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‘’Histoire cachée’’ : Il y a 136 ans, le 17 janvier 1877, Sidya Diop fût jugé, condamné par un tribunal colonial et déporté au Gabon.

Mercredi 16 Janvier 2013

‘’Histoire cachée’’ :   Il y a 136 ans, le  17 janvier 1877, Sidya Diop  fût jugé, condamné par un tribunal colonial et déporté au Gabon.
Il y a lieu de s’insurger contre des ‘’ historiens malfrats’’, qui tentent de falsifier notre histoire par l’occultation et l’ensevelissement des œuvres de nos grands patriotes. Grand patriote, Sidya Diop dit Sidya Léon Diop, fait partie de ces figures historiques sénégalaises, africaines que d’aucuns ont tenté d’effacer de la mémoire collective, leurs œuvres. Nous disons ‘’histoire cachée’’, en ce sens, qu’à travers le Sénégal, aucune rue, aucune infrastructure, aucun programme d’histoire ne porte le nom de ce grand résistant.

Il ne s’agit pas de faire l’histoire pour l’histoire, ni de ‘’stigmatiser l’histoire’’. Il est question d’amener les uns et les autres à comprendre le comportement subliminal de Sidya Diop, de notre passé, pour mieux agir sur notre présent et notre futur.

En son temps, ‘’le poète-historien’’ était plutôt préoccupé à familiariser les sénégalais à ses propres ‘’héros’’, en ignorant royalement Sidya Diop. Contrairement à nos compatriotes historiens , tels que : El Hadji Amadou Sèye, Boubacar Mansour Aw, Mbenda Ndiaye Cissé, Amadou Amady Diop, Mamadou Gaye, Moussa Guèye, Papa Aldiouma Fall etc.

D’ailleurs, à partir de leurs études, une remarquable synthèse a été réalisée dans Wikipédia (1), sur ce grand disparu :

‘’ Sidya Diop était le fils de la reine Ndaté Yalla Mbodji et du Béthio (Gouverneur du Walo occidental) Sakoura Diop. Il fut, au même titre que Lat Dior, El Hadji Oumar Tall ou Alboury Ndiaye, l'un des plus grands résistants contre la colonisation au Sénégal, plus particulièrement au Waalo. Malgré cela il est beaucoup moins connu que les autres résistants contre la colonisation au Sénégal.

‘’ Sidya Diop naquit à Nder en 1848, où eut lieu le mardi 7 mars 1820, le grand suicide collectif des femmes de Nder, auquel sa grand-mère, Fatim Yamar Khouryaye Mbodj, a participé. Il naît deux ans après l'accès au trône de sa mère en 1846, à la mort de Ndjeumbeut. Sidya Diop appartenait à la lignée maternelle des Tédyek.

‘’ À l'âge de dix ans, Sidya Diop devenait l'héritier du trône au Waalo, mais, trop jeune pour régner, il fut écarté par les Français, et c'est le prince Loggar Fara Peinda Madiaw Khor Diaw qui sera installé comme Brak. Les partisans pour le règne du jeune Sidya entameront une lutte acharnée contre la décision des Français.

‘’Entre 1858 et 1859, date à laquelle le Waalo fut entièrement conquis, les Français entament une grande répression, plusieurs villages sont incendiés et plusieurs chefs locaux et résistants qui menaient la guérilla tels que Youga Faly ou Birane Gaye, seront tués ou envoyés en exil au Gabon. Soulignons que les villages de l'île de Dialang ou Dialagne furent brûlés, comme l'atteste la Revue maritime de l'AOF. Birane Gaye était un noble de cette contrée car étant un Diaadior. Un peu plus tard, tandis que le cousin de Sidya Diop, Ndiack Coumba Mbodji, a été désigné chef de canton de Nder par les colons dans le but de calmer les révoltes des partisans de Sidya Diop, celui-ci sera envoyé à Saint-Louis, à l'École des Otages des fils de chef, dans le but de l'assimiler à la culture française. Là-bas, Faidherbe en fit son fils adoptif. Sidya, après avoir été à Alger, au lycée impérial en 1861, revient à Saint-Louis, ou Faidherbe l'inscrit à l'école des Frères. Faidherbe le rebaptisa Sidya Léon Diop. Bon élève, il fut remarqué par son intelligence, son habilité pour les stratégies militaires. En effet il avait été nommé sous-lieutenant en 1868 à l'âge de 20 ans.

