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Ces obstacles qui freinent l'investissement des émigrés

Samedi 15 Juin 2013

Ces obstacles qui freinent l'investissement des émigrés
«Si nous ne changeons pas de stratégie, nous aurons beau envoyé tout l'argent du monde, l'Afrique restera pauvre». C'est la conviction de l'économiste de l'Institut érythréen de technologie. Quelque 20 milliards de dollars sur les 300 milliards dollars expédiés chaque année par les 200 millions migrants de la planète, proviennent des travailleurs africains migrants.

Au Sénégal, les fonds qui passent par les circuits officiels sont estimés en 2011, à 600 milliards F Cfa par an. Soit le même montant via des circuits parallèles selon la BCEAO. En plus de l'entretien de leur famille, les migrants tentent d'investir dans des activités génératrices de revenus. Mais, ils sont confrontés à plusieurs obstacles. Au Sénégal, l'accès à la terre, le financement des projets, les taxes, les lourdeurs administratives et autres coups bas des parents et des autorités sont pointés du doigt. L'Envoyé Spécial de Sud Quotidien a sillonné les régions de Louga, Saint-Louis et Matam pour mieux appréhender ces difficultés qui plombent le développement local.

Comment canaliser les fonds envoyés par les émigrés afin de mieux les réinvestir dans des secteurs porteurs ? Plusieurs organisations et acteurs s’activent dans ce domaine pour conscientiser nos compatriotes basés à l’Extérieur. Mais, d’autres obstacles viennent encore se dresser sur leur chemin. Ils ont pour noms : lourdeurs administratives, taxes, accès à la terre, absence d’interlocuteur. Voilà autant de freins qui plombent la volonté d’investir des émigrés avec comme conséquence, le maintien de plusieurs villes et villages aux potentialités incommensurables, dans la pauvreté.

A Louga, Mme Fadiaw Diao, présidente de la Fédération des sénégalais émigrés de retour (Fser), une association qui s’active dans les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie, de l’artisanat, de la couture, de l’agriculture soulève la problématique de «l’accès au financement». «Pourtant notre objectif est d’aider les émigrés à mieux s’insérer dans le tissu économique local. Si vous demandez aux gens de rester, il faut leur proposer quelque chose qui peut les maintenir. Mais avec leur maigre moyen, ils ne peuvent pas y arriver sans un soutien», déplore-t-elle.

Ahmadou Sahir Lô, président de l’association Self Help, lui, relève «les lourdeurs administratives», mais aussi «le manque de confiance vis-à-vis des autorités et des parents». «Nous sommes devenus de plus en plus méfiants envers tout le monde. Chaque fois, des autorités ou des membres de ta propre famille te font des coups bas. Tu leur envoies de l’argent pour construire une maison. Ils l’utilisent à d’autres fins sans aucune vergogne. Des exemples comme ça font légion dans la région. On vous envoie des photos des maisons qui appartiennent à d’autres personnes en vous faisant croire que tout est ok. Une fois sur place, vous retrouvez un terrain nu !», confie-t-il.

Pourtant le Conseil régional de Louga a mis en place le guichet de l’investissement pour accueillir et orienter les émigrés vers des secteurs porteurs.

Une initiative louable. Mais, Ousseynou Der, un émigré de retour à Louga, fustige sa politisation. «Ne me parlez du guichet de l’investissement ! Tout ça, c’est de la politique. Si, vous n’êtes pas un militant du parti du président de Conseil rural, vous ne pouvez rien espérer de cette structure. La preuve, personnellement, j’ai eu à gagner un marché pour construire des salles de classe, avec une petite entreprise que j’ai créé depuis mon retour, grâce Feu Samba Khary Cissé. Mais avec Moustapha Ndiaye, c’est autre chose. Or, je refuse de faire de la politique pour gagner des marchés», argue-t-il.
Problématique du foncier

Du côté du Conseil régional, on soulève un autre problème. C’est la saturation du périmètre communal. «Les populations augmentent alors que le périmètre n’est pas extensible. Depuis plusieurs années, la municipalité a introduit une demande d’extension du périmètre communal mais le décret tarde à tomber», confie Momar Cissé de la division économique et développement du Conseil régional de Louga.

