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[ENTRETIEN] Amara Traoré : 'J'alerte Giresse, il doit faire très attention'

Vendredi 30 Mai 2014

Ancien sélectionneur national, Amara Traoré suit avec attention l’évolution de l’équipe du Sénégal. Aujourd’hui, il dit nourrir des inquiétudes. Pour lui, les Lions ne seront pas prêts au mois de septembre. Suffisant pour inviter Alain Giresse à être très attentif. Entretien

Coach, nourrissez-vous des regrets après votre limogeage par Horoya AC de Conakry ?

Placer une équipe comme le Horoya à ce niveau de la Coupe africaine a été une grande
performance. Des regrets, il y a en dans la mesure où il y avait de grands projets avec le président Antonio Souaré. Moi, j’ai toujours travaillé par rapport à un projet. C’était le cas quand j’avais pris la Linguère de Saint- Louis qui était au bord de la D3. En trois ans, j’ai fait de cette équipe l’une des meilleures du Sénégal. C’était le cas aussi avec l’équipe nationale qui n’était qualifiée ni à la CAN-2010 ni au Mondial de la même année. En deux ans, j’ai réussi à la mettre sur orbite. En six mois, j’ai pu hisser l’ASC Kaloum de Conakry à la 3ème place du championnat. À Horoya j’ai signé un contrat de deux ans avec l’objectif très clair d’amener l’équipe le plus loin possible en Coupe d’Afrique.

Pensez-vous avoir atteint cet objectif avec cette élimination aux portes de la phase de poules de la Coupe de la CAF ?

Absolument, parce que nous sommes rentrés dans l’histoire du football guinéen en franchissant le premier tour. Aucune équipe guinéenne n’avait réussi cela depuis le grand Hafia. Depuis 15 ans, la Guinée n’avait jamais dépassé le cap du premier tour en Coupe d’Afrique. Avec Horoya, on a fait huit matchs de Coupe d’Afrique. On était à cinq minutes de la phase de poules de la Ligue des Champions. Le deuxième objectif, c’était d’être champion de Guinée. On pouvait y arriver parce que j’avais deux matchs en retard et il restait 12 matchs de championnat. Je savais que l’équipe n’avait pas l’effectif qui lui permettait de jouer sur deux tableaux. C’est pour cela que j’ai mis en place des stratégies qui me permettaient de me concentrer sur la Coupe d’Afrique parce qu’on avait le temps de revenir en Championnat. Donc, je pense que c’est un limogeage arbitraire.

Qu’est-ce qui a, selon vous, motivé votre limogeage ?

Je remercie le président Antonio Souaré car il a fait preuve de grandeur d’esprit. Il a une vision. Malheureusement, le football guinéen est confronté à un problème de statut. C’est un football amateur avec des mécènes qui tentent de le professionnaliser, bien évidemment avec l’accord de la Fédération. Quand on vient dans une équipe avec une nouvelle organisation, forcément il y a des personnes qu’on dérange. C’était mon cas à Horoya. Mon limogeage n’a rien à voir avec le président car les gens voulaient le faire depuis plus d’un mois. Il s’y était toujours opposé parce qu’il savait que j’étais en train de remplir le cahier des charges.

Ne pensez-vous pas avoir fait une erreur de casting en quittant l’AS Kaloum pour le Horoya AC ?

Moi je ne calcule pas. Je suis un entraîneur qui travaille autour d’un projet. Quand j’arrivais à Kaloum, c’était pour signer un an de contrat sous réserve de me décider si j’allais continuer ou pas. J‘ai pu mettre l’ASC Kaloum sur orbite. Parfois les gens font des commentaires sans saisir les tenants et aboutissants. Quand même, moi je ne suis pas un entraîneur de rue. S’il faut signer un contrat pour être remercié au bout de deux ans, il ne faut rien signer. J’ai signé un contrat clair avec Kaloum c’est pour cela qu’à mon départ, il n’y a eu aucun problème, personne ne nous a entendus. Dans un contrat, tout le monde peut partir à tout moment mais en respectant les termes. La Guinée a été une très bonne expérience pour moi. J’adore le football guinéen même s’il y a des choses qu’il faut améliorer.

