravoure lorsqu’il dit dans son rapport sur l’expédition de Niomré que : «Des avis réitérés m’apprenaient que l’ennemi au lieu d’attendre simplement chez lui était décidé à nous attaquer en route et à nous empêcher d’arriver à Niomré par une guerre de chicane jour et nuit».
En effet, les soldats de Niomré savaient que la meilleure façon de se défendre, c’est d’attaquer. Donc, il ne fallait pas être attentiste. L’armée de Niomré ne cessait de gagner du terrain et Faidherbe se devait de réagir. Il mobilisa en plus de ce qu’il avait mobilisé les tirailleurs sénégalais, les spahis et un obusier pour les chasser des territoires conquis qui étaient au nombre de quatre petits villages autour de Nguick.
Galvanisé par l’envie de vaincre, Faidherbe brûle, successivement, Kanda, Diana, Guelerlou, Gana et Maka Biram. Les pertes en vies humaines étaient lourdes des deux côtés, mais le camp de Niomré en a payé le plus lourd tribut et parmi celui-ci le fils du chef de Niomré et d’autres personnalités de haut rang.
La solidarité des musulmans de Niomré, la véritable arme contre Faidherbe
Après la bataille, Louis Faidherbe était impressionné par la réaction de ses adversaires. Dans ses travaux, l'historien Ibrahima Seck a écrit ceci : «Nous passâmes, dit-il, une magnifique charge à fond sur les Njambur qui montrèrent un acharnement et un courage inouïe». Mais si le Njambur a réussi une telle prouesse, c’est parce qu’il y avait une très grande solidarité des musulmans de la localité. Cette solidarité peut s’expliquer par le fait que le Njambur était un foyer de ralliement permanent des communautés musulmanes reliées par une longue chaîne de solidarité religieuse, politique, économique et sociale. Il y avait aussi le fait que la grande majorité des dignitaires musulmans étaient presque tous sortis de l’école de Koki. Cette solidarité contribue à la cohésion de chaque société.
Pour la population de Niomré et de leurs alliés composés de Trarza et de Walo-Walo frustrés, la victoire fut plus évidente de leur côté que du côté du gouverneur. Car ce dernier n'a pas réussi à capturer ses ennemis. Mais la véritable raison de l'invasion de Faidherbe était motivée par la richesse du village, la sécurité et le respect des anciens.
Niomré était décrit comme étant le village le plus considéré de tous les villages environnants et habité par des marabouts et des cultivateurs qui jouissaient d’une grande réputation de bravoure. Cependant, Niomré était en passe de subir les dommages collatéraux de la bataille de Nguick. Son importance ne cessait de croître grâce aux marabouts qui s’étaient presque libérés du joug de l’aristocratie «Ceddo» à partir des revenus tirés de la culture de l’arachide. La présence des réfugiés Walo-Walo et du Trarzar était ainsi devenue un sérieux obstacle pour les Français pour conquérir cette manne financière.
Aussi, le chef de village, Serigne Thierno Lô, de relever la bravoure des habitants de Niomré. «Nos parents ont réussi à chasser les colonisateurs, car ils ne connaissaient pas la soumission. En combattant les Blancs, ils avaient la force numérique, mais nous étions soudés et unis pas un seul objectif. Malgré l'ardeur, le pays n'était pas réduit en cendres, nos parents ont survécu», raconte-t-il.
Flou autour de la bataille de Niomré qui a duré 8 jours
En ce qui concerne l'impact de la guerre dans le village, Serigne Thierno Lô explique : «Rien n’avait changé. Les gens avaient en effet la conviction que tout ce que ne les tue, les rend fort. Un habitant de Niomré ne change pas, il ne courbe pas l'échine, il est courageux, son abnégation et sa force de travail sont incommensurables».
Seulement, les circonstances de la bataille de Niomré, restent floues. Car Serigne Thierno Lô est convaincu de la défaite des colonisateurs qui se sont fait humilier. D'après les études de Ibrahima Seck doctorant à Et.Ho.S. à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Dakar, c’est bien Faidherbe qui a gagné cette bataille de Niomré qui a duré huit jours. Dans ses recherches, M. Seck est d’ailleurs revenu sur les vraies raisons de la confrontation. «L’atmosphère entre Faidherbe et les chefs musulmans de Niomré était devenue très délétère pour la simple raison qu'Ely, toujours réfugié dans le Njambur, a confié le jeune Sidiya Diop, héritier du Brack à Serigne Niomré, qui refuse de le rendre à son père, Chakoura, protégé de Faidherbe. Ce comportement était une manière de narguer le gouverneur et d’exacerber la tension qui était à son niveau maximal», écrit-il dans son mémoire.
Auparavant, le gouverneur avait envoyé une lettre à Serigne Niomré et à tous les gens du village pour attirer leur attention en ces termes : «Mon ami Damel a chassé du Cayor Ely Youga Fall et les bandits de leur parti. Vous autres vous le gardez chez vous. Rappelez-vous ce qui est arrivé à Nguick. Mais sachez que la seconde fois, on est plus sévère que la première. Vous serez responsable de tout ce qui arrivera». Ainsi d'après Ibrahima Seck, Serigne Niomré ne sembla pas accorder trop d’importance aux menaces de Faidherbe. Ce dernier qui ne veut pas trop vite aller en besogne en réagissant par les armes essaie de faire dans la diplomatie.