‘’Installé comme chef de canton à Nder, Sidya se rendit compte de la raison pour laquelle Faidherbe l'avait mis à l'École des otages, dans le but de tuer en lui toute volonté de résistance contre les colons. À partir de cette prise de conscience, il refuse de collecter les impôts, très élevés, auprès des habitants du canton, il organisa une scolarisation en masse au Waalo. Il commence également à nouer des liens avec plusieurs résistants de la localité. Mais un jour les princes du Waalo se réunirent pour une cérémonie royale à Mbilor. Sidya faisant partie de la noblesse s'y rendit. Arrivé à la cérémonie, le Gueweul Madiartel Dégueune Mbaye (griot) de la cour royale refusa de chanter les louanges de Sidya Diop, car pour celui-ci, il avait trahi les siens, car assimilé à la culture occidentale et portant des vêtements occidentaux. Cet événement réveilla pour toujours Sidya Diop, qui alla à la rivière où les Braks prennent leur bain royal, avant l'investiture. Il se fit tresser sa chevelure à la manière des Tiedos et renonça à jamais à l'administration coloniale française, ainsi qu'a tout ce qui s'y rattache, y compris la langue française. Après cela il fut reconnu par tous ses semblables Brak du Waalo, et fera tout pour libérer son royaume. Il rejoint la lutte de Lat-Dior du Cayor et de Amadou Cheikhou Ba, marabout toucouleur du Fouta. Il organisa, lui et ses Tiedos, une grande insurrection. Alliés à plusieurs résistants, ils combattent de façon très dure les colons. Il réussit à récupérer les provinces annexées. Les colons finirent par accepter Sidya Diop comme Chef Supérieur du Waalo, car la lutte était très éprouvante pour les Français. Cet événement permit également d'instaurer une dynamique, et de faciliter la lutte de Lat-Dior, qui était redevenu Damel du Cayor.

‘’Sidya Diop était désormais à la tête d'une puissante armée, reconnue par les colons dans leurs écrits comme puissante et efficace. Seules les villes de Richard-Toll, Dagana et Lampsar refusaient de se soumettre au nouveau Brak, et de rester du côté français. Yamar Mbodji, de la famille royale, Diooss organisa avec les Français une campagne contre Sidya Diop, et sont parvenus à organiser un coup d'État contre le Brak Sidya, qui, destitué par la force, se réfugia en Mauritanie auprès de son cousin Ely Ndjombött, roi du Trarza. Au Waalo, les colons reprirent les pillages, les incendies, les exécutions des partisans de Sidya. Du Trarza, Sidya envoya des lettres d'appel à l'aide, à Alboury Ndiaye roi du Djolof, et Lat-Dior, le 23 juin 1875 et le 12 juillet 1875.

‘’Lat-Dior Ngoné Latyr Diop était désormais l'allié des Français, en particulier du colonel Brière de l'Isle. Ensemble ils organiseront la capture de Sidya Diop. Lat-Dior répondit à l'appel de Sidya Diop, et lui envoya des troupes à Bangoye, mais il s'agissait en réalité d'un guet-apens. Sidya Diop s'y rendit seul avec son état major. Une fois arrivé, les troupes envoyées par Lat-Dior tuérent 12 de ses officiers dont le prince loggar Sayoo Yacine Pathé Mbodj capturèrent Sidya, le blessèrent et l'emmenèrent à Saint-Louis chez le gouverneur Valére, c'était le 21 décembre 1876. Trahi par Lat-Dior, Sidya à Saint-Louis sera jugé par un tribunal colonial le 17 janvier 1877. En février il sera déporté au Gabon dans un asile, sur une île nommée Neugé Neugé, en pleine forêt équatoriale, à l'âge de 28 ans. Là-bas, Sidya gagna la sympathie des officiers colons, qui décidèrent de le ramener au Sénégal, sous prétexte qu'il souffrait de maladie mentale. Il embarqua dans un bateau à destination de Dakar, mais une fois arrivé à Dakar, le gouverneur Brière de l'Isle refuse son retour et exige son renvoi immédiat au Gabon. Meurtri, sachant qu'il ne pourra plus retourner au Sénégal, son pays natal, Sidya Ndaté Yalla Diop se suicide en se tirant une balle au cœur, le soir du 26 juin 1877. Depuis 1996 le maire de la commune de Dagana ne cesse de demander aux autorités françaises et sénégalaises de procéder au rapatriement de son corps du Gabon au Sénégal’’.

Papa Adiouma Fall, dans une tribune du quotidien ‘’Le soleil’’ du Samedi 12 et dimanche 13 octobre 1985, rapporte le télégramme n° 99 du 15 décembre 1875, par lequel Bolignac, commandant à Richard Toll, transmettait la lettre de Lat Dior au Gouverneur de Saint-Louis : Voici le contenu : ‘’Le but de cette lettre est pour vous faire connaitre que Sidya est entre mes mains et je l’ai pris à Gouye Mbeuthe où je suis. Si vous le désirez, je vous le rends avec ses sujets qui sont avec lui ou si vous le voulez je vous le rends tout seul. Si Sidya s’y refuse, je le tuerai et vous porterai la tête et les jambes et je renverrai ses sujets dans le walo ou je ferai comme vous voudrez’’.

