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Mamoussé Diagne décrit la culture comme soubassement du développement.

Dimanche 5 Juin 2016


La Semaine sénégalaise du livre et de la lecture s’est ouverte hier au Warc. Celle-ci, organisée à l’initiative du directeur de l’harmattan, Abdoulaye Diallo, verra tout au long de la semaine diverses activités : fora, ateliers de lecture et d’écriture, table-ronde, conférence… Beaucoup d’universitaires, hommes de lettres et autres intellectuels seront invités à débattre de la question du livre. Hier à la cérémonie d’ouverture, le philosophe Mamoussé Diagne dans une leçon inaugurale a attiré l’attention du public sur la portée de la culture. Elle est, dit-il, «motrice de développement».


Invité à donner une leçon inaugurale sur la littérature africaine comme vecteur d’émergence et de développement, le philosophe Mamoussé Diagne a préféré traiter son sujet sous un angle plus large. «Ne risquons-nous pas d’exclure la plus grande partie de notre population en ne parlant que de littérature et développement. Je préfère une formule plus englobant : culture et développement», dit-il, dès l’entame de son discours.

Ceci clarifié, le professeur s’est évertué à définir la notion de développement. Pour ce philosophe, cette notion cache bien des sous-entendus. Il explique que le développement n’est ni «neutre» ni «innocent».  Puis s’interroge : Que signifie se développer ?  «Est-ce que la signification qu’on lui donne renvoie à la même chose d’un individu à un autre, ou d’une société à une autre ?». Cette préoccupation restera sans réponse. Pourtant M. Diagne enchaînera avec d’autres préocupation.

«Com­ment dit-on développement en Wolof ?». L’uni­ver­sitaire déplorera alors que lorsqu’on parle de développement qu’on ne cherche pas toujours à savoir si celui à qui on propose l’idée de développement peut conjuguer ce mot dans sa propre langue.


«Comment conçoit-on réellement le développement chez les peuples Africaines ?», interpelle-t-il avant de dire que chez le Wolof, par exemple, le natif de Saint-Louis, identifie le mot Yokkouté comme étant l’équivalent du développement. Ce mot signifie «richesse, bien être… » Poussant son analyse plus loin l’auteur de Le preux et le sage, en vient au rapport entre la culture et le développement. C’est une dialectique complexe remarque-t-il, tout en nommant quelques expressions qui mettent la culture et le développement côte-à-côte. On parle par exemple de culture du développement, la culture implique-t-elle le développement ? Pour y répondre Mamoussé Diagne invoque les souvenir d’un président qui disait que la culture est l’Alpha et l’Omega du développement. Se rangeant dans le même ordre d’idée M. Diagne se fait l’avocat de la culture.

Pas de développement sans culture

Du point de vue de l’auteur, De la philosophie et des philosophes en Afrique noire, l’urgence des urgences réside dans la formation d’élites de haut niveau. L’im­portance des penseurs et  des supports sur lesquels ils transmettent leurs pensées est indéniable. «Ce sont les armes miraculeuses. Et sans eux le développement va sombrer», affirme Mamoussé Diagne. Exhortant l’Afrique à se poser en sujet et à se doter d’une pensée stratégique, il indique que c’est là, sa seule voie d’accès à l’émergence.

Il explique également que l’émergence de l’Afrique n’est possible que si l’Afrique arrive à se poser en sujet. En réfléchissant sur un demi-siècle d’échec, l’Afrique à l’en croire, se rendra compte peut-être que c’est une faute de ne pas prendre en compte les préoccupations culturelles. Pour ce philosophe la culture est importante. Il trouvera d’ailleurs le facteur intellectuel important, et nommera le génie d’Alioune Diop qui a pensé Présence Africaine, à une époque où les Africains n’avaient aucun moyen de s’exprimer.


 Elevant cet homme au rang de plus grand artisan de la décolonisation, l’auteur de Critique de la raison orale, les pratiques discursives en Afrique noire, a souhaité que les auteurs africains en fassent autant. «Faites en sorte que nous puissions produire des livres et que ces livres portent sur des Africains», réclamera-t-il. Sa­chant que le livre participe à l’accès à la parole, et que la parole c’est le pouvoir, M. Diagne a assuré qu’il est temps pour les Africains de s’assumer.

«Nous avons connu une littérature imitant, nous avons connu une littérature protestante, aujourd’hui la littérature est nôtre.  Il est temps qu’on assume notre histoire. Enracinons-nous dans notre propre histoire», a conclu le conférencier, face au public venu assister à cette cérémonie d’ouverture de la 1ère édition de Semaine sénégalaise du livre.

Lequotidien.sn


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