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LE NAIN BOITEUX (10)

Samedi 13 Avril 2013


Hein…Euh…Si…Non…Enfin…C'est-à-dire que…. » bafouilla piteusement Fadel dont les oreilles s’étaient mises soudain à siffler.

« Ecoutez jeune homme… » poursuivit le nain « Nous ne parlons sans doute pas de la même personne et vous vous êtes certainement trompé d’adresse ; mais qu’à cela ne tienne, je vous comprends et bien que je trouve tout à fait cavalière cette façon de s’introduire si nuitamment chez les gens, je vais quand même vous faire la faveur d’entrer dans cette chambre afin que vous vous rendiez compte vous-même de votre grossière erreur…Cela vous va-t-il comme cela ?... »
« Euh…Oui…Oui….bien sûr…. » bredouilla Fadel qui se sentait pris au piège comme un rat dans une souricière. Poussé par une force irrésistible, le jeune homme pénétra à l’intérieur de la chambre au milieu de laquelle se tenait debout Ndiaga Niaaw qui paraissait maintenant avoir la taille d’un géant à ses yeux. D’un geste péremptoire de sa main valide, le nain désigna à Fadel le grand lit conjugal où était couchée sa chère Coumba. Vêtue de sa belle chemise de nuit en soie bleue, l’adorable jeune fille dormait paisiblement et un léger sourire flottait sur ses lèvres vermeilles. Se croyant victime d’une hallucination, Fadel fit encore deux pas en avant et, instinctivement, se frotta les yeux, complètement sonné par ce tableau ahurissant. « Salope !...Garce !... » grommela t-il alors entre ses dents.


« Que dites vous jeune homme ?... » interrogea d’une voix sourde, presque menaçante, le nain qui fusilla Fadel du regard. Celui-ci sentit ses jambes vaciller et fut soudain pris d’une violente envie d’uriner. Il dut faire un effort surhumain pour ne pas s’évanouir.

« Euh…Rien….Je….Je n’ai rien dit…. » mentit-il sans vergogne. « Est-ce la jeune fille que vous cherchez oui ou non ?... ».

La question avait claqué, abrupte, sèche comme un coup de fouet. Affolé, poussé dans ses derniers retranchements, Fadel se mit à bégayer de plus belle :

« Euh…Oui…C'est-à-dire…Non…Je me…Je me suis trompé…Ce n’est pas…Ce n’est pas elle… Je m’excuse…Je vous…Je vous demande bien…bien pardon….Tonton… »

« A la bonne heure ! », conclut alors Ndiaga Niaaw d’une voix où perçait une mordante ironie « Eh bien, mon cher, je crois que vous allez maintenant pouvoir repartit le cœur en paix, n’est-ce pas ?.... ». Et disant cela, il tendit de nouveau son bras valide, pointant le doigt vers la porte d’entrée de la chambre à coucher.


Vaincu, la gorge sèche, le corps inondé de sueur et sentant le sol se dérober sous ses pieds, Fadel battit en retraite, marchant à reculons pour sortir de la chambre du couple.

Dès qu’il eut mis le pied dehors, il trébucha sur un gros caillou mais se raccrocha de justesse aux branches salutaires d’un arbuste qui poussait par là. Un gros sanglot, tout pareil au râle d’un animal blessé fusa alors de sa poitrine oppressée. Tout à coup, sans mobile apparent, il détala comme un lièvre et se mit à courir droit devant lui, sans se retourner… (à suivre…)