Sidya était d’origine féodale, mais sa vision patriotique prenait des longueurs sur celles de ses contemporains. Il lui était facile, étant ‘’fils’’ de Faidherbe, de servir comme supplétif au colonialiste et devenir gouverneur du Sénégal, à l’instar du Général Dodds, mulâtre né à Saint-Louis. Car des bacheliers, des sous-lieutenants, en 1868, ça ne courait pas les rues au Sénégal. Mais il a pris le parti d’être à coté de son peuple. Cheikh Anta Diop devrait être fier de Sidya, s’il a eu l’opportunité de le ‘’rencontrer’’ dans le cadre de ses recherches. Car il fut un précurseur en défense de nos langues en renonçant à pratiquer la langue française comme instrument de domination.

Donc, son attitude contredit cet adage selon lequel, s’agissant de ceux qui ont failli à leur devoir patriotique: ‘’ ils sont tous les mêmes’’. Non le Sénégal a eu de tout temps, d’ardents patriotes qui ont su choisir entre ce qui est bien ou mauvais pour leur peuple. C’est pourquoi nous nous devons, de les rendre hommage, à la dimension de leurs œuvres.

Bien vrai, par la bande, des autorités municipales d’un Département du Waalo avaient, à un moment donné, remis sur le tapis le problème du rapatriement de ses restes mortels, mais c’était de façon purement politicienne qu’autre chose. Et dans le quotidien walfadjri du 07 aout 2003, nous n’y avions pas dissimulé nos craintes en son temps. A-t-on entendu reparler de ce dossier par ce Maire (qui disait avoir localisé la tombe de Sidya Diop à Ningué-Ningué, au Gabon), lorsqu’i l a fait son entrée dans le gouvernement de Wade ? N’était-il pas plus outillé, à cette époque, de réaliser ‘’Son Projet’’ en tant que Ministre ?

Si certains ‘’historiens’’ rechignent de parler de cet officier sénégalais et par voie de conséquence à le cacher à notre vaillante jeunesse, c’est par ce que l’exemple qu’il symbolise gène beaucoup d’individus qui ont largué nos valeurs cardinales, hier comme aujourd’hui.

Dakar le 10 janvier 2013

Ababacar Fall-Barros

Ancien Conseiller Municipal Mermoz Sacré Cœur

Dakar.


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1.Posté par KANGUE le 17/01/2013 02:30
Je tiens a vous remercier pour cet article si informatif! Nous avons besoin de nou connaitre mieux et qui d'autres le fera autre que nous meme?
Tres apprecie, merci encore.

2.Posté par zoumba le 18/01/2013 19:01
Merci d'éclairer davantage sur la geste de Sidya Léon Diop, ce personnage dont l'histoire ne parle guère.
" Se taire, c'est aussi mentir" et "parfois se taire c'est pire que mentir"

3.Posté par Waalo-Waalo le 19/01/2013 16:17
Bravo Monsieur Ababacar Fall-Barros et merci beaucoup pour l'info

4.Posté par AMADOU BAKHAO DIAW le 19/01/2013 20:10

SYDYA NDATTE YALLA DIOP HEROS NATIONAL SENEGALAIS MECONNU






Spécimen de la signature du Prince SYDYA
Il y a 128 ans, le 26 Juin 1878 à 23 H 30, mourrait sur une île perdue , Nengué Nengué
au large du Gabon ,dans la moiteur tropicale, dans la solitude de l’exil , le prince Sydya Ndatté Yalla Diop. Il préféra mettre fin à ses jours que de subir cet exil sans fin, dans la forêt équatoriale gabonaise, loin des berges du Lac de Guiers, de la rivière Taouey, loin de son Walo, et du Sénégal, pour lesquels il a accepté le sacrifice suprême.
Né en 1848 à NDER, Sydya était le fils du Béthio Sakoura Diop et de la Linguère Ndatté Yalla Mbodj, il portait le, prénom du marabout maure de son pére. Sydya appartenait à l’une des trois lignées matrilinéaires qui permettaient d’accéder au trône du Walo, les Tediecks. Cette lignée maternelle des Tediecks a fourni les plus grands Bracks du walo ,dont Brack Ndiack Aram Bacar Mbodj ( qui conquit tout le pays wolof au milieu du 18éme siécle) ,Brack Yérim Mbagnick Aram Bacar et Brack Natogo Aram Bacar Mbodj.
Sa grand-mère maternelle la Linguére Fatim Yamar Khouryaye Mbodj préféra se brûler vive avec plusieurs de ses courtisanes ,lors de la prise de la capitale Nder par les maures, lors du célèbre Mardi du 5 Mars 1820 (Talatay Nder)
Sa mère la Linguére Ndatté Yalla Mbodj accédera au trône le 1er octobre 1846 , à la mort de sa grande soeur la Linguére Ndjeumbeut Mbodj ,quand Sydya avait 4 ans à l’époque. Elle entreprit une politique d’hostilité envers le comptoir colonial de Saint Louis, en revendiquant la possession de l’île de Sor que voulait annexer le Gouverneur Faidherbe.

