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[ENQUETE] Saint-Louis: Etat-civil, attention les arnaqueurs sont là !

Jeudi 3 Novembre 2011

[ENQUETE] Saint-Louis: Etat-civil, attention les arnaqueurs sont là !
11h45, à la Mairie de Saint-Louis. Sur le parvis de l’hôtel de ville ou réside l’Etat-civil, un flot humain attend en longue file et en silence. Ici, chaque journée a son lot de perturbations : querelles entre clients ou entre agent municipaux, protestations d’une personne qui en a marre d’attendre. Tout peut arriver à tout moment. Chaque matinée, se ressemble. Élèves et étudiants attendent le visage crispé. « C’est trop lent », tel est le soupir qu’on nous donne en réponse lorsqu’on questionne les visiteurs sur cette attente sans fin.

En effet, obtenir des actes ou faire des déclarations (naissance, décès, mariage) à la mairie de Saint-Louis est un vrai parcours de combattant.

Mais la lenteur que dénoncent certains comme la cause d’une forte demande gérée par un petit personnel est pour d’autres, une forme de chantage qu’imposent des agents pour être soudoyés.

« Un jour, je suis venu ici, j’ai trouvé une longue file et j’étais très pressé. Un agent m’a aussitôt repéré, il savait que je venais de l’extérieur (il porte des rastas). Aussitôt, il m’a proposé de lui donner quelques sous et comme cela il va accélérer ma demande. J’ai obéi à ses ordres et au bout de quelques minutes, il revient me remettre mon extrait de naissance. C’est une action à dénoncer même si on est obligé de se soumettre des fois pour avoir rapidement nos papiers». Ce récit est le témoignage d’un fidèle lecteur de NdarInfo qui nous a contactés pour dénoncer ces pratiques.

Une personne, trouvée sur les lieux réagit : « Ce qui se passe là-bas, c’est de la vraie magouille ! Tu as assez d’argent, les choses sont rapides. Tu n’en a pas assez, tu vas languir derrière une file indienne. Et même si on t’enregistre et qu’on te donne rendez-vous le lendemain, tu peux revenir et qu’on te dise que ton dossier n’est pas encore signé par le Tribunal ! ».


Les témoignages des frustrés seront nombreux au fil de notre enquête. Pour en savoir plus clair, nous décidons de parler au responsable. Sur la porte principale, le receveur refuse de discuter. Après avoir décliné notre identité, il accepte de nous laisser passer. Nous nous dirigeons au premier étage vers Ibrahima Gueye, un des chefs de division de l’Etat-civil, réputé pour sa disponibilité et son franc-parler.

L’homme porte des lunettes et supplante une masse infinie de papier et de cachets. Dans le petit réduit vitré qui lui sert de bureau, on peut voir des mentions aux murs avec les numéros des agents. Un ventilo fixé au mur balaie paisiblement cette chambrette et lui donne une bouffée d’air sans lequel on se croirait enfermé dans un office crématoire. Iba Gueye est grand, biens dans sa chair, teint clair, une voix rauque de stentor qui prouve en lui une forme d’autorité et de fermeté.

« Je suis ravi de voir accueillir, laissez-moi finir quelques papiers à cacheter et je suis disposé à répondre à toutes vos questions », nous lance-t-il les bras ouverts.

Au fil, des questions, le juriste répond sans hésitation, tout en insistant : « je suis direct et vous pourrez vérifier tous mes propos si vous le voulez».

« Le problème des Mairies du Sénégal, est que ce sont des formations politiques divergents qui les dirigent et qui parfois n’ont pas la même perception des missions et objectifs à atteindre », s’explique-t-il au début comme pour accepter qu’un dysfonctionnement existe dans l’institution.

Après les petites questions d’entrée, on l’interpelle sur ‘’la lenteur’’ que déplore certains dans leur traitement de leurs dossiers à l’Etat-civil. Il s’engage : « Il n’y a aucune lenteur ici et je vais vous expliquer pourquoi. Tous les actes que nous faisons à l’Etat-civil doivent être faits en trois exemplaires et à la main. C’est pourquoi, le rythme de production est lent. Mais il n’y a aucune volonté ici de retarder le travail ou de retenir les clients de façon délibérée’’.


Les politiciens fatiguent les agents


« Le problème est que parfois, des politiciens qui pensent que la Mairie leur appartient amènent une trentaine d’actes à délivrer à l’instant. Les politiciens fatiguent les agents », regrette-t-il. .

