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La philosophie en crise dans le système éducatif sénégalais ; le Pr Alpha SY veut y remédier à travers son nouvel ouvrage.

Vendredi 30 Octobre 2015

La philosophie a une spécificité, c'est qu'elle est toujours en crise, elle nous interroge toujours. Mais comment préciser ou comprendre cette crise ? Qui est en cause, qu'est-ce qui est en cause ; une approche systémique permet de panser les maux afin de comprendre et permettre aux élèves, aux professeurs et amateurs de 'acquérir les rudiments de l'existence.

Bien philosopher c'est pour bien vivre diraient certains.
Notre ami le philosophe, l'acteur social, le citoyen engagé, l'animateur de café-philo, l'écrivain, le polymathe Alpha SY, nous revient avec un "ouvrage remède" e pour nous éclairer. Je vous invite à le lire ici en apéritif avant de découvrir son ouvrage bientôt dans les librairies.
A l'écoute de Alpha SY


La philosophie en crise dans le système éducatif sénégalais ; le Pr Alpha SY veut y remédier à travers son nouvel ouvrage

- Vous venez de publier encore une fois un ouvrage « remède » sur la Philosophie. Est-ce à dire qu'il y a une vraie crise de l'enseignement de la philosophie au Sénégal ou des enseignants au Sénégal ?

Depuis au moins trois mois, la crise de l'enseignement de la philosophie est établie au Sénégal. Cette date renvoie aux résultats enregistrés lors du concours général sénégalais : mes compatriotes ont su mesurer l'ampleur du problème en apprenant l'inexistence de citation pour cette discipline. Autrement dit, aucun des candidats n'a su avoir la note de 12/20. Jusqu'ici, le fait que les élèves aient de mauvaises notes en philo semblait, à tort ou à raison, participer de l'ordre normal des choses. Et dans cette situation des plus alarmantes ce qui ressort c'est la crise, à la fois, du système éducatif sénégalais et de l'enseignement de la philosophie. Je renvoie au livre pour les facteurs qui, selon moi, sont à la base de cette situation.

Et votre ouvrage résulte du diagnostic de cette situation ?

Je rappelle d'abord qu'à plusieurs occasions j'ai eu à me soucier du sort de notre discipline et à proposer des pistes de réflexion. Ces idées - demeurées jusqu'ici sans écho - j'ai eu à les partager avec mes pairs du Centre Régional de Formation des Personnels de l'Education, avec mes jeunes et dynamiques collègues professeurs de philosophie des régions nord du Sénégal. Elles ont aussi été systématisées dans ma communication, présentée à Stuttgart, à la Conférence internationale « Socialisation-Éducation- Formation », organisée, en juin 2012, par la Stiftung Wissensraum Europa – Mittelmeer (WEM) e.V. en coopération avec le Département d'Allgemeine Paedagogik, Karlsruher Institut für Technologie (KIT).

Le nouveau pas que je viens de franchir est de proposer un support didactique à l'usage des professeurs de philosophie et des candidats au bac. Ce document me semble d'autant plus important- sous réserve de l'avis plus objectif des experts et des lecteurs - que depuis l'africanisation des programmes, fin des années 1970, il existe un véritable déficit de manuels de philosophie. Je viens m'inscrire dans la même perspective que Mme Ramatoulaye Diagne, Mamadou Mbodj et Momar Lissa Fall qui ont déjà consenti de sérieux efforts dans ce sens.

- Je reviens sur une critique que vous faites dans votre ouvrage : « Confronté à ce flux démographique scolaire, l'Autorité s'est confinée à recruter des professeurs dont la plupart, pas plus qu'ils ne maîtrisent les contenus, n'ont bénéficié d'aucune formation pédagogique – Cette lacune est gravement accentuée par le fait que rares sont les établissements dotés de bibliothèques, à fortiori de médiathèques. Quant à la connexion internet, elle reste aujourd'hui encore un luxe dans des localités ou la rareté des ordinateurs rivalise avec l'irrégularité de la fourniture en électricité »

Paradoxalement, le Sénégal d'aujourd'hui souffre terriblement de la politique d'implantation des collèges de proximité. Si l'idée en soi est excellente en ce qu'elle participe à sortir des milliers d'enfants de l'obscurantisme, il reste que sa mise en œuvre a généré de réelles difficultés. Au nombre desquelles, le passage des collèges de proximité aux lycées sans s'assurer des conditions de possibilités : classe physique obsolète voire inexistante, personnel enseignant insuffisant. La mise à profit la plus rationnelle possible des technologies est fortement hypothéquée par l'irrégularité de la fourniture en électricité dans les zones les plus déshéritées. Cela prouve, si besoin en est, que le développement s'il n'est pas pensé globalement reste chimérique car délesté du Projet.