Le 25 Février 1855, le gouverneur Faidherbe battît les troupes de la Linguére Ndatté Yalla à Diobouldou tout près de Nder et annexa le Walo comme possession française .Ce fut le début de la conquête française en Afrique noire
Trois ans après la conquête coloniale du Walo, par Faidherbe, les Tediecks et leurs partisans s’opposèrent, autour de la candidature de Sydya à la nomination par les français de Fara Penda Madyaw Khor Diaw comme chef supérieur du Walo.

En Octobre 1858 dés la fin des cérémonies de circoncision de Sydya, ses partisans s’insurgèrent et la révolte qui partit du village de Breune ,envahit tout le walo. Les colonnes militaires françaises du Gouverneur Faidherbe menèrent une féroce répression contre les populations, les villages furent incendiés, le bétail abattu.
Les insurgés walo walo furent vaincus, et à Rosso, devant la foule nombreuse réquisitionnée, les troupes françaises fusillèrent publiquement Youga Fally le chef de la révolte, ainsi que Madyaw Xor Ndiaye et Birane Gaye, les nommés Aly Thiam et Birane Sarr furent déportés en Côte d’Ivoire et Birane Thiam au Gabon.
Pour calmer les partisans de Sydya le Gouverneur Faidherbe créa une cinquième canton à Nder avec Sydya comme chef, mais administré provisoirement par Ndiack Coumba Mbodj son cousin. De force le gouverneur Faidherbe emmena le jeune Sydya à Saint- Louis à la gouvernance et en fit son fils adoptif.
Ainsi Sydya Ndate Yalla domicilié chez le gouverneur FAIDHERBE fut inscrit à l’école des otages .Excellent élève major de sa classe dans tout le cycle primaire, il fut envoyé au lycée impérial d’Alger en Avril 1861 afin de poursuivre ses études secondaires.
A son retour au Sénégal en 1863 Sydya suivit pendant quelques mois les cours de l’école des frères , et fut baptisé ayant pour parrain le gouverneur FAIDHERBE qui lui donna son deuxième prénom LEON .
En 1868 il reçut le brevet de sous lieutenant indigène au bataillon des tirailleurs sénégalais le décret qui le nomme est du 18 mai 1868 il fut l’un des premiers sénégalais à obtenir le grade d’officier.
La Colonie lui confia le commandement du canton de NDER Ne voulant pas être un relais docile de l’administration coloniale, il refusa d’appliquer les impôts injustes et essaya d’introduire de nouvelles spéculations agricoles ainsi que la scolarisation en masse dans le Walo.
Dans ce Waalo annexé et ruiné, son aristocratie déchue, ses populations en désarroi en proie à la famine et aux épidémies de fièvre jaune et de choléra ; un mouvement politico religieux inspiré par le marabout toucouleur Amadou Sheikhou BA de Ouro Madyou et dirigé localement par Amadou Mbodj Briok, Marabout à Doune Dialang (Lac de Guiers) gagnait chaque jour du terrain
Le marabout Amadou Sheikhou avait adressé un message aux populations de la Sénégambie présentant les épidémies de choléra et de fièvre jaune ,comme une malédiction due à la présence coloniale française. Seule une conversion massive des populations à l’ islam, passant par l’expulsion des francais du Sénégal pourrait apporter la clémence divine .La jihad qu’ Amadou Sheikhou proclamait eut un écho immense dans tous les royaumes du Nord sénégambien particulièrement au Walo , au Cayor et au Djolof . Sydya Ndaté accepta de suivre la lame de fond politico religieux qui secouait le Waalo
De façon solennelle devant une grande assemblée de dignitaires du Waalo et une foule nombreuse, il jeta dans la rivière TAOUEY tous ses habits et autres attributs européens. Il prit le bain rituel royal dans la rivière pour se rhabiller avec des tenues traditionnelles. Il jura de ne plus parler la langue des colonialistes le français
Ensuite il partit à TIANALDE se faire des tresses de ceddo. Ce sera le signal fort de sa dissidence de son refus de l’assimilation, du rôle sur mesure de chef nègre, de suppôt colonial ; les populations du Walo le proclamèrent Brack. En novembre 1869 L’insurrection dirigée par SYDYA fut générale au Waalo .Il rejoignit avec ses partisans la coalition de résistance antifrançaise composée des forces de Lat Dior et du Marabout Amadou Cheikhou BA.
Le Gouverneur Valère dans une dépêche du 17 décembre 1869 devait reconnaître l’échec de la domination française au Walo « Le Walo, tôt abandonné en lui même, s’est laissé insensiblement entraîné par d’habiles meneurs et n’attend qu’une occasion favorable pour secouer notre domination, et servir de trait d’union à nos ennemis du Kadyoor et du Fuuta tooro Déjà l’insubordination est à l’ordre du jour, tous les chefs qui sont pour nous sont abandonnés par leurs gens et un de cinq chefs de Cercle Léon Diop (Sydya) ,annonçant hautement son intention de redevenir seul maître du pays ,entretient au vu et au su de tous ceux qui sont encore soumis, des relations amicales avec Lat Dior pour agir ouvertement contre nous » dixit.

