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ENTRETIEN EXCLUSIF avec Meissa Gaye: ‘’Le problème des licences de pêche est entretenu par une forte mafia très organisée.’’

Mardi 11 Octobre 2011

Meissa Gaye, le Président du Mouvement des marins et pêcheurs artisanaux et industriels (MMPAI), était âgé de 11 ans seulement lorsqu’il découvrit la pêche artisanale. Le natif de Gueth Ndar navigua presque à travers toutes les cotes d’Afrique pendant 22 ans, aux moyens d’armateurs espagnols et obtenu le titre d’officier volontaire.

En 2OO0, il revient à la terre ferme et crée le Mouvement des Marins et pêcheurs artisanal et industriels avec des maîtres d’équipages, des officiers de pêches et des marins qualifiés.

Au Conseil des quartiers de Gueth ndar, il devient président de la commission locale de pêche en 2010. Ce membre polyvalent du quai de Gueth Ndar fait parti des responsables qui participeront activement à la mise sur pied de l’acte de politique pour la défense des droits des pêcheurs de Saint-Louis. Une cellule qui servira d’intermédiaire entre l’Etat et les pêcheurs et réclamait notamment l’octroie aux pécheurs d’attestation et livrets marines faits à Saint-Louis, par niveau de la marine marchande du Sénégal.
Il revient ici sur les problèmes de pêcheurs, sur l’épineuse question des licences pêches et dessine de voies de sorties pour améliorer le secteur.
Entretien


Meissa Gaye
Meissa Gaye
NdarInfo: Quels sont les problèmes qui gangrènent la pêche à Saint-Louis ?

Meissa Gaye: Il faut dire que le gaspillage des ressources halieutiques est intense entre bateaux européens, asiatique et pêcheurs artisanaux. Les Bateaux jettent des produits chimiques dans la mer et tuent les poissons, les pêcheurs artisanaux violent les traités de pêche et utilisent parfois les filets dormants, interdits par l’Etat. Ces files ne se vendent plus au Sénégal mais les pécheurs vont les chercher en terre mauritanienne et les introduisent frauduleusement sur le territoire national.

Du coté de l’Etat également, on impose aux pêcheurs des numéros d’immatriculation pour les pirogues simples (15 000 francs) et pirogues avec files en tournée (25 000 francs). Ces redevances ne nous reviennent pas et n’apparaissent dans notre environnement immédiat. L’Etat doit contrôler rigoureusement le travail du service de pêche de Saint-Louis et de ces millions qu’il récupère chaque jour.
Ensuite, il faut souligner que la langue de Barbarie est saturée et elle doit être désenclavée.
Concernant les problèmes qu’engendrent les licences de pêche, L’Etat peut trouver d’autres contrats de pêche ailleurs qu’en Mauritanie. Cela peut réduire nos problèmes, considérablement. En Bissao, par exemple, les licences sont équitables et transparents même si la mer n’est pas très poissonneuse.
Les problèmes des licences de pêche entre le Sénégal et la Mauritanie n’est pas un problème étatique.
C’est un lobby d’arnaqueurs qui profitent de cette situation et qui veulent maintenir le bras de fer entre l’Etat mauritanien et les pêcheurs de Saint-Louis.
Je vous dis que certaines activités de pêche disparaitront automatiquement lorsqu’il y aura entente entre les deux pays camps.

NdarInfo: Quel est le vrai problème avec les licences de pêche mauritaniennes ?

MG: L’Etat mauritanien favorise ses citoyens et leur donne des subventions pour qu’ils viennent à Saint-Louis, chercher une vingtaine de pirogues et les amener. Tout un équipage travaille alors pour son compte alors qu’au finish le partage est inéquitable et injuste. Ces mauritaniens collaborent avec des entremetteurs et non avec le service régional de pêche. On en reviendra.
Si l’Etat du Sénégal faisait de même, on serait des milliardaires aujourd’hui. La pêche, c’est simplement une question de moyens.

Aussi, la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie est indéfinissable. La Mauritanie doit proposer des types de licences (files en tournée et file simple) et les pêcheurs achètent celles qui conviennent à leur bourse et à leur système de travail. Pourtant, c’est ce que fait la Guinée bissao.

ENTRETIEN EXCLUSIF avec Meissa Gaye: ‘’Le problème des licences de pêche est entretenu par une forte mafia très organisée.’’
Le Service régional de Pêche assume t’elle entièrement sa responsabilité ?

MG: Cette cellule travaille de façon opaque et n’informe pas les pêcheurs des conclusions tirées à la suite de leurs nombreuses rencontres avec les armateurs mauritaniens.
Les licences sont confectionnées dans du business et c’est un groupe de maures et de sénégalais qui en bénéficient en catimini. C’est une mafia très forte et très organisée.

