Connectez-vous
NDARINFO.COM
NDARINFO.COM NDARINFO.COM
NDARINFO.COM
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte

JO- Hortense Diédhiou : « Qu’est-ce que le Sénégal a fait pour moi ? Zéro ! »

Mardi 9 Août 2016

Au crépuscule de sa carrière (Sic), Hortance Diédhiou a trouvé assez d’énergie après son élimination des JO pour plaider non coupable de sa quatrième défaite à cette compétition de prestige et incriminer le Ministère des Sports.
Comment s’est passé votre combat ?
J’ai fait une petite erreur qui m’a coûté quatre années de préparation. C’est dommage ! J’ai bien mené mon combat, jusqu’à une minute au moins de la fin. J’ai fait une prise mal amorcée et l’adversaire en a profité pour m’avoir. Je ne suis pas très déçue de ce que j’ai fait.  En revanche, je suis très déçue du manque d’accompagnement et de soutien des autorités.
Mais vous étiez présentée comme la plus expérimentée non ?
L’expérience compte peu, au niveau du haut niveau (sic). Non ! La seule chose, qui compte, c’est l’encadrement de l’athlète, son accompagnement au niveau physique et financière. Ces filles ne sont pas plus fortes que moi. Les Japonais qui m’ont préparée, vous diront que j’avais la chance de faire quelque chose, à Rio.
Mon erreur s’explique. J’ai été déjà frustrée du fait de monter sur le tatami sans coach. Je suis venue au Sénégal, sans coach. Vous imaginez ça pour un athlète ? Les JO, ce n’est pas un petit rendez-vous !
Ah bon, vous n’avez pas de coach ? 
C’est la fédération qui décide. Malheureusement (…), Je me suis préparée avec un coach, en pensant qu’il allait m’accompagner. A la dernière minute, j’ai su que c’est le Directeur technique national (Niokhor Diongue, Ndlr) qui allait partir à sa place. Ce dernier a, certes, tout fait. Mais je n’ai pas eu à travailler avec lui, au préalable. Convenez en avec moi, qu’il ne peut rien m’apprendre à deux jours des JO. C’est impossible dans le haut niveau.
C’est ça la magie des JO. Depuis le mois d’avril, je n’étais pas suivie par le Sénégal. C’est dommage. Pendant ce temps, d’autres pays me suivent, m’accompagnent, paient ma préparation. Tout en sachant que j’ai des concurrentes chez eux.
J’ai fait beaucoup d’attaques. Si le coach était avec moi, il aurait, peut-être, dû me demander de me calmer. Le cas échéant, c’est mon adversaire qui allait prendre un coup et j’allais gagner. Hélas, j’étais toute seule. Est ce qu’au niveau mental et psychologique, on peut réussir quelque chose, dans ces conditions ? Mon erreur, c’est d’être partie sans coach.
Pourtant, cette année, j’étais soutenue par tout le peuple sénégalais, particulièrement la diaspora casamançaise. Ils ont même cotisé pour me financer certaines compétitions. Pendant ce temps, que font l’Etat, le Cnoss, ma propre Fédération. Ce n’est pas normal.
Mais quand même, il y a eu des bourses olympiques données aux athlètes dont vous-même ?
Si on entre dans les histoires olympiques, ça risque de faire mal. Une bourse olympique, ce n’est pas le Sénégal qui l’offre, c’est le CIO. Qu’est ce que le Sénégal a fait pour moi ? Zéro ! A la veille de notre départ, nous avons été convoqués à minuit, au ministère des Sports pour recevoir un paquet d’argent. Ça sert à quoi à la veille des JO.
Il fallait le faire en amont, pour mieux nous appuyer et nous aider. Qu’est-ce qu’on va faire avec cet argent, ici ? Ils veulent qu’on aille faire du shopping ? Personnellement, j’ai exprimé mes besoins, mon planning de compétitions, depuis janvier 2016. J’ai remis tous les documents en décembre 2015.
« Qu’est-ce que le Sénégal a fait pour moi ? Zéro ! »
Le comble, c’est que je ne suis pas montée avec les équipements floqués du drapeau national. Je suis monté avec le kimono du Brésil. Dans mon sac, on m’a mis des équipements de tailles XL et XXL. Comment, je peux mettre ça.
J’étais obligée de sortir mes équipements de 2004. Je trouve même rabaissant que le secrétaire général du Cnoss, Seydina Diagne, se transforme en distributeur d’équipements. Pis, ils nous ont donné des équipements de Maputo (2011). Ils sont repartis à Sandaga pour les floquer à nouveau. J’ai refusé de porter ça. Je ne peux être porte-drapeau du Sénégal et arborer des restes d’équipements qui datent de 2011.
A la dernière minute, les organisateurs m’ont fait savoir que je ne pouvais mettre le kimono que mon pays m’a remis. Parce qu’il y avait deux sponsors d’une même marque. Or, le règlement n’autorise qu’un seul sponsor.