Tous les autres Chefs de cantons alliés aux autorités coloniales, Yoro Boly DIAW, le Djoos Yamar MBODJ , Samba DIENE , le DIiombanakh Yoro Altiné DIAW durent se réfugier dans les forts et garnisons français, assiégés par les insurgés dirigés par Sydya. Les troupes coloniales subirent de lourdes défaites au Waalo et au Cayor face à la coalition des troupes de Sydya, Lat Dior et du marabout Amadou Cheikhou BA.

Devant l’ampleur de la résistance, le Gouverneur Valère était forcé au compromis. Surtout avec la défaite en Europe des armées française du 2ème empire face à l’Allemagne Bismarckienne et à la chute de Napoléon III, et de l’avènement de la 3ème République, la France était plus préoccupée plus par une politique de redressement national interne ,que celle d’une expansion coloniale. Avec la réduction de la subvention métropolitaine à la colonie du Sénégal, le Gouverneur Valère n’avait plus les moyens financiers pour mener des expéditions militaires. Devant le nouveau rapport de force le Gouverneur se résolût d’accepter de reconnaître Lat Dior comme Damel du Cayor et de nommer Sydya comme Chef Supérieur du Waalo .
La nouvelle alliance de Sydya et du Damel Lat Dior avec les français, permit à ces derniers des actions militaires d’une extrême brutalité contre les partisans d’Amadou Cheikhou en brûlant, pillant, plusieurs villages de Tooro.
Mais malgré cette offensive coloniale française le Marabout Toucouleur consolidait et élargissait sa base politique dans toute la Sénégambie.

Il envahit en1873 le Djolof et le mouvement politico- religieux s’implanta rapidement et profondément dans le Ndiambour, le Waalo et au Cayor qui fut occupé en 1874.

Au Waalo Sydya le chef supérieur, dut se résoudre encore une fois à épouser les aspirations profondes des populations et rompit l’alliance avec les français.
Une levée en masse eut lieu, et au Waalo ;Sydya réoccupa tout le royaume sauf les postes militaires de Richard – Toll, Lampsar, Dagana.

En janvier 1875, Sydya fut destitué par le gouverneur Valère qui pour juguler la résistance au waalo nomma un nouveau Chef supérieur, le Djoos Yamar Mbodj qui échappera à une tentative d’assassinat à Ndiangué par le chef de guerre de Sydya le Dialigué Meissa Ndiaye.
Le Gouverneur renforça la garnison militaire de Richard- Toll, et arma tous les autres Chefs de Canton profrançais, pour qu’ils refoulent Sydya et ses partisans hors du Waalo. L’ancien Chef supérieur se replia en Mauritanie, chez son cousin maternel le roi du Trarza Ely, fils de sa tante la Linguére Ndjembeut, grande sœur de sa mère.
De la rive droite du fleuve Sydya mena plusieurs incursions au Waalo et réoccupa les Cantons de Nder et de Foss situés sur les deux rives du Lac de Guiers. Afin d’affaiblir le roi du Trarza qui, soutenait son cousin maternel Sydya, le Gouverneur arma des princes maures Trarzas, dissidents hostiles à Ely Ndjembeut pour les inciter à piller et à razzier les populations du Waalo.