Lorsque nous lui parlons d’une présumée ‘’magouille’’ au sein de sa division, il nie en bloc et proclame : « Les agents ne font pas ces genres de pratiques. Tous ceux qui faisaient ces genres de choses, ont été identifiés et redéployés vers d’autres secteurs. Ce sont des rabatteurs qui tournent autour de l’Etat-civil et qui arnaquent la population. Ils sont nombreux. »

Ferme dans sa conviction, il promet une plainte contre X pour que justice soit faite. Néanmoins, pour décanter cette situation, il nous montre, tiré d’un tiroir, un arrêté du Maire signe Mouhammadou Abiboulaye Dièye (vrai nom de Cheikh Bamba Dièye) portant création des deux autres centres secondaires (un, aux HLM, en face de la mosquée mouride et un autre dans le village de Ngallèle. L’arrêté devait entrer en vigueur en février dernier.


Seulement, pour ce militant du parti Tekki, « la population n’est pas rétroactive et ne nous aide pas dans le travail que nous faisons. Les gens laissent jusqu’à l’ouverture des classes pour s’entasser ici alors qu’au mois d’août et de septembre la salle est vide. Pourtant, ils savent que les actes durent trois mois mais ils préfèrent bizarrement venir tous au même endroit et au même moment », a t’il déploré.

Près de 24.000 actes ont été informatisées

« Imaginez qu’on reçoit chaque année 200 mille demandes du lycée Ahmet Fall, 200 mille autres du lycée Charles De gaulle et des autres, le travail que cela nous fait ! J’ai fait beaucoup d’émissions sur les radios pour sensibiliser les gens (ndlr : il nous mettre un cd audio) mais ils n’écoutent pas. D’autres viennent parfois nous poser des questions dont les réponses sont pourtant affichées sur le panneau d’affichage », ajoute t’il d’une voix rabaissée.

Pourtant, au fil des enquêtes, nous trouverons que la Mairie fait aujourd’hui une vraie performance dans le traitement des actes. Au temps de Ousmane Masseck, ‘’seul 15 actes étaient délivrés par jour. Maintenant le traitement n’as pas plus de limite’’, témoigne un agent. En plus, avec le processus d’informatisation des dossiers, près de 24.000 actes ont été informatisés. Cela concerne des dossiers fournis entre 1980 et 1994.

Les agents de l’Etat civil perçoivent 47 mille francs par mois

Ce processus se poursuit. Seulement, ne respectant pas les normes Iso, les dossiers qui seront traités n’auront pas leur garantie et leur fiabilité. ‘’Un projet espagnole est entrain de résoudre ce problème et fera bientôt les installations nécessaires dans le nouveau centre qui délivrera les papiers d’Etat-civil’’, confie M. Guèye.

Pour les agents municipaux, le problème n’est pas imputable à la Mairie et revient à l’Etat qui devait considérer l’agent de l’Etat-civil comme un fonctionnaire.

Les agents de l’Etat-civil perçoivent en effet une somme de 47 mille francs par mois malgré le dur labeur auquel ils sont soumis, chaque journée.

Au vu de tout cela, Iba Gueye reste pessimiste mais toujours direct : « la population doit prendre conscience des sacrifices que ces agents font ».

Cheikh Saad Bou Seye



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1.Posté par MND le 05/11/2011 12:22 | Alerter
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Apparemment les choses ont changé alors ! Je donnais toujours de la marie de Saint-Louis comme exemple de transparence ! En effet, je cherchais un extrait et arrive sur les lieux j ai vu deux guichets avec deux pris différents (1000 F et 200 F je crois). En payant 1000 f on l'avait presque immédiatement et 200 F le lendemain je crois. Je trouvais cela plus transparent et plus acceptable que de corrompre un employé. Au moins ce qu on payait allait d’abord dans les caisses communales et non dans la poches d’un prive mais on dirait que les choses ont change et je ne vais plus donner l'exemple dans mes conférences !

2.Posté par gueba le 05/11/2011 20:40 | Alerter
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la corruption est un fléau qui porte atteinte à l'image de toutes les structures administratives du sénègal,moins à l'état civil qu'ailleurs.les corrupteurs sont aussi coupables que les corrompues.il faut du temps pour installer des changements au niveau des comportements.il ya ,c'est indègnable une meilleure gestion.ce qu'il faudrait c'est dénoncer les corrompus et les sanctioonner systématiquement

3.Posté par Bbacké le 11/11/2011 23:39 | Alerter
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il faut vraiment un grand coup de balai pour nettoyé ! pas possible d'attendre une semaine pour avoir un extrait; et l’histoire des corrompus il faut voir ça tout suit, ça peut entraîner certain agents a faire des fausses papiers a des clients qui ne savent pas lire et c'est grave, ont ne joue pas avec les papiers.

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