Des concerts, des master-classes et des jam-sessions: pendant près d'une semaine, Saint-Louis, ville historique du Sénégal, bat au rythme de son 27e festival de jazz, un événement menacé par des problèmes financiers, sur une île elle-même attaquée par l'érosion côtière.
Dans les rues ensablées, l'atmosphère est fébrile. Sur la place Faidherbe, au coeur de la ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco pour son architecture coloniale française, les accords de répétition générale se mêlent au bruissement du trafic, au concert des klaxons et à la mélopée des vendeurs ambulants.
Le festival s'est ouvert le 26 avril et s'achèvera le 30, par un concert du pianiste français Lorenzo Naccarato. Cette édition, placée sous le sceau de la parité avec une majorité d'artistes féminines, a pourtant bien failli ne jamais voir le jour.
"Cette année a été compliquée", reconnaît Birame Seck, responsable de la programmation du festival: "Il y a eu des tensions de trésorerie terribles". Certains partenaires historiques du festival ont retiré leurs financements. "Un mois avant le lancement, on ne savait toujours pas si le festival allait avoir lieu", soupire M. Seck. "On a perdu beaucoup d'artistes pourtant programmés à cause de ce flottement".
Quand, vers minuit, résonnent les dernières notes du concert place Faidherbe, le "off" bat son plein. Il n'est alors pas un bar, pas une discothèque ni un restaurant qui ne produise des talents venus de tout le Sénégal.
"Dans le off, on voit nos artistes émerger", se réjouit David Lapolice, originaire de Saint-Louis. Fou de jazz, le jeune homme y revient tous les ans pour le festival. "On peut les voir, prendre des photos avec eux, communiquer, échanger. Je ne manquerais ça pour rien au monde", assure le jeune consultant économique.
- Rendez-vous immanquable -
"Si le festival disparaît, ce serait la fin d'un événement culturel majeur, qui donne une voix aux artistes sénégalais et africains", estime Christine Traoré, jeune consultante indépendante venue spécialement de Dakar pour la troisième année d'affilée.
"Saint-Louis, c'est le jazz, et le jazz, c'est Saint-Louis", résume Malick Sall, Saint-Louisien qui ne compte plus le nombre de festivals à son actif. Ce jeune professeur est cependant soucieux. "Tout est en péril ici: la musique comme la lagune. Il faut protéger Saint-Louis, comme son festival".
Edifiée sur une île à l'embouchure du fleuve Sénégal, à 260 km au nord de la capitale Dakar, et menacée par l’érosion côtière, Saint-Louis pourrait disparaître sous les assauts de l'océan Atlantique. Quelque 200 familles ont déjà été contraintes de déménager. A terme, "plus de 10.000 personnes devront être relogées", indiquait en 2018 à l'AFP Louise Cord, la directrice des opérations de la Banque mondiale au Sénégal.
Sans compter que le patrimoine architectural de la ville, insuffisamment entretenu, est en déclin.
Ce péril annoncé n'empêche pas des centaines d'amoureux de la note bleue d'affluer, à la nuit tombée, sur la place Faidherbe. Deux semaines avant le concert inaugural, tous les hôtels de la ville affichaient déjà complet. Selon les organisateurs, le festival a attiré 92.000 visiteurs d'une trentaine de pays en 2018.
Cette année, les festivaliers ont découvert Manou Gallo, bassiste ivoirienne qui a régalé l'assistance de sa virtuosité audacieuse et de sa voix puissante. "Elle est fantastique", se réjouit Fatou Diop, étudiante Saint-Louisienne. "C'est encourageant de voir toutes ces femmes africaines dans la programmation. C'est un signal fort pour les femmes, et pour l'Afrique".
Birame Seck, le programmateur, veut croire en l'avenir du festival malgré les problèmes. "Tous les ans, on a des difficultés, mais on réussit à faire le festival malgré tout. C'est un rendez-vous immanquable et une véritable aubaine économique pour Saint-Louis".
