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Parité : Quand la république marche sur ses deux pieds. Par Pr Fatou Sow Sarr

Jeudi 15 Octobre 2015

La démocratie c’est le suffrage universel, la séparation des pouvoirs, et au Sénégal il a manqué le troisième pilier qui est la parité. En effet, la démocratie c’est aussi la représentation du peuple pour le peuple et par le peuple, or le peuple a deux composantes équivalentes en droit et en dignité c’est à dire des hommes et des femmes.

Le Sénégal en votant sa loi sur la parité s’est retrouvé dans une position de leadership, indiquant au reste monde la voie à suivre. En effet la France qui a voté sa loi en 2000, n’en est qu’à 26,2% de femmes à l’Assemblée nationale. La Belgique a eu sa loi en 2002 et compte aujourd’hui 39,3% de représentation féminine. Quant à la RDC qui a inscrit la parité dans sa constitution de 2008, elle se retrouve avec seulement 8,9%. La Tunisie qui dans la foulée du printemps arabe a adopté la loi sur la parité en est à 31,3%.

Ainsi aucun pays n’avait réussi avant le Sénégal à avoir une représentation aussi importante des femmes sur la base d’une loi paritaire. En étant le pays qui a appliqué pour la première fois la liste alternée permettant un équilibre des institutions concernées, le Sénégal a parachevé un processus initié en 1945 par Ndaté Yalla Fall et Soukayena Konaré qui par de fortes mobilisations et des menaces sans équivoque ont obligé la France à reculer face à la décision de n’autoriser que les françaises de souche à voter et en refusant ce droit aux autres citoyennes des quatre communes.

Aujourd’hui encore le Sénégal a fait la preuve que la France a certes vaincu la première force de résistance qu’elle a rencontrée en 1855 et qui avait à sa tête une femme, du fait simplement de sa supériorité militaire, mais que du point de vue de la civilisation nous étions en avance. L’approche du Sénégal a influencé la France et d’autres suivront. En effet c’est le 17 mai 2013 que le pays de Mariane a pris une loi imposant des « binômes paritaires » ce qui a permis dans les collectivités locales d’avoir un taux presque similaire à celui du Sénégal avec 48%.

Avec l’acte qu’il a posé pour le respect strict de la parité dans le bureau de l’Assemblée, le Président Macky Sall est en train de vaincre les dernières résistances face à cette loi révolutionnaire, dont les finalités ne sont pas une représentation mécanique des hommes et des femmes mais une transformation de la société pour un développement juste et équitable. D’ailleurs les objectifs poursuivis à travers le PSE ne sauraient se faire sans une transformation structurelle de la société sénégalaise, qui passe par la transformation des rapports sociaux et cela le président l’a compris. Depuis le mois de juin il fait des sorties remarquées pour défendre la parité avec beaucoup de lucidité. En élevant encore aujourd’hui la voix, le Président de la République a indiqué à sa majorité, mais aussi à tous les hommes politiques la voix à suivre. Toutefois, le Président Sall devra continuer pour étendre l’esprit de la parité aux autres institutions non électives pour que désormais aucune structure de ce pays ne soit handicapée faute d’une représentation paritaire. Et surtout, l’expérience sénégalaise doit être portée par notre diplomatie, parce qu’elle démontre encore une fois de plus un trait de génie de notre peuple et au rendez-vous du donner et du recevoir le pays de SEDAR ira les mains pleines de fleurs.

Il faut aussi continuer à saluer le courage et la lucidité du Président Wade qui même à la position où il se trouve continue un combat auquel il a adhéré avec beaucoup de sincérité. En proposant Aïda Mbodj à la tête du groupe parlementaire, il a posé un acte qui a réjouit toutes les femmes engagées dans ce combat par conviction, et même si cela n’a pas encore abouti, un jalon a été posé pour aller vers des victoires plus éclatantes. Nous osons espérer que le reste de la classe politique a compris l’impact de cette proposition dans la conscience des femmes et qu’avec la prochaine assemblée cette espérance ne sera pas déçue.

Nous saluons le courage et l’engagement d’Aida Mbodj qui s’est la première battue pour dénoncer le non respect de la loi dans le bureau de l’Assemblée, mais à l’époque certaines de ses collègues femmes qui ne devaient leur place dans le bureau qu’à la loi sur la parité ont refusé de la suivre par pur opportunisme politique. Elle doit poursuivre son combat parce que la constance dans la conviction paye toujours et aussi parce qu’au-delà de son parti, l’avènement d’une femme à la tête d’un groupe parlementaire doit être porté par toutes celles qui croient en la justice et à l’égalité des hommes et des femmes en politique. Ce combat doit désormais être porté aussi par le Président Macky Sall.


Pr Fatou Sow Sarr
Coordinatrice du Caucus
des femmes leaders pour la parité


 


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