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Gueumbeul : Un village qui veut sortir des ténèbres

Mercredi 11 Janvier 2012

Le visiteur qui débarque, pour la première fois, au village de Gueumbeul, une localité de l’arrondissement de Rao, située dans la nouvelle Communauté rurale de Ndiébène Gandiole, à une dizaine de kilomètres de la capitale du Nord, sera enthousiasmé. Il sera, à coup sûr, impressionné et séduit par la beauté fascinante d’une nature joviale qui fait couler à nos pieds des flots de bonheur. Les 220 âmes qui vivent dans ce village qui a, presque, le même âge que la ville tricentenaire de Saint-Louis, caressent le rêve de disposer d’électricité, d’avoir des infrastructures scolaires et sanitaires et de bénéficier auprès de l’Etat et de ses partenaires de financements importants, qui permettront aux femmes et aux jeunes du terroir de mener des activités génératrices de revenus. Ce village est doté d’une jeunesse pleine de sève, en âge de travailler, mais, confrontée à d’énormes difficultés pour faire face au chômage....


Gueumbeul : Un village qui veut sortir des ténèbres
Pour rallier Gueumbeul, à partir de la ville de Saint-louis, il suffit tout simplement de débourser 500 Fcfa, pour un petit voyage à bord des taxis « clando » qui font la navette entre le village de Ndiébène Gandiole et la capitale du Nord. Ces véhicules de transport en commun sont stationnés, régulièrement, à Sor, à quelques encablures de l’entrée du pont Faidherbe, où ils attendent leurs clients.

Il fait 11 heures trente ce dimanche. La matinée s’écoule lentement, accablante et épuisante. En vingt minutes, nous sommes déjà dans les localités environnantes de Gueumbeul. Nous sommes sous le charme de ce paysage atypique et avons les yeux éblouis par les lumières vives de ce panorama splendide. Cela nous fait un grand plaisir de découvrir dans cet endroit paradisiaque et idyllique, un monde brillant, riant, époustouflant, où un ballet aérien incessant de moineaux invite au dépaysement, où nous pouvons deviser tranquillement avec des concitoyens affables, humbles et modestes, qui dissimulent un sourire sarcastique. Le vent fort a du mal à étouffer ces cris d’oiseau et autres notes suaves qui s’élancent claires, lumineuses, belles et agréables.

Une onde d’exaltation nous fait vibrer le corps. Aimer la campagne, la respecter, relève d’une passion sublime, d’un désir brûlant. Ici, le climat change à tout moment. Tantôt, la chaleur est insupportable, tantôt, un brusque souffle d’air froid nous fait frissonner.

A hauteur du village de Bountou Ndour, nous interpellons un adulte. Nos questions indiscrètes allument une braise dans ses yeux qui expriment un étonnement mêlé de contrariété. D’un air dubitatif, il adopte une attitude qui exprime le refus.

Rassuré par notre projet de reportage sur Gueumbeul, il revient à de meilleurs sentiments et accepte de coopérer. Très disponible, il nous demande de descendre à hauteur de la Réserve spéciale de faune de Guembeul.

Dans ce village perdu dans l’anonymat, le visiteur rêveur se réveillera enchanté, s’il fait corps avec cette nature douce et simple qui exhibe fièrement quelques maisons construites en dur par des bras valides du terroir, notamment des pêcheurs.

Dans ce havre de paix, on ne connaît pas la perdition, la vie prestigieuse et la dépravation des mœurs. C’est un milieu sain où on nous offre l’opportunité de recouvrer la lucidité et de chasser de la tête toutes ces pensées enquiquinantes qui nous assaillent dans les centres urbains.

Pas d’électricité

Il fait 13 heures trente. Nous sommes dans le domicile du chef de village, Baye Mor Diop. Un sexagénaire détendu, enjoué, qui sourit avec indulgence. Sa voix porte. Très prudent, il répond à nos questions en détachant les mots avec nuance.

A l’entendre parler, on se rend compte que de nombreux jeunes, originaires de ce village, ont préféré aller monnayer leur talent ailleurs. En effet, comme il l’a souligné, les bras valides, des pêcheurs en général, sont régulièrement retenus à Mbour, Joal, en Casamance et dans d’autres zones de pêche de notre pays, pour des campagnes de pêche qui durent des mois. D’autres s’activent de toutes parts pour trouver un emploi décent dans les grandes villes. Les plus chanceux, a-t-il précisé, sont parvenus à s’installer en Espagne. Nous rendons grâce à Dieu, a-t-il ajouté, car, « nous avons de l’eau potable en permanence et en abondance, la borne fontaine du village arrive à ravitailler tout le monde. Tout ce que nous demandons en priorité au gouvernement, c’est de nous aider à connecter notre village au réseau électrique ».

Ensuite, a-t-il indiqué, il serait nécessaire de doter ce village d’infrastructures sanitaires et scolaires. Les populations de cette partie du Gandiolais sont obligées de se faire soigner au poste de Santé de Ndiébène Gandiole ou à Saint-Louis.

Quant aux élèves, ils s’installent à Ndiakhère, Dièle-Mbam, Ngayna et à Ndiébène Gandiole, pour y suivre leurs études. Les habitants de Gueumbeul, selon Baye Mor Diop, étaient des maraîchers avant l’existence du canal de délestage créé, en 2003, au niveau de l’embouchure pour protéger la ville de Saint-Louis des inondations. Avec cette brèche qui ne cesse de s’élargir, a-t-il fait remarquer, « l’eau est devenue très salée. Ce qui nous empêche de cultiver, nous avons assez de terres cultivables, le problème c’est de disposer d’eau douce et d’accéder au crédit pour mettre en valeur nos parcelles ».

