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Aly Ngouille Ndiaye, Ministre de l’Energie et des Mines : “Si ce n’était pas la subvention tarifaire de 105 milliards en 2012, la Sénélec n’aurait pas tenu…”

Dimanche 27 Octobre 2013

Selon le Ministre de l’Energie et des Mines, c’est la grosse subvention de 105 milliards Fcfa consentie par l’Etat du Sénégal qui a permis à Senelec de tenir le cap durant l’exercice 2012. De même, dans cet entretien avec REUSSIR, M. Aly Ngouille Ndiaye passe au crible le Plan Takkal, légué par son prédécesseur, tout en abordant les grands axes de la politique de redressement du secteur de l’Energie que l’actuel gouvernement est en train mettre en place. Il en profite également pour rassurer le marché sur la fourniture en combustibles.


Aly Ngouille Ndiaye, Ministre de l’Energie et des Mines : “Si ce n’était pas la subvention tarifaire de 105 milliards en 2012, la Sénélec n’aurait pas tenu…”


Monsieur le Ministre, le secteur de l’Energie traverse une crise structurelle depuis de longues années. Quelle analyse en faites-vous après une année de gestion ?

En effet, c’est au niveau de tout le secteur de l’Energie que des difficultés majeures sont notées. Qu’il s’agisse de l’électricité, des hydrocarbures, des combustibles etc., la situation que nous avons héritée, il y a un an, était celle d’une crise structurelle. Nous avons, après l’avoir évaluée, élaboré une solution durable de sortie de crise avec l’adoption d’une nouvelle Lettre de Politique de Développement du Secteur de l’Energie (LPDSE), signée en fin octobre 2012, accompagnée de son Plan d’actions.

Votre prédécesseur avait mis en place le fameux Plan Takkal que vous avez descendu en flammes. Pourquoi, malgré les critiques, les délestages avaient presque disparu ?
A notre arrivée, nous avons organisé un atelier d’évaluation du Plan Takkal regroupant l’ensemble des acteurs. Le rapport de cet atelier a permis de situer, à dire d’experts, les limites du Plan.

Vous savez sans doute que, pour combler les déficits de production, le gouvernement précédent avait fait recours à la location de 150 MW, soit environ le tiers de la puissance maximale au diesel oil avec un prix de revient beaucoup plus cher que le prix de vente à la clientèle. La location nous a coûté environ 106 milliards en 2012.

Les délestages dont vous parlez connaissaient, à notre arrivée, une tendance baissière du fait de cette capacité louée et aussi du niveau de la demande qui est généralement plus faible le premier trimestre de l’année.

Le Plan Takkal a coûté très cher au contribuable sénégalais. Est-ce à dire que votre gouvernement va diminuer l’enveloppe consacrée auparavant ? Ou alors que préconisez-vous pour ne pas augmenter le prix de vente de l’électricité ?
Le Plan Takkal a coûté très cher à l’arrivée. Le coût moyen de production de l’électricité s’est établi à 180 F/KWh pour un prix de vente moyen de 118 Fcfa, nécessitant une subvention d’environ 120 milliards Fcfa.

Face à cette situation intenable, le gouvernement a, dès la mi-mai 2012, entrepris l’évaluation du Plan Takkal à travers un atelier ayant réuni tous les acteurs. Les résultats de cet atelier et les autres enseignements tirés de l’analyse du secteur ont conduit à définir une solution de sortie de crise durable à travers la nouvelle LPDSE, adoptée en octobre 2012. Sur cette base et conformément aux instructions du Chef de l’Etat, le gouvernent a adopté, au cours du Conseil des ministres du 21 février 2013 tenu à Matam, un plan de production fondé sur une politique de mix énergétique associant le gaz, le charbon, l’hydroélectricité et les énergies renouvelables. Avec ce nouveau plan, les projets coûteux du Plan Takkal, à savoir les PPS et les Barges, ont été abandonnés.

Dans le même temps, la restructuration de la Senelec est engagée afin d’améliorer ses performances, notamment en termes d’économies de charges et d’amélioration de la productivité de manière à placer la Société sur un sentier de rentabilité durable.

Comme vous le voyez, l’objectif à travers cette nouvelle politique est d’aboutir à une baisse progressive du prix de production de manière à engendrer une réduction progressive de la subvention sans qu’il ne soit nécessaire de réajuster les prix de l’électricité à la hausse. C’est le sens qu’il faut donner à la limitation de la subvention à 80 milliards en 2013 contre 120 Mds en 2012.

Je voudrais aussi vous faire noter que dans ce cadre, la Senelec s’est engagée à participer à cet effort grâce à une politique résolue de rationalisation des charges et d’amélioration de sa productivité.

La gestion de Sénélec a toujours fait l’objet de polémiques, notamment pour son approvisionnement avec les problèmes récurrents avec la SAR et ITOC. Peut-on s’attendre à une solution définitive dans les prochains mois ?
Vous faites allusion aux difficultés rencontrées en 2010 avec les problèmes de qualité liés à l’approvisionnement de Senelec en combustibles et les contentieux qui en ont résulté.

Mais aujourd’hui, je peux vous dire que ces problèmes sont dépassés. En effet, l’approvisionnement en combustibles de Senelec est désormais confié exclusivement à la SAR avec un mécanisme de financement sécurisé à travers le Fonds Spécial de Soutien à l’Energie (FSE). Il n’y a plus donc de risques structurels de cette nature mais plutôt quelques rares lenteurs de règlement qui peuvent souvent apparaître dans les relations entre SAR-SENELEC-FSE et qui, à chaque fois, sont rapidement aplanies.