Par Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
TV5 MONDE
Dans les rues ensablées, l'atmosphère est fébrile. Sur la place Faidherbe, au coeur de la ville classée au patrimoine mondial de l'Unesco pour son architecture coloniale française, les accords de répétition générale se mêlent au bruissement du trafic, au concert des klaxons et à la mélopée des vendeurs ambulants.
Le festival s'est ouvert le 26 avril et s'achèvera le 30, par un concert du pianiste français Lorenzo Naccarato. Cette édition, placée sous le sceau de la parité avec une majorité d'artistes féminines, a pourtant bien failli ne jamais voir le jour.
"Cette année a été compliquée", reconnaît Birame Seck, responsable de la programmation du festival: "Il y a eu des tensions de trésorerie terribles". Certains partenaires historiques du festival ont retiré leurs financements. "Un mois avant le lancement, on ne savait toujours pas si le festival allait avoir lieu", soupire M. Seck. "On a perdu beaucoup d'artistes pourtant programmés à cause de ce flottement".
Quand, vers minuit, résonnent les dernières notes du concert place Faidherbe, le "off" bat son plein. Il n'est alors pas un bar, pas une discothèque ni un restaurant qui ne produise des talents venus de tout le Sénégal.
"Dans le off, on voit nos artistes émerger", se réjouit David Lapolice, originaire de Saint-Louis. Fou de jazz, le jeune homme y revient tous les ans pour le festival. "On peut les voir, prendre des photos avec eux, communiquer, échanger. Je ne manquerais ça pour rien au monde", assure le jeune consultant économique.
- Rendez-vous immanquable -
"Si le festival disparaît, ce serait la fin d'un événement culturel majeur, qui donne une voix aux artistes sénégalais et africains", estime Christine Traoré, jeune consultante indépendante venue spécialement de Dakar pour la troisième année d'affilée.
"Saint-Louis, c'est le jazz, et le jazz, c'est Saint-Louis", résume Malick Sall, Saint-Louisien qui ne compte plus le nombre de festivals à son actif. Ce jeune professeur est cependant soucieux. "Tout est en péril ici: la musique comme la lagune. Il faut protéger Saint-Louis, comme son festival".
Edifiée sur une île à l'embouchure du fleuve Sénégal, à 260 km au nord de la capitale Dakar, et menacée par l’érosion côtière, Saint-Louis pourrait disparaître sous les assauts de l'océan Atlantique. Quelque 200 familles ont déjà été contraintes de déménager. A terme, "plus de 10.000 personnes devront être relogées", indiquait en 2018 à l'AFP Louise Cord, la directrice des opérations de la Banque mondiale au Sénégal.
Sans compter que le patrimoine architectural de la ville, insuffisamment entretenu, est en déclin.
Ce péril annoncé n'empêche pas des centaines d'amoureux de la note bleue d'affluer, à la nuit tombée, sur la place Faidherbe. Deux semaines avant le concert inaugural, tous les hôtels de la ville affichaient déjà complet. Selon les organisateurs, le festival a attiré 92.000 visiteurs d'une trentaine de pays en 2018.
Cette année, les festivaliers ont découvert Manou Gallo, bassiste ivoirienne qui a régalé l'assistance de sa virtuosité audacieuse et de sa voix puissante. "Elle est fantastique", se réjouit Fatou Diop, étudiante Saint-Louisienne. "C'est encourageant de voir toutes ces femmes africaines dans la programmation. C'est un signal fort pour les femmes, et pour l'Afrique".
Birame Seck, le programmateur, veut croire en l'avenir du festival malgré les problèmes. "Tous les ans, on a des difficultés, mais on réussit à faire le festival malgré tout. C'est un rendez-vous immanquable et une véritable aubaine économique pour Saint-Louis".
Par Anne-Sophie FAIVRE LE CADRE
TV5 MONDE