Cette politique échoua, et devant les résistances des populations, l’administration coloniale envoya une puissante colonne expéditionnaire par voie fluviale et par route le 20 novembre 1875. Ainsi pendant un mois ;tout le Waalo fut mis à sac avec une politique systématique de confiscation, de destruction, de liquidation physique ; les Cantons de Nder et de Foss virent tous leurs villages incendiés .

Son alliance du Nord avec Ely Ndjembeut fragilisée, Sydya adressa des correspondances, des propositions de coalition à Alboury Ndiaye et à Lat Dior pour constituer un front commun contre la politique de conquête coloniale. (Voir en annexe les copies de lettres )

Lat Dior de connivence avec les français fit mine d’accepter la proposition d’alliance de Sydya. L’armée Waalo Waalo pressée de toutes parts par les troupes coloniales se dirigèrent vers le Cayor à la rencontre des troupes de Lat Dior pensant qu’elles sont ses alliées.
A Cayor, l’armée Waalo Waalo fut sciemment dispersée à travers plusieurs, puits très distants l’un de l’autre. Trahi, seul avec son état major au village de Banghoye, le 21 Décembre 1876 Sydya tombera dans un guet apens il sera blessé et fait prisonnier par les troupes de Lat Dior

Lors de sa capture par les forces de Lat Dior 12 membres de l’état major de SYDYA tomberont les armes à la main pendant les combats :


TITRES NOMS ET PRENOMS
LIEU D’ORIGINE
1.
Le Prince Loggar Sayoodo Yacine Paté MBODJE
Khouma
2.
Le Prince Loggar Mambodj Coumba Khonté MBODJE
Khouma
3.
Le Briok Naatogo Arame Soxna MBODJE
Khouma
4.
Le Riket Diaalo Aysé MBODJE
Mbilor

5.

Le dialigué Ngotty Ndiaye SALL Nder

6.

Le Dialigué Ndiack Wade Khary Massago SARR Nder

7.

Le Berlof Makoura Fabinta NIANG Ndiakhaye
8.

Birane Ngor Gamou DIOP
Mbilor
9.
Aly Badeigne SARR Syer
10.
Babacar DIAL Dagana
11.
Faly DIOP Ndiangué
12.
Amar GUEYE Guidick





Lat Dior va livrer Sydya blessé au Gouverneur Valère à Saint – Louis. Sydya sera jugé et condamné par un tribunal colonial à une peine de bannissement à perpétuité au Gabon à la séance du 17 Janvier 1876. Le 23 Février 1876 Sydya est déporté au Gabon
Jamais dans l’histoire des royaumes de la Sénégambie, un souverain local n’a osé refuser l’exil à un autre Chef déchu. Cette entorse à la tradition d’honneur et aux principes d’hospitalité et de droit d’asile par Lat Dior a été un fait sans précédent. Plus tard beaucoup de Djambour et de Diami Bour du Cayor lui en voudront pour cet acte.

Lat Dior lui même dans une correspondance ultérieure au Gouverneur en 1879 le reconnut. « J’ai fait beaucoup pour la France car c’est moi qui ai livré Sydya le Brac du Waalo , qui était le frère du roi du Trarzas et mon parent. J’ai fait cette mauvaise action pour plaire aux français et m’attirer leur protection. Ni le Tégne du Baol , ni aucun autre roi n’aurait voulu livrer Sydya ; car depuis cette époque je suis devenu l’ennemi d’Ely roi des trarzas et cependant l’amitié du Cayor et du Trarza existent depuis des siècles » dixit. Source de la lettre : Archives Nationales Françaises, section Outremer S1 dossier 66 b.Page 263 du livre (Conquête coloniale Pouvoir ceddo du Professeur d’histoire Mamadou DIOUF)

Le Gouverneur Valère à qui Lat Dior avait remis Siydya adressa une correspondance au Ministre des colonies en date du 20 Janvier 1876 relatant la capture. Cette lettre se passe de tout commentaire « Lat Dior reconnaissant de ce que nous avons faits pour lui me l’a fait conduire à Saint – Louis. C’est la première fois qu’on voit au Sénégal, un souverain en livrer volontairement un autre sur ordre du Gouverneur. Ce fait prouve l’importance que nous avons acquise sur les populations noires en particulier sur les Woloffs…
Je doit ajouter un grand nombres d’habitants ont été étonnés et mécontents de la conduite de Lat Dior et que celui - ci s’est fait des ennemis, s’est trouvé en butte aux réclamations et aux reproches de plusieurs de ses sujets. Pour avoir agi de la sorte il faut qu’il ait été poussé par un sentiment puissant, que nous ne pouvons attribuer qu’a la reconnaissance » dixit. Archives Nationales Françaises (SOM dossier 60b Valère au Ministre 20 janvier 1876. Page 269 du livre (Conquête coloniale Pouvoir ceddo du Professeur d’histoire Mamadou DIOUF).

