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HISTOIRE DU NAIN BOITEUX (2)

Samedi 16 Février 2013

Pourtant, malgré son aspect rébarbatif et la crainte qu’il inspirait naturellement, Ndiaga Niaaw était quelqu’un de très sollicité. On disait de lui qu’il avait des pouvoirs magiques, qu’il se transformait en hibou la nuit et qu’il était capable de tuer ou de rendre folle une personne qui l’aurait offensé rien qu’en récitant des incantations maléfiques. Le nain avait aussi la réputation d’être un devin infaillible et sa maison était donc toujours pleine de monde venu se faire lire l’avenir car ses prédictions, disait-on, se réalisaient immanquablement. Tout le monde : homme et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, avait recours aux services de Ndiaga Niaaw dont les consultations ininterrompues se payaient à prix d’or.

D’une intelligence diabolique, le nain avait vite compris tout le parti qu’il pouvait tirer de la crédulité populaire et très rapidement il s’’était enrichi sur le dos des naïfs qui croyaient en ses soi-disant pouvoirs surnaturels. Aussi réaliste qu’il était rusé, il avait en un temps record acquis quantité de biens et s’était du jour au lendemain retrouvé propriétaire de la plus grande boulangerie de Pikine ainsi que d’une bonne douzaine de taxis qui lui rapportaient quotidiennement de substantiels revenus.

Tout cela venait s’ajouter à l’argent des consultations divinatoires, si bien qu’en l’espace de deux ou trois ans Ndiaga Niaaw était devenu l’homme le plus riche de Pikine. Tout le monde sait que l’argent confère à ceux qui en possèdent à suffisance respect et considération, fussent-ils de la pire engeance. Rien ne se passait désormais à Pikine sans que le nain boiteux n’en fût informé. Il donnait son avis sur toutes les questions ayant trait à la vis du quartier et, dans les conférences ou les chants religieux nocturnes la place d’honneur lui était réservée par les organisateurs qui savaient pourtant qu’il était un adepte de la magie noire. C’est au cours de l’une de ces soirées bruyantes à souhait au cours desquelles des chanteurs improvisés s’égosillent à qui mieux mieux pendant que des prédicateurs menacent des foudres de l’enfer une foule médusée que Ndiaga Niaaw vit passer devant lui la jeune et belle Coumba Sira Sakhanokho, fille de Mody Djigui Sakhanokho, un vieux commerçant bambara à qui la fortune avait tourné le dos depuis belle lurette.
Ce fut le coup de foudre !...
Cupidon, le malicieux petit dieu à la tête crépue transperça de l’une de ses dangereuses flèches invisibles le cœur du nain boiteux à la main bote !

Ndiaga Niaaw tomba follement amoureux de la charmante nymphe et dès ce moment n’eut plus qu’une seule idée en tête : faire en sorte qu’elle devienne sa femme !

Le nain en perdit le sommeil et nuit et jour se mit à penser à Coumba. Il se mit à imaginer les stratagèmes les plus délirants qui lui permettraient de conquérir l’élue de son cœur. En fin de compte, il s’en ouvrit à celui qu’il considérait comme son plus fidèle ami et confident, l’homme à qui il confiait tous ses petits secrets et qui avait aussi en charge la gestion d’une bonne partie de ses affaires : Samba Linguère Top, ancien chauffeur de taxi reconverti en courtier et qui, à force de ruse et d’intrigues, était parvenu à devenir le bras droit de Ndiaga Niaaw. Samba Linguère était un vulgaire opportuniste et profiteur, un véritable Judas qui n’hésitait pas, à l’occasion, à dénigrer son bienfaiteur. (à suivre…)