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L’eau ne doit pas être un luxe ! Par Idrissa Abdoul KANE

Dimanche 22 Mars 2015

L’eau ne doit pas être un luxe ! Par Idrissa Abdoul KANE
Aujourd’hui encore, journée mondiale de l’eau, comme tous les jours, ELLE ira tôt le matin, aux premières lueurs du Soleil, à la recherche du liquide « précieux ». On ne sait pas à quelle heure elle sera de retour ; tout au moins l’on sait que ce ne sera pas avant le crépuscule,  et qu’ELLE ne sera pas seule sur le chemin de la galère long d’au moins 10 km. ELLE n’ira pas à l’école faute d’eau !

 ELLE habite dans une zone désertique communément appelé le Diéry : là où la nappe est trop profonde, les forages rares, les robinets presqu’inexistants mais surtout là où les quelques forages fonctionnels ferment pendant l’hivernage. Quoi de plus rationnel ! Ici les forages sont faits pour le bétail et non pour l’homme.  Ici, ce sont les bêtes qui payent le carburant. A la première goutte de pluie, pendant l’hivernage, période faste, le forage n’a plus d’utilité pour elles (les bêtes), les mares d’eau leur servent d’abreuvoir.  Alors pourquoi continueraient-elles à payer pour un service qu’elles peuvent avoir gratis ailleurs ? Dépendance énergétique,  Logique économique pour des êtres irrationnels ! Le soleil nous brûle en même temps que le Pétrole troue nos proches !

En attendant que la nappe de Masdar City (Arabie Saoudite) si aride n’étanche la soif des peuples  du Diéry, ELLE fera ce chemin tous les jours sachant que la goutte de sueur sur le front de son père reste plus familière pour ELLE que les sachets plastiques dans les rue de Dakar.

En attendant que l’Etat du Sénégal ne prenne la résolution d’interdire aux pommeaux des douches de Saly Portudal d’avoir un débit supérieur à huit litre pas minute ; ELLE, si éloignée des marchés de légume, n’aura pas une alimentation diversifiées. Demandez à son père de mettre un petit jardin d’arrière-cours, il vous dira que sa préoccupation première c’est d’arroser les « ventres de sa progéniture ».

En attendant que le Soleil brulant de Mbélogne n’alimente les installations solaires de la Sibérie ;  ELLE  ne se préoccupera que peu de son Hygiène. Demandez à sa maman de se laver les mains avant de s’occuper de l’alimentation du dernier venu, elle vous dira que si on reste trois jours sans boire, on ne gaspille pas l’eau pour de simples microbes. Elle ajoutera même qu’ELLE a grandi dans ces conditions !

Tournez-vous du côté du Walo, le long du fleuve Sénégal, on vous dira : circulez ! Il n’y en  rien à voir ; l’eau est ici en abondance. ELLE a moins de chance que LUI pense-t-on. Ici l’eau est portable partout mais rarement potable ! Tout au plus, LUI boit l’eau du robinet mais se lave toujours dans les antres du fleuve, faute d’eau ! Dépendance énergétique, logique économique ! Le Soleil nous brule pendant que le Pétrole nous tue.

 En attendant les sortants de l’Ecole Inter-états des Techniciens Supérieurs de l’Hydraulique de Ouaga, Lui sera permanemment sous traitement praziquantel, ce comprimé à 400 balles. LUI, comme ses camarades ont toujours la bilharziose.

En attendant de redéfinir notre relation avec le Soleil, nos alliés les arbres sont en train, un à un de foutre le camp ; la pluie les suivra immanquablement.

Mais surtout, en attendant le TOUT, la Malnutrition élira domicile ! Elle est la bienvenue, même si c’est un blasphème que de le dire. Là où l’hygiène est impossible, l’eau plus que jamais un luxe. Là où la période de soudure arrache aux populations au moins 03 mois de l’année, sans contestation, sans véritable résilience. Là ou l’accès aux soins pour une simple consultation prénatale coûte 50 km de route en charrette et le bilan de grossesse 02 jours de voyages ; là, la  Malnutrition est la bienvenue NON ?

En attendant, ELLE, porteuse d’eau,  grandira ainsi, se mariera ainsi, sa fille aussi peut être ? ELLE ne rêvera pas de chasse d’eau à double poignets : eau chaude où tiède s’il vous plait Madame!

En attendant ELLE ne participera au débat des milliards, ne suivra pas la propagande des politiques pour le parti au pouvoir, ELLE ne manifestera pas non pour l’Opposition.

Tout au plus, au bord de son sommeil de femme exténuée, tard dans la nuit,  entendra-t-elle, à la Radio Gaynako, la voix du Chef, le Grand Chef exprimant sa volonté inamovible de lui faciliter sa vie. Alors, ELLE implorera Allah, ou Neptune ou Poséidon, qu’importe pourvu que l’EAU soit là ! ELLE s’endormira forcément, en attendant … DEMAIN !
Journée mondiale de l’eau dites-vous ! En attendant, j’aurai pu vous parler de la soif des réfugiés Syriens, là bas le Pétrole les tue autrement.

J’aurai pu vous parler des intempéries de  la Pyrénées Orientales ou des tempêtes de neige aux USA mais ceux là ont des voix ! J’aurai pu parler des inondations à Jiddah Thiaroye KAW !

En attendant DEMAIN j’ai préféré m’adresser aux dieux de l’Eau qui pèchent par carence plutôt qu’à ceux qui pèchent par excès parce l’Eau ne doit pas être un luxe.
 
Idrissa Abdoul KANE
Ouvrier du Développement


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