Est- ce la raison par laquelle vous avez tant insisté sur le Projet et l'éthique ?


Et là vous touchez du doigt cette question, à mes yeux, essentielle : l'enjeu de l'enseignement de la philosophie déborde de loin le cadre académique pour revêtir un cachet, disons citoyen. L'une des urgences dans ce monde nôtre où le soleil ne cesse de pâlir est d'apprendre ou alors de réapprendre à créer les conditions d'une reprise en main de l'humaine destinée. Cet impératif se décline essentiellement en termes de réhabilitation et de revalorisation de l'acte de penser, avec les immenses perspectives qu'il ouvre dans l'axe de l'épanouissement intégral de l'Homme.
Penser, c'est s'éloigner de l'animalité dont l'empire de prédilection est l'immédiateté. Du coup, l'homme s'insère dans la temporalité. Et, en toute rigueur, conscient de sa finitude, fort de son passé et édifié sur son présent, il se projette en toute connaissance de cause dans le futur. Et cette perspective, là où elle est de rigueur, articule rationalité, éthique et sens de l'altérité. Elle met en demeure l'homme de tenir compte, dans ses moindres actes d'aujourd'hui, des intérêts fondamentaux et des droits inaliénables à une vie de qualité des générations à venir.


Vous avez aussi ne serait qu'en filigrane parler de la mort de la philosophie ?


Préoccupation essentielle pour mes principaux lecteurs qui en sont certainement à se demander quelle lecture faire de ce déconcertant constat de Karl Jaspers : « Concernant la philosophie, on n'est d'accord ni sur ce qu'elle est ni sur ce qu'elle vaut». Il est de la question de la mort de la philosophie comme de celle de la mort des idéologies. Il s'agit de dévaloriser l'acte de penser pour s'occuper de qui est dit essentiel et concret. Or, depuis Hegel au moins on sait que le Vrai est Tout, un Tout qui tient sa vérité dans le mouvement. C'est là une méprise d'autant plus dangereuse que ceux qui diffusent ces théories eux-mêmes ne cessent d'avoir recours à la réflexion et à la spéculation positive pour élaborer des stratégies de domination. La première version de l'anthropologie américaine n'a- t- elle pas débouché sur la théorie du rattrapage et la problématique du transfert des technologies ? De l'infléchissement de la théorie des arcs culturels cher à Ruth Benedict a résulté le gap approach courant idéologique ayant accompagné et légitimé la démocratisation. Autrement dit, par le recours à la pensée, les autres ont la latitude de dire ce qui est bien pour les Africains. Par conséquent, l'enjeu de la philosophie est aussi dans une réappropriation de cette thèse chère à Senghor : « penser par nous-mêmes et pour nous-mêmes ».


-Votre ouvrage comme toute votre bibliographie est opportune et renseigne beaucoup, mais je pense qu'il aurait été souhaitable de parler des autres pratiques à visée philosophiques comme sources d'information : café philo, la nuit de la philo avec l'Institut Français de Saint-Louis (bibliothèque, revue de presses, multimédias, théâtre, musique, etc), sans oublier le fait d'initier de façon précoce les tout petits aux questionnements ou à la maïeutique.


Des questions d'un enjeu indéniable. Mais faute de ne pouvoir tout faire, l'on est mis en demeure d'opérer des choix. Au demeurant, j'ai ouvert bien des portes par un exposé critique de bien des versions de l'eurocentrisme avec le chapitre De la philosophie ou des philosophies ? Nous pourrons en reparler en d'autres occasions.


- Cher alpha Sy, il me reste à vous remercier pour le travail monumental que « tu » déploies pour l'accès à la pensée critique, à un enseignement de qualité pour la formation du citoyen libre et capable de choisir en connaissance de cause. Il faut continuer dans cette voie ou ouvrir les portes de champs gigantesque qu'est la philosophie en n'oubliant surtout pas les philosophies, arabes, la patrologie ( Clément d'Alexandrie, Origène, etc. )
C'est à moi de vous remercier et pour ce travail de presse remarquable et pour votre promptitude à participer aux Nuits de la philosophie régulièrement organisées par l'Institut français de Saint-Louis du Sénégal.


http://www.ichrono.info/index.php/blog/item/1555-la-philosophie-en-crise-dans-le-systeme-educatif-senegalais-le-pr-alpha-sy-veut-y-remedier-a-travers-son-nouvel-ouvrage-a-paraitre-bientot
 


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1.Posté par CISSOKO le 02/11/2015 13:46 | Alerter
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bravo c'est un grand Monsieur de la culture et de l'ouverture d'esprit Il aime partager donner et inculquer A suivre

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