Selon le doctorant, Serigne Niomré envoya alors une délégation récupérer le jeune Sidiya Léon Diop (fils de Ndaté Yalla) et l’officier de spahis chargé de cette mission politique dans le Njambur fut fort mal reçu par les populations de Niomré et faillit même être massacré avec les quelques cavaliers qui l’accompagnaient. Cela pourrait signifier que les populations du Njambur, qui ont toujours refusé d’exécuter les ordres du pouvoir central, n’accepteront jamais de se conformer aux directives du gouverneur qui pourraient aboutir à l’annexion de leur pays.
La lettre salée de Serigne Niomré à Faidherbe
Lorsque le gouverneur Louis Faidherbe avait envoyé une délégation pour récupérer le jeune Sidiya Diop, Serigne Niomré, lui avait envoyé une correspondance pour refuser d'extrader le jeune brak héritier du Walo. Une lettre est reproduite dans le mémoire de M. Seck : «Louange à celui qui a dit : ne rendez un dépôt qu’à celui à qui il appartient. Salut de la part de Cheikh de Niomré, et de ses gens à l’émir de Saint- Louis. En réponse à votre lettre, nous vous faisons connaître que nous sommes des serviteurs de Dieu et que nous accordons notre appui à tout musulman et à tout malheureux qui l’implore. C’est là ce que Dieu nous a donné en héritage. Dieu nous a créés juste et nous secourons les malheureux à cause de Dieu le miséricordieux. Telle est notre constante habitude. Si le roi des Trarza et l’émir de Saint–Louis nous demandent d’agir contrairement à nos principes, c’est notre sang qu’ils nous demandent.
Sidiya est un dépôt. Et un dépôt ne doit être remis qu’à celui qui l’a confié. Quant à vos menaces de faire telle ou telle chose contre nous, laissez cela. Cela vaudra mieux pour vous et pour nous (sic)». Le refus de Serigne Niomré, au nom de l’hospitalité religieuse, d’extrader Ely et les autres, rend le gouverneur très furieux. Faidherbe décida d’agir afin de laver cet affront et de se conformer aux propos qu’il avait tenus à la population de Niomré. Dans le document que nous avons consulté, l'on peut lire ceci : «Celui qui sème récolte et chacun sera traité suivant ses oeuvres. Et moi, je n’oublierai jamais ni le bien ni le mal qu’on me fait». Pour joindre, l'acte à la parole, la confrontation fut lancée le 4 mars 1958.
Le cas Sidiya Léon Diop déclencha la bataille
Ce fut l’une des batailles les plus terribles que le Njambur n'ait jamais connue. L’heure était venue pour le gouverneur de montrer sa force de frappe et de prouver à ses adversaires qu’il ne se laisserait jamais humilier gratuitement et de donner une leçon aux populations autochtones qui seraient tentées de suivre le même chemin. Avec un déploiement massif, Faidherbe décide de frapper un grand coup, avec 3200 hommes en caravane, l’artillerie et des chameaux fournis par Gandjol.
Cela parce que, selon M. Seck, «il a su bien tirer les leçons de la guerre contre Nguick». La confrontation se déroula du 4 au 12 mars 1858 et Niomré est complètement pris d’assaut par les forces françaises. Mais pour autant, les chefs de Niomré ne se laissent pas faire, car Faidherbe luimême avoue leur bravoure lorsqu’il dit dans son rapport sur l’expédition de Niomré que : «Des avis réitérés m’apprenaient que l’ennemi au lieu d’attendre simplement chez lui était décidé à nous attaquer en route et à nous empêcher d’arriver à Niomré par une guerre de chicane jour et nuit».
En effet, les soldats de Niomré savaient que la meilleure façon de se défendre, c’est d’attaquer. Donc, il ne fallait pas être attentiste. L’armée de Niomré ne cessait de gagner du terrain et Faidherbe se devait de réagir. Il mobilisa en plus de ce qu’il avait mobilisé les tirailleurs sénégalais, les spahis et un obusier pour les chasser des territoires conquis qui étaient au nombre de quatre petits villages autour de Nguick.
Galvanisé par l’envie de vaincre, Faidherbe brûle, successivement, Kanda, Diana, Guelerlou, Gana et Maka Biram. Les pertes en vies humaines étaient lourdes des deux côtés, mais le camp de Niomré en a payé le plus lourd tribut et parmi celui-ci le fils du chef de Niomré et d’autres personnalités de haut rang.
La solidarité des musulmans de Niomré, la véritable arme contre Faidherbe
Après la bataille, Louis Faidherbe était impressionné par la réaction de ses adversaires. Dans ses travaux, l'historien Ibrahima Seck a écrit ceci : «Nous passâmes, dit-il, une magnifique charge à fond sur les Njambur qui montrèrent un acharnement et un courage inouïe». Mais si le Njambur a réussi une telle prouesse, c’est parce qu’il y avait une très grande solidarité des musulmans de la localité. Cette solidarité peut s’expliquer par le fait que le Njambur était un foyer de ralliement permanent des communautés musulmanes reliées par une longue chaîne de solidarité religieuse, politique, économique et sociale. Il y avait aussi le fait que la grande majorité des dignitaires musulmans étaient presque tous sortis de l’école de Koki. Cette solidarité contribue à la cohésion de chaque société.
Pour la population de Niomré et de leurs alliés composés de Trarza et de Walo-Walo frustrés, la victoire fut plus évidente de leur côté que du côté du gouverneur. Car ce dernier n'a pas réussi à capturer ses ennemis. Mais la véritable raison de l'invasion de Faidherbe était motivée par la richesse du village, la sécurité et le respect des anciens.