Pis, les communautés rurales rechignent à céder leurs terres. Et pour cause, le cas échéant, elles seront assujetties aux taxes et autres impôts.

L’autre lourdeur que reconnait l’agent municipal, ce sont les taxes notamment celle sur le foncier battu, la TVA, le TOM. Autant de prélèvements qui freinent les volontés d’investissement. C’est pourquoi, les gens sont réticents à investir sur le secteur dit formel.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le Conseil Régional de Louga a décidé de tenir un séminaire sur la levée des contraintes du secteur privé pour promouvoir le développement économique, sanitaire etc. L’objectif est de promouvoir un secteur privé local fort afin de créer de l’emploi.

Parce que le constat général, c’est que le Sénégal est devenu une vaste soute de produit chinois au détriment des produits locaux. «Heureusement que nous n’avons pas signé les APE. Il faut une politique intelligente pour créer de l’emploi», indique M. Cissé.
Des investissements à perte

La rivalité entre les émigrés aboutit souvent à des investissements à perte. La plupart de non expatriés font dans le voyeurisme. De Louga, à Matam en passant par Saint-Louis, le constat est le même. Des immeubles non habités, des villas perdues dans le dessert, des étages installés au fond fin du Fouta. Le décor est hallucinant. Si, les phénomènes des étages est lié à l’absence d’espace dans certaines villes envahies par l’exode rurale, dans ces parties du Sénégal susmentionnées, on construit pour le prestige. C’est une véritable revanche sur la société des émigrés, constitués pour la plupart des analphabètes au destin assombri par une société trop envahissante. Ceux qui «réussissent» explosent alors leur richesse. Parmi ces émigrés, on cite dans le Fouta, Demba Sy plus connu sous le surnom de «BES». Cet émigré de l’Afrique centrale a été le premier à installer un hôtel dans son village : Orkodiéré. Zone éloignée des centres d’affaires du Fouta, ce joyau est en train de mourir de sa belle mort. D’autres l’ont suivis mais avec plus ou moins de réalisme.
Notamment l’installation des auberges à Ourossogui par la famille Basse. A Saint-Louis, c’est le même constat notamment à Ndioum ! Cette ville du département de Podor est en passe de devenir le carrefour d’affaires du Fouta. Mais, son développement exponentiel, dû à sa position géographique, peine à s’accommoder avec les us et coutumes de la culture Halpoular, réputée trop conservatrice. Et ce sont les investissements des émigrés qui prennent un sacré coup.

En plus des infrastructures de base (mosquée, poste de santé, école, lycée, maternité, forage etc.), les émigrés ont essayé de fructifier leurs avoirs en investissant dans l’agriculture et l’hôtellerie. Mais, les obstacles de manquent pas non plus. L’accès à la terre et les idées reçues freinent l’engouement de beaucoup de ressortissants basés à l’extérieur.

Harouna Dia, originaire de Thiaklé village situé à 12 km de Ndioum a dû passer par l’influence de thierno Mouhamadou Samassa pour construire son hôtel qui porte d’ailleurs le nom du marabout. Malgré tout, certaines choses ne peuvent pas être admises dans l’enceinte. Son gérant, Ousmane Camara de Goléré, confie : «nous ne vendons pas de boissons alcoolisées. D’ailleurs, il n’y a même pas de bar. Et comme vous pouvez le constater, il n’y a pas non plus de piscine malgré la canicule».

«Ce sont des choses qui sont encore mal vues ici. Même des membres de famille résignent à venir vous rendre visite si vous dites que vous logez à l’hôtel. C’est la mentalité des gens. L’hôtel est considéré comme un lieu de perversité, de débauche. Or, c’est erroné. Les gens font pire sans aller à l’hôtel», semble-t-il déplorer.

La clientèle est plutôt composée des agents travaillant au MCA (Millénium Challenge Account), du MF (Ministère des Finances), des ONG etc.

Et dire qu’avec position géographique de Ndioum, la ville aurait dû être le centre des affaires du Fouta. Avec les ponts de Madina Ndiatbé et de Gouye (Pete) qui désenclavent plusieurs villages; les fleuves du Sénégal et son affluent à Doué, Ndioum qui est loin d’être une zone d’émigration par excellence, aurait pu aider sa jeunesse à sédentariser davantage.



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