« Je ne suis pas montée avec les équipements floqués du drapeau national. Je suis monté avec le kimono du Brésil »
Le Sénégal a même reçu un mail par rapport à ça. Pourquoi, ils n’ont pas acheté un kimono réglementé ? Je ne peux être à la fois athlète, administratif, médecin, équipementier. Ce n’est pas possible. Je n’ai qu’un seul cerveau.
Vous êtes très critique là….
C’est pourquoi je voudrais que le Chef de l’Etat me reçois. Pas moi, toute seule. Nous sommes nombreux. Il y a Amy Sène, Isabelle Sambou, Malick Fall. C’est triste que le sport sénégalais se retrouve dans cet état. Le Président de la République a mis 800 millions F Cfa et les gens ne sont même pas capables de nous mettre dans de bonnes conditions.
« J’ai fait trois jours de voyage. J’ai été emprisonnée à Luanda. Ça aurait dû créer un incident diplomatique… »
J’ai fait trois jours de voyage. J’ai été emprisonnée à Luanda. Ça aurait dû créer un incident diplomatique. J’ai fait Dakar-Bamako ; Bamako-Addis-Abeba où j’ai dormi une heure de temps à l’hôtel avant de reprendre les airs pour Luanda. En Angola, les autorités ont refusé qu’on sorte de l’aéroport, parce qu’on n’avait pas de visas.
On a été contraint de payer pour dormir dans les services d’immigration. Sinon, on allait dormir sur des carreaux à l’aéroport. On était dans des cellules. Vous vous rendez compte ?
Qu’est ce que des athlètes font des cellules ? Il y avait des barrières partout. On était sous haute surveillance avec des cameras partout, comme si on était des délinquants.
Le Sénégal ne mérite pas ça ! C’est triste ! Nous sommes un grand peuple du sport. Malheureusement, il y a une très mauvaise gestion. Il faut oser le dire. Je ne me dis pas parce que je suis contre le ministre ou le Cnoss. Ils font des efforts, certes.
Mais, il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut qu’on n’ose le dire ensemble, pour régler les problèmes. Personnellement, je suis au crépuscule de ma carrière. Mais, je ne souhaiterais pas que mes sœurs ou mes frères sénégalais souffrent autant que moi pour en arriver là. C’est mon époux et le Japon qui m’ont fait qualifier. Pendant ce temps, où étaient les 800 millions F Cfa?
Mais le Ministère dit avoir donné des primes de préparation et de participation ?
Ils m’ont filé 10 millions à la veille des JO. Je n’en ai pas besoin. J’en ai fait cadeau à ma mère. J’en avais besoin, depuis décembre 2015. Sur l’olympiade, je n’ai fait qu’une seule compétition. Vous trouvez ça normal pour une athlète de haut niveau, c’était aux Championnats d’Afrique de judo où je n’ai rien pu faire d’ailleurs.
Balla Dièye est lui venu avec son entraîneur ; alors pourquoi pas toi ?
Il a eu de la chance. S’il gagne, c’est tout le Sénégal qui sera content.  Mais je me pose la même question. Pis, au niveau du défilé, lors de la cérémonie d’ouverture, il y a eu des entraîneurs qui ne sont pas entrés (…)
Allez vous arrêter le judo ?
Je vais continuer le judo. Je ne peux pas arrêter. Ce serait ingrat de ma part. J’ai fait le monde entier, grâce à cette discipline.
Mon avenir, c’est mon combat pour le développement du sport sénégalais. Je me mettrais pour notre sport. Actuellement, le sport du Sénégal, c’est zéro, parce qu’il y a une mauvaise gestion. Certaines personnes ne sont pas à leur place. On ne doit pas mettre des politiques partout pour nous diriger. Il nous faut un sportif de haut niveau pour nous encadrer.
Imaginez la récompense sélection sélective qui est faite pour nos athlètes. Je suis très contente pour mes sœurs de basketball, championnes d’Afrique qui ont reçu des maisons et 10 millions chacune. Mais, qu’on pense aussi aux autres athlètes.
Personnellement, j’ai quatre titres de Championne d’Afrique. Isabelle Sambou en a neuf. Amy Sène en a deux. Malick Fall en a plusieurs. Adama Diatta aussi, etc. Pourquoi, on ne nous donne rien. Nous sommes tous du même pays.
Les «Lionnes» sont même venues pour me motiver. Je veux juste qu’on soit aux mêmes pieds.

(SeneJet)


Nouveau commentaire :
Facebook Twitter

Merci d'éviter les injures, les insultes et les attaques personnelles. Soyons courtois et respectueux et posons un dialogue positif, franc et fructueux. Les commentaires injurieux seront automatiquement bloqués. Merci d'éviter les trafics d'identité. Les messages des faiseurs de fraude sont immédiatement supprimés.