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OPINION: Un devoir de reconnaissance envers Madické Mbodji.

Vendredi 16 Mai 2014

Je peine profondément pour écrire cet article pour des raisons aussi diverses mais je suis victime de ma conscience, elle me torture, me bouscule, me traque, me poursuit, m’enserre dans mon sommeil et partout bourdonne dans mes oreilles alors j’ai plus le choix que de me soumettre à elle. Cette obligation morale me laisse penser à la célèbre citation de Ghandi qui disait : «la voix humaine ne pourra jamais courir la même distance que celle de la petite voix silencieuse de la conscience.»

Parler de Madické à ces circonstances, c’est courir un risque. Certains le jugent en fonction de ses appartenances politiques, allant jusqu'à même l’accuser à tort ou à raison. Je me réserve à ce sujet délicat et sensible vue que la personne en question est candidat à la mairie de Ndombo avec d’autres fils de ce terroir. Et l’objectif de cet article est loin d’être un instrument d’influence. Je n’ai ni l’habilité ni le pouvoir de choisir à la place de ce vaillant peuple de Ndombo dont la maturité n’est pas à polémiquer.

Nous nous sommes connus en Mai 2007, alors que j’étais un jeune étudiant à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. A cette époque Je venais juste d’être porté à la tête de l’Amicale des Elèves et Etudiants de la communauté rurale de Mbane dont je suis parmi les membres fondateur. Ma mission principale était de trouver un abri pour les étudiants vivant à Dakar. J’étais sous forte pression, dépourvu de moyens et face à des urgences. Après l’assemblée générale du 27 avril 2007, nous avons tenu une réunion pour recenser l’ensemble des cadres de l’ex communauté rurale de Mbane. C’était la première fois que j’ai entendu son prénom et nom, balancés par les étudiants de Ndombo, qui m’ont été totalement inconnu.

Le lendemain matin, j’ai saisi mon téléphone dans le but de demander un rendez vous avec le bureau de l’amicale, ma surprise fut grande, doublée d’une stupéfaction par la réponse si brève et courtoise «venez quand vous voulez seulement appeler moi avant». Notre première rencontre s’est déroulée dans une ambiance conviviale, et j’ai compris très tôt que devant cette créature divine, se cache une parfaite illustration d’un walo walo, ouvert et disponible. Par le biais de cette amicale, j’ai eu la chance de côtoyer une bonne partie des intellectuels mais Madické est la personne la plus généreuse, la plus accessible et la plus soucieuse des difficultés dont les étudiants sont exposés quotidiennement.

Nous avons cheminé ensemble à des périodes les plus douloureuses mais, il a toujours gardé son calme et assume sa responsabilité entièrement, là ou des responsables politiques refusaient de recevoir les étudiants pour une sollicitation d’aide financière dans le but de payer leur appartement.

Vos actions sont indissociables à cette belle structure locale des étudiants au sein de laquelle tu apportais non seulement l’aide la plus éminente mais aussi la plus remarquable. A force de fréquenter son bureau et des échanges téléphoniques dans le but d’améliorer les conditions des étudiants, j’ai découvert d’autres qualités de ce natif de Ndombo, une bonté inégalable, le souci des autres, et la compassion. Je ressentais un plaisir particulier en sortant de son bureau et une assurance totale que les sommes dues au bailleur de l’appartement seront versées ainsi que les autres dépenses accessoires. J’avais toujours en face de moi, un redoutable dialecticien, un patriote qui a donné toute l’énergie nécessaire pour combattre l’injustice dont subissaient les étudiants. Cet homme possède une grande force de travail, soutenue par sa probité, sa grande rigueur morale et sa stature physique et intellectuelle se signale par sa simplicité et une modestie à toute épreuve.

Autre lieu, autre circonstance, cette fois un peu sensible, les campagnes électorales de mars 2009, deux femmes originaires de Diamaguéne dont j’ignorais totalement leur existence, venaient me voir en pleine réunion de stratégies politiques, pour me remercier de ce travail formidable en me disant « dieureudieuf ». J’avais versé des larmes d’une manière brusque et inopinée ; et j’ai su que c’est l’œuvre de toute une équipe composée entre autres de Ismaela Diack doctorant à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Ucad, de Samba Sarr diplômé de la faculté des lettres, de Souleymane Mbodji mon ex prédécesseur diplômé de la faculté des sciences juridiques et politiques, de Abdoulaye Ndiaye spécialiste en décentralisation et de Mansour Diakhaté économiste de formation. Mais ce travail est exclusivement celui de Madické Mbodji. Il a cru à l’amicale quand personne n’y croyait. Parmi tous les soutiens que l’amicale avait, ceux de Madické étaient les plus signifiants et les plus ponctuels. J’ai compris à travers cet expert comptable que la vie ne se résume pas en soi, elle doit être le reflet du partage, d’altruisme, de compréhension et de solidarité mutuelle. Il a permis beaucoup d’étudiants de gouter le plaisir d’avoir des diplômes et d’espérer un avenir meilleur en leur allégeant leurs souffrances et inquiétudes.

Une autre dimension exceptionnelle que j’ai découverte sur ce personnage, est malgré les sollicitations incessantes des étudiants, un endettement hors norme, il a toujours gardé le sourire et un état d’esprit incommensurable matérialisé par une expression si courte et humoriste à toute rencontre avec le bureau que je cite «encore vous les étudiants» , l’objectif étant de nous mettre à l’aise et de nous permettre d’exposer traditionnellement nos difficultés enfin de chercher ensembles des solutions idoines.

Cette action noble, humaine, pleine de bonté, de désintéressement, loin d’être une contre partie, ou de tremplin politique, ou chercher une légitimité populaire, m’oblige personnellement à prendre mon stylo et consacrer quelques minutes pour apporter mon témoignage, ma sympathie, mon affection et ma loyauté à Madické.
Je te remercie individuellement de prendre conscience de ta responsabilité envers tes neveux, petits frères et inconnus et l’exécuter pleinement sans aucune faille notoire.

Je tiens à dire à l’ensemble des étudiants de Mbane et Ndombo, on a une dette morale à l’endroit de cet humble personne, non pas une dette politique mais de gratitude, car comme j’ai l’habitude de dire, les étudiants de Mbane sont « techniquement compétent et politiquement conscient »

Je termine par la dernière leçon morale que le feu juge Kéba Mbaye nous a laissé avant de partir lors de sa conférence sur l’éthique en 2005 et que cet homme à la petite taille et au teint clair applique à la lettre, je cite «le respect de ses concitoyens est le bien le plus précieux du monde. C’est le seul qu’il faut désirer, qu’il faut chercher. C’est le seul qui est admiré …. »

J’avais un cœur pressant mais aujourd’hui j’ai la conscience tranquille de me décharger de ce témoignage que je considérai comme un sacerdoce.

Par devoir et par amitié comme disait Habib Thiam l’ex premier ministre du Sénégal, permettez-moi de le souhaiter publiquement bonne chance pour les élections locales de Juin 2014, j’assumerai toutes les conséquences qui peuvent en découler.
Paris le 15 mai 2014

Moussa Badiane
Ancien président de l’AEERM
Ecole des hautes études internationales et politiques de Paris


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