Au Gabon le déporté Sydya réussit à gagner la sympathie des officiers français dont le Commandant Supérieur le capitaine de frégate CAUDIERE et le médecin chef BESTTION qui décidèrent de le renvoyer au Sénégal sous prétexte qu’il était atteint d’aliénation mentale et devrait être soigné à l’hôpital de Dakar.Il fut embarqué au bord du bateau le LOIRET à destination de Dakar .
Le LOIRET arrivé au large de Dakar, le gouverneur du Sénégal BRIERE DE L’SLE donna l’ordre de refuser tout débarquement à Sydya et son renvoi immédiat à son lieu d’exil au Gabon.

Désespéré de ne plus retourner au Sénégal Sydya se suicidera le 26 juin à 23 H 30 en se tirant une balle dans la région du cœur. (Voir acte de décés en annexe )

A cause du rôle joué par Lat Dior ,dans la capture de Sydya, une véritable conspiration du silence entoure l’histoire de Sydya ,de peur d’éclabousser l’image d’épinal du héros national. Sydya fut le premier nationaliste Sénégalais à cerner les enjeux de la colonisation car étant formé à l’école française.
Sidya avait dépassé le cadre du Waalo pour prêcher l’union du Djolof, du Fouta et du Cayor, bref du futur Sénégal pour constituer un bouclier contre la colonisation. IL ne s’est pas battu pour conserver son royaume, mais pour la Dignité de l’homme noir.

La jeunesse Sénégalaise informée, avec tous les démocrates et patriotes se chargeront de la réhabilitation historique du fils de la Linguère Ndatté Yalla.
Nous espérons que l’Etat Sénégalais dirigé par le Président Abdoulaye WADE homme épris de justice, redresseur de tort ne sera pas sourd à l’appel de tous les Waalo Waalo, de tous les Sénégalais, pour que les restes de Sydya soient solennellement rapatriés au Sénégal.
Ce sera l’occasion pour l’Armée nationale, de rendre hommage, à ce premier officier Sénégalais, à la Nation d’honorer ce héros inconnu. Les restes de Sydya pourront être inhumés sous le grand baobab de NDER à côté de ceux de son grand – mère, la martyre de Talatay Nder , la Linguère Fatime Yamar Khouriyaye.
La réhabilitation de la figure historique qui est Sydya, devra être le début d’une réécriture de notre histoire, loin des falsifications coloniales et néo-coloniales.
Sources documentation :
Tradition orale du Walo
Les livres
• « Le Kayoor au XIX éme siècle Pouvoir Ceddo et Conquête Coloniale » du professeur Mamadou DIOUF édition Karthala .
• « Le Royaume du Waalo » du professeur Boubacar BARRY
Archives Nationales du Sénégal












ANNEXES

Le 23 juin 1875
A Damel Lat Dior

Nous sommes en bonne santé et en paix et nous vous demandons aussi si vous etes comme nous. Le but de cette lettre est de vous faire connaître que n’avons ni la paix, ni la guerre avec les blancs.
Seulement, ce sont des ennemis pour les noirs ,ils veulent être maîtres de l’Afrique.Sachez que l’amitié qui existait entre nos grands pères, c’est nous qui devons la continuer pour arranger l’époque ou nous vivons , c'est-à-dire nous devons être qu’un seul n, s’il arrive une affaire à un de nous , nous nous prêtons secours mutuellement, soit en paix soit en guerre.
Il ne fa ut pas que le porteur de la lettre vienne chez moi , sans me porter la vraie vérité de chez vous ainsi que toute vos affaires.
Je voudrai que nos forces s’unifient en un front pour sortir les blancs der nos pays respectifs.
Quand à nous , nous vous tiendrons au courant de tout ce qui se passe chez nous
Signés
Sidya DIOP et Ely DJEUBATT




Le 23 Juin 1875
Sidya DIOP et Ely DJEUBATT
à
Demba WAR et ses frères
Nous sommes en bonne santé et en paix ; et nous vous demandons aussi si etes comme nous.Nous avons hérité de nos ancêtres une union pour consolider notre amitié pour faire face à l’ennemi commun.
C’est pour cela que nous devons nous unir et ne faire qu’un seul bloc pour que , quand un de nous aura une affaire , les autres viennent à son secours .
Nous voulons que nos deux peuples se coalisent en un front uni pour lutter contre les français qui veulent devenir maître chez nous.
Il faut que le porteur de la lettre retourne avec une réponse , afin que je sache votre point de vue sur cette décision qui doit être commune .
Signés
Sidya DIOP et Ely DJEUBATT



