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Mermoz, pilote de légende de l'Aéropostale, disparaît le 7 décembre 1936

Mercredi 7 Décembre 2016

Il y a 80 ans s'éclipsait l'illustre pionnier de l'aviation. Retour sur le récit des recherches de son avion, au large des côtes du Sénégal, qui a tenu en haleine la presse pendant cinq jours interminables.

«Sans nouvelles de Mermoz et de ses quatre compagnons. On espère que leur silence est uniquement dû à une panne de moteur» s'alarme Le Figaro en Une de son édition du 8 décembre 1936. Depuis la veille, on est sans nouvelles de l'hydravion La Croix-du-Sud assurant la liaison Dakar-Natal piloté par Jean Mermoz.


10 heures 43: «Le moteur arrière droit doit être stoppé». Voici le dernier message laconique provenant de La Croix-du Sud. Ensuite plus rien. Un avion est immédiatement envoyé en reconnaissance. Il se dirige vers le lieu où l'on pense trouver l'hydravion: les recherches sont sans résultat.
 

«Cinq vaillants champions de la ligne»

 

L'anxiété est à son comble. Or, les bulletins météo sont cléments: «Les conditions atmosphériques n'étaient pas contraires et la mer était belle» nous rappelle le journal. Ceci laisse un vague espoir dans les recherches. Le silence pourrait alors s'expliquer par une panne de radio, puis un amerrissage forcé. Ainsi, le 8 décembre 1936, les efforts se poursuivent pour rechercher les pilotes et l'équipage. Une équipe chevronnée composée de cinq hommes: Alexandre Pichodou, le second pilote, Jean Lavidalie, le chef mécanicien, Henri Ezan, le navigateur et Edgar Cruveilher le radiotélégraphiste. Cinq «vaillants champions de la ligne».
 

Des paquebots, des navires de commerce et «même un hydravion allemand» sillonnent la zone où l'on espère retrouver l'hydravion. En vain. Aucune trace de La-Croix-du-Sud, disparu à 800 kilomètres des côtes du Sénégal.
 

«L'angoisse qui n'a cessé de grandir, se transforme en une affreuse certitude» affirme Le Figaro le 9 décembre 1936. La France entière est sous l'émotion. Personne ne veut et ne peut croire à la disparition du «Grand Mermoz». Tout le monde, en effet, connaît ses exploits et son amour de l'aviation. On le surnomme l'Archange, le Guynemer de la paix. Mermoz s'est déjà tiré de situations invraisemblables. Le Figaro souligne: «Il a risqué vingt fois la mort, surtout aux temps héroïques de cette ligne de l'Atlantique Sud qu'il avait, avec ses camarades, presque entièrement forgée». C'est Mermoz, en effet, qui réalisa la première liaison commerciale aérienne au-dessus de l'Atlantique Sud.
 

«Je crois au miracle»

 

Le quotidien interroge Paul Codos un grand ami de Jean Mermoz, chef pilote d'Air France: «J'ai confiance encore, nous dit Codos, je me refuse à croire qu'il n'est plus. Contre toute logique, je crois au miracle. J'attends!». Il ne peut cacher sa peine et dire d'une colère contenue: «Les meilleures d'entre nous disparaissent, les plus forts, les plus habiles sont fauchés ainsi». Le témoignage de Didier Daurat un autre vieux compagnon de Mermoz refuse aussi d'admettre sa disparition: «J'ai passé cinq années avec Mermoz sur les lignes de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, du temps de l'Aéropostale, je ne peux imaginer qu'il soit disparu. Je le revois si confiant, si énergique sur la ligne de Dakar, où sa valeur morale nous l'a fait apprécier dès les premiers contacts. Il avait toujours su vaincre les difficultés, les obstacles par son intelligence, sa volonté, sa puissance de caractère et sa force physique. Pourquoi voulez-vous admettre qu'une fois encore toutes ces qualités ne lui auront pas servi?» Tous ses proches ne peuvent croire à sa mort.
 

L'aviation est en deuil

 

Le 11 décembre 1936, les espoirs se font de plus en plus maigres. Même si les recherches se poursuivent, la Compagnie Air France semblent définitivement craindre que Mermoz et ses héroïques compagnons ne soient plus vivants. Tous les pavillons de sa flotte sont mis en berne et ce jusqu'au 21 décembre à 10 heures 40, heure du dernier message de La Croix-du-Sud. A chacun d'avoir une pensée pour tous ceux «qui ont donné leur vie aux ailes françaises».
 

On a repéré La Croix du Sud

Coup de théâtre. En fin de soirée du 11 décembre 1936, deux dépêches «d'allure officielle» venant de Rio annoncent la découverte de La Croix-du-Sud. Le navire flotterait à 120 miles du rocher de Saint-Pierre et Saint- Paul. Mais, on ignore le sort de Mermoz et de ses compagnons! “On crut Mermoz retrouvé, ce fut pour quelques heures une joie nationale” raconte Joseph Kessel dans son livre en 1938, en mémoire du célèbre aviateur . Malheureusement, après une longue attente et un immense espoir, la nouvelle s'avère erronée. Il faut bien se rendre à l'évidence: l'équipage a bien terminé son parcours dans l'océan. La Croix-du-Sud n'a jamais été retrouvée.
 

Déjà un héros, cette disparition transforme la vie de Mermoz en une légende. Tout comme ses cinq compagnons, Mermoz est cité à la Nation: “Commandeur de la Légion d'honneur, pilote de la Compagnie Air France, sublime figure d'aviateur, d'une valeur morale et professionnelle hors pair. Créateur, aux prix d'efforts surhumains, de l'aviation commerciale transocéanique. A fait de son nom un symbole et de sa carrière une longue suite d'exploits. Allant jusqu'au bout de toute entreprise, envisageant la mort avec sérénité. A mérité l'admiration générale par la grandeur de ses actes»...
 

La France entière en deuil

Tout l'équipage a droit à des funérailles nationales le 30 décembre 1936. Un service solennel est célébré en l'église Saint-Louis des Invalides. Après l'office religieux, tous les officiels politiques et responsables de l'aviation civile se recueillent devant les catafalques dans la cour d'honneur des Invalides. Des pilotes montent la garde et «des détachements de la base aérienne du Bourget, rendent les honneurs».
 

Le ministre de l'Air, Pierre Cot prononce un vibrant discours: «La France entière est en deuil, il n'y a pas un village, pas un foyer qui n'ait été plongé, par la disparition de La Croix-du-Sud, dans l'angoisse puis dans la peine. La douleur du peuple, mieux que les honneurs officiels, sacre les héros et confère à leur gloire une auréole nationale…»
 

Le discours achevé, les troupes défilent. Dans le ciel un vrombissement se fait entendre: trois avions d'Air France et des escadrilles de bimoteurs militaires saluent le glorieux Mermoz et ses héroïques compagnons.
Un adieu à ce géant symbolisant l'extraordinaire aventure de l'aéropostale qui avait confié à son ami Kessel: «Je ne voudrais mourir qu'en avion».
Lefigaro.fr



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