Pour ce qui est des femmes, a-t-il poursuivi, en attendant de trouver des financements qui leur permettront de mener des activités génératrices de revenus, elles essaient de gagner honnêtement leur vie dans la vente de sel.

D’autres femmes veulent bénéficier de micro crédit pour se lancer dans l’embouche ovine et bovine et dans l’aviculture.

Une réserve spéciale de faune qui accueille des milliers de touristes

La Réserve spéciale de faune de Gueumbeul se trouve dans le delta du fleuve Sénégal, plus précisément, dans la région de Saint-Louis. Elle est à cheval entre les Communautés rurales de Ndiébène Gandiole et de Gandon.

Elle est composée d’une lagune d’eau saumâtre dont la tranquillité la rend utilisable et indispensable pour de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau stationnant dans la zone sud de Saint-Louis.

Les rives de cette lagune sont couvertes d’une végétation arbustive, parfois très dense, car non soumise à l’abroutissement par le bétail. Cette végétation repose sur des formations dunaires bien stabilisées. Une partie de cette zone terrestre constitue la base pour les initiatives d’élevage de gazelles et de tortues terrestres.

Cette réserve, selon le docteur Thialaw Sarr, par ailleurs conservateur du parc, tire son nom du village de Gueumbeul situé à une dizaine de kilomètres sur l’axe sud qui relie la ville de Saint-Louis à la zone du Gandiolais et de la Langue de Barbarie. A en croire M. Sarr, elle a été créée par décret présidentiel, le 30 mai 1983, sur une superficie de 720 hectares pour un périmètre de 12 kilomètres entièrement clôturé par un grillage galvanisé, comprenant la cuvette de huit kilomètres de long et de huit cents mètres de large, ainsi que la zone limitrophe sur une largeur de 500 m à partir de la bordure de la cuvette composée des dunes du Gandiolais et du Toubé.

Du point de vue de ses ressources, a-t-il souligné, la réserve dispose d’une population animale et végétale diversifiée. En plus des espèces dites autochtones (singes rouges appelés patas, phacochères, lièvres), a-t-il précisé, la réserve abrite actuellement quatre variétés d’espèces animales réintroduites composées de gazelles dama mhorr, d’oryx algazelles, d’addax nasomaculatus et de gazelles dorcas neglecta. A côté de cette faune mammalienne, s’ajoutent des tortues terrestres de type sulcata.

Avec une politique de mise en défense qui est à l’origine de la régénération naturelle du bon développement des espèces végétales locales, cette réserve est une zone présentant une végétation très dense. Celle-ci plus ou moins fournie au niveau des dépressions et des plaines basses est, particulièrement, résistante au sel, mais en partie utile à la faune.

L’importance de cette diversité biologique fait de cette réserve une niche écologique et économique avérée et témoigne sa reconnaissance depuis le 29 décembre 1986 comme site Ramsar d’importance internationale et comme noyau central de la réserve de biosphère transfrontalière du delta du fleuve Sénégal en 2005.

La restauration de la faune sauvage sahélo-saharienne disparue ou menacée de disparition au Sénégal, la protection de la cuvette et la mise en défens de la surface de protection intégrale, ont été les principaux objectifs qui ont motivé la création de cette réserve visitée, chaque année, par des milliers de touristes.

Les populations des villages de Gueumbeul, Ngayna Lébou, Ndiakhère, Diama Thiaguel, Ngaye-Ngaye, Ndiawsir, etc., sont impliquées dans les travaux d’aménagement du parc et sa surveillance.

Un village tricentenaire

Selon le chef de village, Baye Mor Diop, Gueumbeul est une localité paisible où cohabitent actuellement les ouolofs et les peulhs. On y trouve les Diop, les Ndiaye, les Dièye, les Sarr, les Fall, les Bitèye, les Sow, les Thiaw, les Diallo, les Mbaye.

Notre village, a-t-il précisé, a presque le même âge que la ville tricentenaire de Saint-Louis. Les Diop ont été les premiers à s’installer ici. Ce sont mes ancêtres. Des éleveurs et des cultivateurs qui venaient de Péthiou, une localité du Oualo des profondeurs.

Le premier Diop, qui a eu le réflexe de s’installer dans ce village, a tenu à faire savoir à son demi-frère et aux autres compagnons du Oualo qui avaient préféré aller vivre à Thiélémane, qu’il avait pris la ferme décision d’aménager sa demeure à Gueumbeul. Il s’est adressé à ces derniers en ces termes : « Man-Nguimbou-Na-Fi ».

Au fil du temps, Nguimbou, qui vient du Nguimb de nos lutteurs, s’est transformé en Guimbeung et enfin en Gueumbeul. Aussitôt, raconte Baye Mor, le Diop fondateur de ce village commença à débroussailler une partie de la forêt pour y aménager une vaste concession.

Depuis, les populations de ce village vivent en paix et développent au sein de leur communauté une solidarité agissante. Elles contribuent efficacement à la gestion de la Réserve spéciale de faune de Gueumbeul et de la Réserve naturelle communautaire de Gandon. En collaboration avec le comité inter-villageois de Gandon dirigé par Babacar Diop et les responsables du Projet de gestion intégrée des écosystèmes du Sénégal (Pgies), précise le docteur Thialaw Sarr, les habitants de Gueumbeul participent activement à l’entretien de leur environnement et de la mangrove située à quelques encablures du village.

Un reportage de Mbagnick Kharachi DIAGNE


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