Après vos limogeages de l’équipe nationale du Sénégal et de Horoya AC, n’est-il pas temps pour vous de faire votre propre introspection ?

Mais dites-moi, est-ce qu’il y a un entraîneur au monde qui n’a jamais été limogé dans sa carrière ? Donc tout le monde doit faire sa propre introspection. Le limogeage va avec le métier.

Quel regard jetez-vous sur l’évolution de l’équipe nationale ?

Quand on voit ce qui se passe, on sent que c’est une équipe qui est en phase de reconstruction. Aujourd’hui, l’équipe n’est pas qualifiée pour la Coupe du monde, mais elle a devant elle les éliminatoires de la CAN-2015. Elle est dans une poule qui n’est pas du tout facile. Pour se qualifier, il faut mettre beaucoup de stratégies. J’alerte Giresse : il doit faire très attention. Dans cette poule, il y a l’Égypte et la Tunisie qui ont des joueurs locaux capables de jouer partout en Afrique. Les clubs tunisiens et égyptiens jouent régulièrement les compétitions africaines de clubs. Ce qui équivaut aux 7 premières places de la Ligue 2 française. Quand on pousse plus loin, Al Ahly ou Sfax ont le niveau des 10 dernières places de la Ligue 1 française. Donc, l’erreur c’est de croire que ces locaux ne jouent qu’en Afrique et qu’il faut juste venir leur marcher dessus. Loin de là, ce sont des locaux valeureux. Comparés à nos joueurs, à l’exception de quelques-uns, ils jouent au même niveau.

Quelles stratégies faut-il mettre en place pour s’en sortir ?

Je pense qu’Alain Giresse est intelligent, outillé et qu’il sait qu’il lui faut des stratégies qui lui permettront de contrer ses adversaires. Il faut réussir le plein de points à domicile. Ensuite, essayer de tout faire pour ne pas perdre de point face à la Tunisie et à l’Égypte. C’est ce que nous avons réussi lors des éliminatoires de la CAN-2012. Je pense qu’il faut développer ça. La réflexion doit être menée autour de ça. On n’a pas à avoir peur de ces équipes là parce qu’on est capable de se qualifier. Alain (Giresse) est en train d’essayer beaucoup de choses pendant les matchs amicaux. J’ai suivi les débats. Mais il faut comprendre que c’est durant ces matchs amicaux qu’il faut essayer des combinaisons car en match officiel, seul le résultat sera retenu. Giresse, que je salue au passage car il est l’une des rares personnes qui m’ont appelé après mon limogeage pour m’encourager, connaît à un ou deux joueurs près, l’équipe qu’il compte aligner pour assurer la qualification. Maintenant, une sélection est toujours difficile parce que ça peut se jouer sur une blessure ou la méforme de joueurs.

Le début des éliminatoires coïncide avec le démarrage des championnats européens en septembre. Pensez-vous que les Lions seront prêts ?

Les championnats européens sont arrêtés et au mois de septembre, date du démarrage des éliminatoires, les joueurs ne seront pas prêts. L’avantage de nos adversaires arabes, c’est qu’ils vont jouer des championnats chez eux et vont aussi continuer à jouer les phases de poules des compétitions africaines de clubs. Ça ne sera pas la même intensité et ces payslà peuvent disposer de leurs joueurs quand ils veulent et à temps réel. Tous ces paramètres doivent être intégrés dans la stratégie.

Que pensez-vous du travail de Giresse avec les Lions ?

Je ne suis pas là à juger Giresse, mais plutôt dire que le travail de sélectionneur est très compliqué et complexe. On dirait que les gens sont un peu amnésiques mais c’est ce que nous avons vécu à Bata : le problème d’efficacité qui revient toujours. On se procure énormément d’occasions sans les concrétiser. Quand on veut être aveugle, forcément on ne pourra pas trouver des solutions dans ce sens. L’équipe nationale n’a jamais eu de problème de jeu. C’est l’efficacité offensive qui pose toujours problème.

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