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Promenade jubilatoire dans le Djoudj, véritable « Disneyland » sénégalais (par Eric Joly)

Lundi 14 Avril 2014

Située à une soixantaine de kilomètres de Saint Louis du Sénégal, cette réserve accueille chaque année des milliers d’oiseaux migrateurs venus de l’Europe du Nord. Bienvenue à la dernière chronique de notre journal.


Pour tous ceux qui aiment l’ornithologie, identifier des espèces ou les voir voler par milliers, cette réserve ornithologique vaut le voyage. S’étendant sur 16 000 ha, elle abrite plus de 3 millions d’oiseaux appartenant à 300 espèces. Elle a été inscrite comme site du Patrimoine Mondial en 1981 et comme site de la Convention de Ramsar en 1977. Sur les 208 espèces d’oiseaux protégées par les conventions de Bonn et de Berne et dont l’aire de répartition touche le Sénégal, 161 ont été recensées au parc, dont 116 sont des espèces migratrices. C’est dire son importance ! Le parc se compose d’un grand lac entouré de ruisseaux, d’étangs et de bras morts. Le public n’en visite qu’une petite partie. L’essentiel du territoire bénéficie donc d’une tranquillité absolue.

Jubilatoire

En dépit d’une fréquentation élevée, la promenade qui s’effectue en pirogue reste jubilatoire. Il faut aller visiter le Djoudj pendant les mois d’hiver, avant les grosses chaleurs et au moment où sarcelles d’été et limicoles descendent massivement du nord de l’Europe. Les mois de décembre, janvier et février sont les meilleurs. Pour éviter les heures d’affluence – certains jours on a l’impression d’être à Disneyland – l’idéal est de louer une pirogue à la pointe du jour. Autre avantage : le marais s’éveille et les phacochères ne sont pas encore rentrés se coucher à l’abri des joncs. Enfin, en visitant le marais tôt le matin on évite les coups de soleil et, partant, le coup de barre. La promenade dure environ deux heures et demie. Elle s’effectue au moteur mais pour l’approche de spécimens intéressants le guide coupe les gaz et laisse le bateau filer sur son erre. Les vedettes terrestres du marigot sont le phacochère, le crocodile et le varan. Le premier vit seul ou en famille. Vous le verrez manger avec ravissement les racines aquatiques. Certains sont magnifiques avec des «bananes» (défenses) impressionnantes. Le crocodile s’affale sur la rive, pattes pendantes, ou bien fait trempette ne montrant que les yeux et le bout du nez. Le troisième traverse l’étendue d’eau en ondulant ou bien se repose à l’ombre d’un arbuste.

72.000 canards pilets en hivernage cette année

Les guides sont généralement qualifiés et connaissent bien «leur» faune aquatique, aviaire et terrestre. Ils ont en outre un œil de lynx et repéreront bien avant vous le crocodile aplati sur une souche ou le varan coincé entre deux racines. D’ailleurs même arrivé à vingt mètres et alors que l’on vous donne tous les points de repère possible, vous aurez parfois du mal à distinguer l’animal. C’est dire si son mimétisme est étonnant !

Côté oiseaux d’eau, les sarcelles d’été (28.000 en hivernage cette année), les canards pilets (72.000), les canards souchets (10.000) et les dendrocygnes (120.000) constituent le gros des troupes des anatidés. Ce sont des milliers de «becs plats» qui s’envolent bruyamment au dessus des roseaux. On voit aussi sur les vasières quantité de petits limicoles, des chevaliers combattants, bien sûr, (130.000 hivernent ici) mais aussi des bécasseaux minutes (10.000), des chevaliers gambettes et aboyeurs, des gravelots, des barges rousses (20.000 ), des avocettes et des échasses. Les cormorans des trois espèces locales sont aussi très abondants. Enfin le pélican (5370 en janvier 2003) est si présent qu’il est devenu le symbole du parc. On en voit partout, mais le gros des troupes se concentre à la fin de l’hiver sur un promontoire où les oiseaux se pressent les uns sur les autres. C’est là qu’ils pondent et nourrissent leurs petits dans un vacarme de tous les diables. Le site se repère à plusieurs centaines de mètres par une forte odeur de poisson pourri. C’est qu’il en faut du ravitaillement pour nourrir tous ces affamés ! Le pélican adulte est blanc. Mais le petit, lui, est brun ce qui permet de le distinguer. Les parents font inlassablement la navette entre l’eau libre et le nichoir. La technique de pêche est assez pittoresque. Un groupe d’oiseaux nage en ligne et, à intervalles réguliers, bascule la poche du bec dans l’eau. Celle-ci fonctionne comme une épuisette et ramasse le fretin.

Une menace

Ce sanctuaire est aujourd’hui menacé par une fougère aquatique, la Salvinia molesta, qui prolifère au point de traverser le fleuve et d’envahir le parc mauritanien voisin de Diawling. Une tentative de contrôle biologique – par introduction de scarabées mangeurs de plantes fournis par l’Afrique du Sud – n’a pas donné les résultats escomptés.

En périphérie, les rizières s’accroissent au détriment des zones pastorales. Il faut expliquer tous ces changements aux villageois qui vivent à proximité du parc. Des activités de reboisement, de pisciculture, d’approvisionnement en eau potable, d’assainissement, de développement écotouristique, d’amélioration et d’organisation des parcours pastoraux, de sensibilisation, d’éducation et de formation ont pour objectif d’associer les villageois à la gestion du plan d’eau.

Eric Joly


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