Lettre de Sidya DIOP et Ely adressée
à
Aly Boury NDIAYE du Djoloff

Le 12 juillet 1875

Nous nous portons bien et souhaitons que cette lettre vous trouve de même Comme nos ancêtres ne faisaient qu’un seul bloc entre eux , nous avons hérité cette union .
On vous prévient que les blancs ne sont avec nous ni en paix ni en guerre et qu’ils sont les ennemis de tous les noirs, n’ayant qu’un but,celui de dominer et d’envahir tous les peuples noirs .Nous voulons que nos deux forces s’unissent pour que demain , nous puissions lutter contre les français pour les chasser du territoire .
Nous voulons savoir vos intentions, afin de nous entendre sur toutes nos affaires, soit en paix ou en guerre, de ce fait chacun de nous n’ignore pas ce qui se passe chez l’autre.Tel est notre désir, il ne faut pas que le porteur de la lettre revienne sans nous apporter la vérité vraie sur ces idées qui doivent être communes.

Signés
Sidya DIOP et Ely DJEUBATT



Lettre de rappel de Sidya DIOP
à
Lat Dior, le 12 Juillet 1875

Le mobile de ma lettre est de vous rappeler les termes de celle du 23 Juin 1875 et vous rappeler ensuite que le fraternité qui a toujours existé entre nos grands parents , nous devons la maintenir et la consolider pour le bien de nos peuples.
Les blancs sont nos ennemis les plus redoutables et je n’entends pas laisser nos peuples à leur merci ; c’est pourquoi, je veux quitter mon pays et me rejoindre à vous pour qu’ensemble, nous formions un front de libération national, afin de mettre en déroute les envahisseurs français.
Espérant déjà une haute compréhension de votre part et de votre peuple , daignez recevoir mes chaleureuses et fraternelles salutations.
Signés
Sidya DIOP





Lettre de Al Boury NDIAYE du Djoloff adressée au Gouverneur de Saint Louis

Djioloff , le 14 juillet 1875

Al Boury NDIAYE du Djoloff

à Monsieur le Gouverneur

Le But de la présente lettre est de vous faire savoir que Sidiya DIOP m’a demandé d’habiter avec moi dans le Djioloff pour mieux se préparer contre vous . Je lui ai répondu que je n’ai jamais eu dans le monde un homme aussi bon pour moi que le Gouverneur ;et que si tout le monde se léguait contre le gouverneur , je ne pourrai jamais rien faire contre lui , que sa parole était ma parole ; et si vous etes comme moi, c’est bon , si non, je n’ai qu’un espoir , c’est le Gouverneur.
J’ai l’intention d’envoyer acheter du mil chez Abdoul Boubacar mais il y a beaucoup de calomniateurs qui pourraient me desservir comme ennemi auprès de vous.Mon pays est en famine.Cependant j’ai voulu vous avertir de mes intentions avant d’agir.
J’ai entendu qu’une armée vient m’attaquer, je me servirai des fusils et de la poudre s’il y a les moyens .Si vous m’en donnez ,c’est bon,si vous ne m’en donnez pas aussi ,c’est bon encore.
Al Boury NDIAYE du Djoloff























EXTRAIT DES REGITRES DES ACTES DE L’ETAT CIVIL DU GABON POUR
L’ANNEE 1878

Aujourd’hui VINGT HUIT JUIN MILLE HUIT CENT SOIXANTE DIX HUIT à neuf heures du matin :
Par devant nous ASSELIN François Jules Georges commis de la Marine remplissant au Gabon les fonctions d’Officier de l’Etat-civil ont comparu les sieurs Saint-Yves Léopold CESAIRE âgé de quarante trois ans traitant domicilé à Nengué Nengué Gabon et Bernard ANGEMBE âgé de vingt huit ans , garçon de bureau domicilié au Gabon, lesquels nous ont déclaré que sieur Sidiya Léon DIOP âgé de trente ans sénégalais fils de Sakoura MBARKA chef du Ross et Ndaté Yalla Reine du Walo domicilié à Nengué Nengué Gabon est décédé au dit lieu le vingt six juin 1878 à onze heures et demie du soir (23 H 30).
En foi de quoi nous avons adressé par duplicata, le présent acte que les témoins ont signé avec nous après lecture faite.
L’Officier d’Etat –Civil ASSELIN

Les Témoins :
• Saint-Yves Léopold CESAIRE
• Bernard ANGEMBE
Vu pour la législation de la signature de Monsieur ASSELIN, Commis de Marine faisant fonction d’Officier de l’Etat-civil.

Vu pour la législation de la signature de Monsieur le Secrétaire Colonial.

Le Comandant Supérieur du Gabon par Intérim.









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