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Conseil des ministres décentralisé : Saint-Louis attend toujours son « Plan Marshall »

Mercredi 6 Juin 2012

Conseil des ministres décentralisé : Saint-Louis attend toujours son « Plan Marshall »
Salué par les populations, le premier Conseil des ministres décentralisé pourrait bien être une véritable plate-forme pour jeter les bases d’un « Plan Marshall » pour Saint-Louis afin de lui assurer une véritable renaissance économique et culturelle. Les Saint-Louisiens fondent beaucoup d’espoir sur ce déplacement des plus hautes autorités de l’Etat.

Saint-Louis revêtira, l’espace d’un jour, ses atours de capitale du Sénégal. Macky Sall, son Premier ministre et l’ensemble du gouvernement y séjourneront, ce jeudi, pour un Conseil des ministres très attendu et qui sonnera peut-être un nouveau départ pour l’ancienne capitale, après les espoirs déçus de la célébration des 350 ans de la vieille cité, en décembre 2009. De par le passé, la ville de Saint-Louis avait, de par sa culture et surtout son modèle d’éducation et de formation. Le régime défait le 25 mars dernier avait promis d’apporter son soutien à la ville et à œuvrer pour son rayonnement sur tous les plans. Bercé d’espoir, la ville tricentenaire a attendu des programmes de réhabilitation du patrimoine, d’aménagements urbains, d’investissement en matière de santé et d’éducation. En vain. Avec ce premier Conseil des ministres décentralisé, l’espoir renaît. Et les populations attendent beaucoup de ce déplacement des plus hautes autorités dans le domaine des inondations, de l’assainissement, de la pêche, de l’agriculture, de la valorisation du patrimoine, du tourisme et de l’artisanat.

Les inondations, un défi à relever
La gestion des eaux pluviales et usées représente l’un des problèmes les plus épineux que connaît actuellement la ville de Saint-Louis. A chaque hivernage, c’est l’éternel recommencement, avec les mêmes tares et les mêmes désagréments. A la moindre chute de pluie, la cité est inondée. Des programmes durables sont donc à mettre en œuvre pour régler le problème d’évacuation des eaux pluviales et d’assainissement.

Pêche : le casse-tête des licences et arraisonnements
Fondement principal de l’économie saint-louisienne, la pêche garantit l’existence de centaines de milliers de personnes qui en dépendent, directement ou indirectement. Mais, si l’activité représente le premier secteur économique et entretient un marché prospère, elle tarde cependant à décoller. Les attentes sont nombreuses. Parmi celles-ci, figurent en bonne place la réhabilitation du port fluviomaritime, l’augmentation du nombre de licences accordées par la Mauritanie au Sénégal, dans le cadre du Protocole de la convention en matière de pêche, et aussi le règlement du problème des arraisonnements des pirogues et arrestations de pêcheurs en Mauritanie.

Les femmes transformatrices font également face à d’énormes difficultés. Elles souhaitent des financements et des unités de froid pour la conservation du surplus de captures en période de surabondance. Il y a aussi le problème de la brèche dont la stabilisation pourrait diminuer le nombre des accidents en mer. L’avancée de la mer menace aussi cette ville située à l’extrémité des côtes sénégalaises.

Agriculture : le défi de la souveraineté alimentaire
Avec un potentiel de 240.000 hectares de terres fertiles, un excellent réseau hydrographique et des conditions climatiques exceptionnelles, la région de Saint-Louis possède tous les atouts pour l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. De grands bonds ont été réalisés dans nombre de spéculations comme la tomate, l’oignon, le maïs, le mil, l’arachide d’huilerie, le manioc et surtout le riz. Selon la Société d’aménagement des terres du Delta et de la Falémé (Saed), les augmentations régulières de la production de riz ont permis de limiter les importations.