Un maure donne des informations secrètes sur les périodes de sortie de la vedette mauritanienne qui fait ses patrouilles pour surveiller les cotes marines. Muni de ces informations, le pêcheur peut rester 2 jours dans la zone interdite et revenir sans problèmes avec du bon poisson. Il donne ensuite 25 000 à 50 000 mille francs à son informateur pour chaque pirogue. Imaginez qu’il ait amené 100 pirogues dans cette période !
Par ces activités frauduleuses, conservées par le business « chup chup », certains gardes de côtes mauritaniennes récoltent près 6 millions de nos francs chaque jour au détriment de l’Etat de Nouakchott.
Il faut un mettre sur place, le vite possible, un bureau d’encadrement regroupant la douane, les pêcheurs de Gueth Ndar, le service de pêches et la police. Si un mauritanien a besoin d’un pêcheur, il passe là-bas et les choses se feront dans la transparence et l’équité.

Les pêcheurs de Saint-Louis iront alors dans ce bureau pour trouver les contrats qui les arrangent et les signer.
Le Service de pêche ne fait que contrôler les pirogues qui reviennent pour récupérer le paiement des numéros d’immatriculations apposés sur chaque embarcations et ne font que cela. Aucun d’entre eux ne part en mer. Ils ne partent qu’en cas d’incident majeur comme les naufrages pour dépenser 800 000 mille francs de carburant en l’air sans rien trouver.

Lorsque les mauritaniens confisquent nos matériels, le Service enregistre mais ne les récupèrent pas. 14 041 pirogues sont immatriculées entre le Sénégal et la Mauritanie, et près de 6000 au Sénégal. D’autres ne l’ont pas encore fait. Si ces pirogues continuent d’être confisquées à ce rythme, le secteur de la pêche en perdra beaucoup.

NdarInfo: Quelles sont les causes des nombreux accidents en mer, notés ces derniers temps à Saint-Louis ? :

MG: C’est que les pêcheurs fuient la marine mauritanienne (patrouille en haute mer) jusqu'à entrer dans la zone des bateaux de pêche qui est très dangereuse. Ils le font pour pécher dans les côtes mauritaniennes réputées poissonneuses. Ce sont des pères de famille et ils ont besoin de nourrir leurs enfants et d’entretenir leurs femmes. Ils ne vivent que de cela et ne connaissent pas autre chose.
En cas d’accident pendant la nuit, ils sont introuvables parce que les pirogues sont en bois et ne possèdent pas d’outils signalétiques permettant de les localiser.
Tout peut arriver une fois en haute mer : mauvais temps, intempéries, surcharge de pêcheurs, mais surtout collision avec un bateau et la plupart du temps, les naufrages de pirogues à Saint-Louis sont causés par cela.

ENTRETIEN EXCLUSIF avec Meissa Gaye: ‘’Le problème des licences de pêche est entretenu par une forte mafia très organisée.’’

Quelles solutions envisagez-vous pour mettre un terme aux difficultés auxquelles les pêcheurs sont confrontés ?

MG: Ceux qui perdent leurs machines, leurs pirogues et parfois leur famille en mer, l’Etat doit les soutenir. En outre, la pêche à Saint-Louis ne doit pas être l’apanage des politiques sinon il sombrera à jamais.
Plus de 50 000 millions de francs sortent chaque mois dans la langue de barbarie et même plus. L’Etat doit chercher des bateaux ramasseurs et recruter des pêcheurs comme les européens le font. Les produits seront ensuite vendus à l’extérieur et la Nation toute entière en profitera.

Vous savez, les bateaux recrutent des pêcheurs à Gueth Ndar qui quittent ces bateaux à 5 heures du matin et reviennent le soir. Le bateau coréen ou européen les dépose sur des îles désertes avec leurs matériels de pêche et quelques nourritures. Au terme de toutes les activités, les européens cassent les prix sans complaisance et l’achètent parfois à 200 ou 300 cent, pour des poissons qui coutent très chers ! Si tous ces problèmes ne sont toujours pas résolus c’est parce qu’en réalité Khoureychy Thiam ne parle pas avec les bons interlocuteurs.

Le plus grave, c’est qu’il n y a aucune usine de conservation ou de transformation de poissons à Saint-Louis, il n y a que des usines de glaces. Un projet était venu, il y a quelques années pour mettre sur pied une usine de conservation à coté du service de pêche, ils ont refusé prétextant que c’est une zone maritime. Aujourd’hui, cette zone est marchandée et distribuée au plus offrant.

La gestion du quai de pêche sise à Gueth Ndar pourrait être optimisée en terme de revenus. Il fait 2 millions de chiffres d’affaires par an et peut produire vraiment plus. Ce quai peut avoir ses propres camions frigorifiques et vendre les poissions hors de Saint-Louis. Puisque que la marche du quai de pêche est tributaire des activités des pêcheurs, il faut renforcer les actions permettant de développer le secteur.

Propos recueillis par Cheikh Saad Bou SEYE
cheikh@ndarinfo.com


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