Il semble que l’électricité est vendue en dessous de son coût de production. Qui pour payer le manque à gagner? Peut-on s’attendre à une vérité des prix ?
Oui, je vous confirme qu’en 2012, la Senelec a vendu le kWh à 118 FCFA en moyenne alors que le coût de production est de 180 FCFA. C’est la situation que j’ai décrite plus haut. Naturellement, si ce n’était pas la subvention tarifaire de 105 milliards en 2012, la Sénélec n’aurait pas tenu. Il s’agit maintenant d’inverser cette tendance coûteuse et insoutenable.



Les énergies renouvelables constituent une option claire du gouvernement et votre question me donne l’occasion de rappeler que l’objectif fixé par la LPDSE s’établit à 20% comme contribution des énergies renouvelables dans la structure du mix énergétique à l’horizon 2017.



Dans le même temps, Senelec n’est-elle pas appelée à être plus efficace dans sa gestion pour réduire ses coûts de production et pour mieux assurer sa mission de service public ?
Je vous ai déjà signalé que la restructuration financière de la Senelec est engagée avec : 128 milliards de créances de l’Etat qui sont intégrés dans les fonds propres de Senelec ; Des subventions de 176 milliards constituées des investissements que l’Etat a réalisés ces dernières années dans le secteur ; Une rationalisation des dépenses de la Senelec accompagnée d’une amélioration de la productivité technique et commerciale. Cette politique commence déjà à porter ses fruits puisqu’au premier trimestre de 2013, près de 13 milliards d’économies ont été réalisées par rapport à celui de 2012 ; La signature d’un contrat de performance entre l’Etat et la Senelec.

On avait émis l’idée de diviser Senelec en trois entités. L’idée est-elle toujours à l’ordre du jour ? Quid de la privatisation de Senelec ?
La réforme de la Senelec est toujours d’actualité et la réflexion dans ce domaine est en train d’être parachevée. Il s’agit en particulier d’identifier la meilleure formule et de situer la date de mise en œuvre la plus adéquate en fonction de l’évolution du Plan de redressement de Senelec.

On parle de plus en plus des énergies renouvelables, le solaire notamment, comme une alternative à la crise de l’offre mais ça peine à décoller. Quelles sont les contraintes structurelles qui empêchent leur éclosion ?
Les énergies renouvelables sont prévues dans le mix énergétique. Déjà, nous avons obtenu notre premier accord pour la construction d’une centrale solaire de 10 MW à Kothiary, à environ 30 km de Tambacounda. De même, nous prévoyons la construction de centrales solaires à l’UCAD, à l’hôpital de Fann, au Palais présidentiel et enfin la généralisation de l’éclairage public au solaire. D’autres propositions sont en négociation avec la biomasse et l’énergie éolienne.

Jusqu’ici, les contraintes sont liées aux coûts d’investissement élevés pour les énergies renouvelables.

En fait, y-a-t-il une réelle volonté politique pour développer ces énergies nouvelles ?

Les énergies renouvelables constituent une option claire du gouvernement et votre question me donne l’occasion de rappeler que l’objectif fixé par la LPDSE s’établit à 20% comme contribution des énergies renouvelables dans la structure du mix énergétique à l’horizon 2017.

Alors, que recouvre le concept de «mix énergétique» que vous voulez promouvoir ?
A notre arrivée en avril 2012, la production de la Senelec était assurée par : 50,34% de fuel lourd ; 37,2% de diesel oil ; 2,24% de gaz ; 9,58% d’hydroélectricité

Vous le constatez vous-même, notre production actuelle d’électricité est à base thermique pour environ 90%, ce qui explique le niveau actuel des coûts.

La politique de mix énergétique vise à inverser cette tendance en produisant une électricité de diverses origines dont notamment l’hydroélectricité, le gaz, le charbon, etc., afin de bénéficier des effets positifs liés aux coûts de ces énergies et de réduire progressivement les prix.

Ainsi, sur la base du plan de production adopté par le gouvernement, la structure de la production d’électricité à l’horizon 2017 se présenterait comme suit : 26,31% de fuel lourd ; 4,56% de diesel oil ; 20,40% de gaz ; 25,17% charbon ; 5,03% hydroélectricité ; 18,53% d’énergies renouvelables

Qu’en est-il de l’électrification rurale ?
Pour l’électrification rurale, l’objectif fixé par la LPDSE vise à atteindre un taux d’électrification de 50% en 2017 contre 24% actuellement.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement s’appuie sur l’Agence Sénégalaise d’Electrification Rurale (ASER) qui intervient à travers trois instruments : Les concessions d’électrification rurale au nombre de 10 ; L’Electrification Rurale d’Initiatives Locales (ERILs) ; Les programmes d’urgence.

Les règlements de services des concessions Saint Louis-Dagana-Podor et Louga-Linguère-Kébémer ont été signés. Il en est de même des concessions Mbour et Kaolack-Nioro-Fatick-Gossas et Kaffrine-Tambacounda-Kédougou, celle de Kolda-Vélingara est en cours de finalisation. Avec ces concessions, plus de 105 000 ménages seront connectés d’ici 2015.

Nous avons relancé le programme d’urgence Convention 20 qui, d’ici 2014, permettra le raccordement au réseau électrique 746 villages (dont 373 villages pour la phase 1 et 373 villages pour la phase 2). A terme, l’accès à l’électricité à 40 mille ménages serait assuré à travers cette convention. D’autres programmes sont en négociation et verront bientôt le jour…

Source: Reussir Magazine


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