En 2010, le Sénégal a importé 650.789 tonnes de riz, son niveau le plus bas depuis 2001. Cela a également favorisé la baisse de la valeur des importations de riz qui est passée de 286 milliards à 140 milliards de francs Cfa en 2010. Aujourd’hui, les attentes des paysans de la vallée du fleuve Sénégal est un accompagnement pour que cette zone retrouve son statut de grenier du pays, afin de relever le défi de la souveraineté nationale alimentaire, grâce notamment au renforcement du parc de matériels agricoles mécanisés et une volonté politique affirmée et appliquée.

Patrimoine, un héritage en péril !
Ville tricentenaire, Saint-Louis présente un ensemble urbain, architectural, historique et culturel parmi les plus remarquables de l’Afrique de l’Ouest. Ses valeurs architecturales et son rôle dans la formation des élites politiques en Afrique de l’Ouest ont été mis en avant pour son classement au Patrimoine mondial de l’humanité, en 2000, après un premier classement, en 1976, comme secteur sauvegardé par le président Léopold Sédar Senghor.

Aujourd’hui, le bien inscrit sur la liste du patrimoine mondial en 2000 forme une superficie de 72 hectares et comprend, entre autres, 185 îlots constituant les ensembles fonciers, 1.900 constructions réparties au sein de 1.344 unités architecturales, 65 rues, places et quais constituants les espaces publics, 3 ponts permettant d’accéder sur l’île depuis Sor et la langue de Barbarie.
De nombreux édifices ont été rasés ou sont dans un état de ruines nécessitant une totale reconstruction. La situation est alarmante. 10 à 20 % des constructions sont menacées de ruine et plus de 30 % nécessitent de grosses réparations. Ces bâtiments, chargés d’histoire et de symboles méritent, aujourd’hui, un regard nouveau pour une reconnaissance de leur valeur patrimoniale. Malgré le Plan de sauvegarde et de mise en valeur (Psmv) élaboré et approuvé par décret présidentiel n°2008-694 et qui est en application depuis le 30 juin 2008, la dégradation progressive du patrimoine de cette ville ne s’est toujours pas stoppée. Au-delà de l’existence de ce Psmv, un comité de sauvegarde a été créé par arrêté ministériel, mais tarde toujours à être mis en œuvre.

Tourisme, un secteur à booster
La région de Saint-Louis, qui recèle un beau patrimoine historique, culturel et naturel a tout pour incarner un grand pôle touristique. Mais, de nombreuses contraintes freinent, aujourd’hui, son développement. Parmi celles-ci, on peut noter la concurrence déloyale, l’hébergement et le guidage clandestin, l’absence de liaisons aériennes, de grands tours operators et de grandes chaînes hôtelières, l’inexistence de police touristique et l’insalubrité. La promotion du tourisme s’avère incontournable pour valoriser les différents patrimoines qu'offre la vieille cité et permettre au secteur de contribuer à l’édification d’une économie forte et diversifiée. Avec tout son potentiel, Saint-Louis est une destination qui, bien encadrée et bien gérée, peut permettre au tourisme d’être un élément de réduction de la pauvreté. Et les acteurs du secteur sont unanimes à reconnaître qu’il faut à Saint-Louis des standards internationaux, pour que les touristes y viennent.

A côté du tourisme, l’artisanat a également un rôle important à jouer. Mais ce secteur, depuis quelques années, connaît un net recul. Le riche patrimoine architectural, culturel et naturel pour lequel s’est développé un tourisme ne profite pas beaucoup aux artisans. Avec ses 8 cases, 28 stands et trois unités, le village artisanal est tombé dans une profonde léthargie. Le manque de publicité et de fréquentations des touristes a davantage plombé les activités des artisans qui ne souhaitent qu’un appui pour booster leur secteur.

Aujourd’hui, les attentes sont nombreuses. Ce premier Conseil des ministres décentralisé pourrait bien être une véritable plate-forme pour jeter les bases d’un « Plan Marshall » pour Saint-Louis, afin de lui assurer, dans les mois ou années à venir, une véritable renaissance économique et culturelle.

Samba Oumar FALL
Source: Le Soleil


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