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Ousmane Sow Huchard: "Jacob Yakouba voulait sauver la peinture africaine"

Lundi 6 Janvier 2014

La démarche artistique du peintre sénégalais Jacob Yakouba, décédé samedi à Saint-Louis, se distingue par sa volonté de changer la peinture africaine "pour la sauver d'une fixation trop raide", estime le critique d'art sénégalais Ousmane Sow Huchard, rendant hommage au défunt, ''musicien et grand peintre sénégalais".

"Chaque fois que nous rencontrons Jacob chez lui, au milieu de sa famille, dans son atelier à Saint-Louis, nous commençons toujours par échanger autour de quelques notes de guitare, de sa guitare toujours accordée et qui n'est jamais très loin de son chevalet", écrit-il dans un texte d'hommage dont copie a été transmise à l'APS.

"Pour lui, comme l'avait déjà signalé le poète, critique d'art et essayiste français Charles-Pierre Baudelaire (1821-1867) : +Les sons et les couleurs se répondent+", note Ousmane Sow Huchard.

"Sa mère a été le personnage central de son enfance. La nature son premier lieu de recueillement, de découverte et de reconnaissance du monde", écrit-il.

M. Huchard, par ailleurs anthropologue et muséologue, évoque "le souvenir impérissable" de l'exposition des œuvres de Jacob Yakouba, du 12 décembre au 11 janvier 1987 au Musée Dynamique de Dakar (actuelle Cour suprême).

"Il y a ainsi comme une sorte de spirale dans l'œuvre de Jacob Yakouba, le même se profile sous d'autres aspects. La mère, la nature, la femme: trois symboles d'un bonheur auquel il donne pour nom, l'Amour", analyse l'ancien conservateur du musée Dynamique de Dakar.

"Jacob Yakouba nostalgique ? Non ! Seulement fidèle à une histoire (son histoire), mais non pas enchaîné à des traditions. Le combat de l’homme noir ? Bien sûr, mais dans une perspective autre que la stérile affirmation d'une appartenance raciale que l'évidence plus que tout autre modalité se charge de montrer", fait valoir Ousmane Sow Huchard.

"En réalité Jacob Yakouba a une démarche : celle de vouloir changer sans prétention aucune, quelque chose dans la peinture africaine moderne, pour la sauver d'une fixation trop raide à laquelle sa jeunesse et sa vigueur doivent lui permettre d'échapper. C'est cela qui explique que Jacob Yakouba soit si difficile à classer", souligne le critique d'art.

"Il (Yakouba) tourne le dos au naïf et son trait ne cadre pas avec l'Ecole de Dakar. Aux dernières nouvelles (puisqu'il faut bien le situer quelque part) Jacob Yakouba est classé dans la technique de Sépia. Ordre qu'il dérange avec une sereine désinvolture puisqu'il n'en avait jamais entendu parler auparavant", ajoute M. Huchard.

"En fait Jacob Yakouba est peintre solitaire, (mais) pas de la solitude du peintre ermite, mais de la solitude de celui qui se fraie un chemin nouveau dans cet univers de la peinture où pourtant les ornières sont larges. Il reflète son temps, c'est son rôle. Il prône l'amour, la justice est l'un de ses maîtres-mots. Il prend le risque de demeurer lui-même. Là est sa noblesse", estime l'anthropologue et le muséologue.

APS


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