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Dans le fleuve Sénégal, de grosses crevettes pour lutter contre la bilharziose

Dimanche 6 Septembre 2015

600 millions de personnes sont exposées chaque année à cette affection très invalidante, qui fait 300 000 morts par an.


Les membres du projet « Espoir pour la santé » ont relâché un grand nombre de crevettes à proximité d’un des deux villages sénégalais étudiés. Après un an et demi, le nombre d’escargots infectés par les parasites a baissé de 80%.
Les membres du projet « Espoir pour la santé » ont relâché un grand nombre de crevettes à proximité d’un des deux villages sénégalais étudiés. Après un an et demi, le nombre d’escargots infectés par les parasites a baissé de 80%.
À la suite d’une idée de l’ONG française « Projet crevette », des biologistes américains (université Stanford), israéliens (université Ben Gourion), français et sénégalais du Centre de recherche biomédicale de Saint-Louis (au nord de Dakar) testent sur le terrain la réintroduction de crevettes en vue de restaurer une lutte biologique contre la bilharziose.

Aussi appelée schistosomiase, cette maladie est la parasitose la plus répandue au monde après le paludisme : 600 millions de personnes sont exposées par an. Très invalidante, elle entraîne des troubles chroniques du foie et de l’appareil urogénital. 300 000 personnes en meurent chaque année. Le parasite, un petit ver appelé schistosome, est présent dans l’eau douce.

Les larves du schistosome se multiplient dans des escargots d’eau douce avant d’être libérées dans l’eau. Lorsque les gens se baignent, marchent ou puisent de l’eau des lacs, marigots ou rivières, les larves traversent la peau et infestent les vaisseaux sanguins.
Une crevette, prédateur des escargots porteurs du parasite

Les membres de l’ONG ont constaté une recrudescence de bilharziose depuis la construction de barrages destinés à limiter la remontée des eaux salées à l’intérieur des vallées fluviales. Ces derniers ont totalement modifié le milieu et fait disparaître certains types de crevettes, qui ont besoin d’eau saumâtre – mélange d’eau douce et salée – pour se reproduire.

Or, en laboratoire, les chercheurs américains ont observé qu’une espèce de crevettes d’eau douce, qui défend avec agressivité son territoire, est un prédateur naturel des escargots. Il s’agit de la Macrobrachium vollenhovenii, une crevette de couleur grise mesurant jusqu’à 18 cm à l’âge adulte, possédant des pinces très massives, avec lesquelles elle brise les coquilles des mollusques pour accéder à leur chair.
Une réintroduction des crevettes efficace contre les contaminations

Une première phase d’expérimentation, dont les résultats viennent d’être publiés (1), montre l’intérêt de restaurer la présence de ces crevettes. Les chercheurs ont comparé la situation de deux villages sénégalais. Dans le premier, l’équipe du projet appelé « Espoir pour la santé » a relâché un grand nombre de crevettes à un point d’accès à la rivière utilisé quotidiennement par les habitants.

Après dix-huit mois, les chercheurs ont constaté une réduction de 80 % du nombre des escargots infectés par les parasites, ainsi qu’une diminution de 50 % des personnes contaminées par ces vers, comparativement au village témoin.
Bientôt une expérience à plus grande échelle

Les médicaments actuels contre la bilharziose ont une efficacité limitée dans le temps, ce qui entraîne une réinfection rapide. Les crevettes pourraient offrir une stratégie complémentaire. « De plus, elles peuvent faire l’objet d’une aquaculture, une activité économique source de revenus », ajoute Susanne Sokolow, de l’université Stanford, coauteur de l’étude.

« Actuellement, les chercheurs vérifient ces premières observations à grande échelle, et ils commenceront bientôt un grand élevage de crevettes », précise Gilles Riveau, immunologiste CNRS à l’Institut Pasteur de Lille, responsable du Centre de recherche biomédicale de Saint-Louis (2). Ils envisagent de procéder à une manipulation biologique pour que naissent plus de mâles, qui possèdent des pinces beaucoup plus fortes, que de femelles.
Denis Sergent

(1) Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (PNAS juillet 2015).

(2) Ces travaux bénéficient du soutien de plusieurs fondations, publiques (Institut américain de la santé, NIH) et privées (Fondation Bill et Melinda Gates).

La-croix.com


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