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LE NAIN BOITEUX (suite et fin)

Samedi 20 Avril 2013


Bien des années plus tard, Ndiaga Niaaw devint le premier maire de Pikine dont la population avait littéralement explosé et que l’on avait fini par ériger en commune de plein exercice. Sa générosité, devenue proverbiale, et ses largesses dont profitait tout le quartier avaient fait de lui un homme très populaire et réellement respecté, pour ne pas dire adulé. Il ne serait jamais venu à l’idée de quiconque de se moquer de lui ou de le mépriser à cause de son infirmité à laquelle tout le monde avait fini par s’habituer.

A la grande mosquée qu’il avait agrandie et dont il avait fait un véritable bijou, les fidèles ne cessaient de le bénir et de formuler des prières pour lui et sa famille. Il avait également fait construire un dispensaire ultramoderne et plusieurs écoles bien équipées, installé des bornes-fontaines un peu partout et ses bienfaits ne se comptaient plus. Dans tout Pikine on ne jurait par lui, au point qu’était dvenue courante l’expression « être généreux comme Ndiaga Niaaw »…

Quant à Coumba Sakhanokho son épouse, la belle et douce Coumba, elle était à présent une femme épanouie qui avait donné à son mari plusieurs enfants en bonne santé et parfaitement normaux. Ndiaga Niaaw avait bâti pour elle et ses enfants une superbe maison au bord du fleuve, un véritable palais des mille et une nuits qui était sans aucun doute la plus belle demeure de Pikine et peut-être même de tout Ndar-Gééj. Le nain couvrait de cadeaux son épouse adorée et rien n’était trop beau à ses yeux pour faire plaisir à celle qui lui avait fait découvrir ce qu’il y a de plus précieux dans la vie : le bonheur. Tout le monde s’étonnait de miracle et s’extasiait de voir une telle harmonie régner chez ce couple pourtant si dissemblable, si mal assorti. Mais pour Coumba Sira, il n’y avait aucun secret, aucun mystère autour de cette belle réussite conjugale.

Elle avait depuis longtemps cessé de voir en Ndiaga Niaaw un être contrefait car c’est avec les yeux du cœur qu’elle le regardait à présent. Derrière le voile trompeur de l’apparence se trouve la réalité des choses cachées, le « bâtine », véritable essence spirituelle que seules parviennent à percevoir les âmes pures. Coumba Sira avait compris que tout ce que l’on avait jadis raconté au sujet de son cher mari n’était que médisance, jalousie et méchanceté. Elle avait compris que derrière l’apparente laideur de Ndiaga Niaaw se tenait en réalité une grande âme, un homme au cœur d’or, sensible, généreux, courageux, digne. Un homme qui méritait pleinement sa tendresse, son amour et son respect.