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LE NAIN BOITEUX (8)

Samedi 30 Mars 2013


A cette heure de la nuit, toute la maisonnée serait plongée dans un profond sommeil et personne, non vraiment personne ne pourrait se douter que l’ « épouse » du nain était sur le point de s’enfuir au loin avec le seul homme qu’elle aimait, le seul qui comptait dans sa vie…

Le génial Fadel avait tout prévu ! Ils se sauveraient dans la Mercédès rutilante, flambant neuve que le nain avait inclus dans la dot de Coumba qui en gardait les clés. Le jeune homme était un véritable as du volant et en quelques heures seulement, avant même que Ndiaga Niaaw se soit réveillé et ait eu le temps de reprendre ses esprits, lui et sa fiancée seraient déjà arrivés à la frontière gambienne. Ensuite il suffirait de prendre le bac, de traverser le fleuve et de rouler tranquillement sur la route de Banjul où les attendait son cousin Madické qui y tenait un commerce et qui était déjà au courant de l’affaire.

Alors commencerait pour les deux tourtereaux une nouvelle vie, une vie pleine d’amour et de plaisirs, loin des tribulations du populeux Pikine et de tous les nains boiteux de la terre ! Le plan de Fadel était d’une perfection diabolique et Coumba Sira qui était malgré tout une fille honnête avait du mal à l’intérioriser, à en admettre le cynisme tout de même évident. Elle en avait longuement discuté avec Fadel et émis des réserves concernant surtout la fuite dans la voiture du nain et le vidage de son coffre-fort mais son fiancée avait finalement réussi à la convaincre que c’était le seul moyen de sortir de ce guêpier. Elle s’était donc fait violence et avait refoulé les scrupules qui la tourmentaient à présent par instants.

Depuis le moment où ils étaient entrés dans la chambre conjugale, le nain ne lui avait pas dit un seul mot, se contentant de lui sourire et de faire des gestes pleins de componction en lui montrant le luxueux mobilier. Curieusement, Coumba Sira n’avait pas peur et n’éprouvait ni répulsion ni gêne à se retrouver dans cette chambre spacieuse et confortable au milieu de laquelle trônait un grand lit recouvert d’un couvre-lit en velours pourpre. Il y avait aussi trois fauteuils à bras et une petite table en verre sur laquelle reposaient une cafetière et un jeu de tasses en porcelaine. La cafetière d’où s’échappait une vapeur odorante, contenait de la tisane de ngéér particulièrement prisée du nain.

Profitant de l’absence de son « mari » qui était entré dans la salle de bains pendant qu’elle-même s’était installée dans l’un des fauteuils, Coumba versa rapidement dans l’une des tasses la poudre jaune contenue dans le sachet que lui avait remis Fadel ; puis avec des gestes fébriles, mal assurés, elle la remplit du chaud breuvage et fit de même avec une autre tasse qu’elle posa en face d’elle. Elle ne pouvait s’empêcher de trembler car elle avait mal de faire ce qu’elle faisait et une petite voix intérieure lui disait que ce n’était pas bien. Mais une fois de plus elle eut la force de faire taire ses scrupules en pensant à ce qui l’attendait si elle ne se décidait pas à agir.

Lorsque le nain ressortit de la salle de bains en claudiquant, ruisselant de gouttelettes d’eau, elle ne put s’empêcher d’éprouver un profond malaise, mais elle se força à sourire et, avalant sa salive, lui dit d’une voix douce et tremblotante : Oncle Ndiaga, j’ai préparé de la tisane de ngéér pour nous deux. Après les fatigues de cette journée, j’ai pensé que cela ne pourrait que nous faire du bien… » Puis elle posa en face du fauteuil où le nain avait pris place la tasse qui lui était destinée, avant de se diriger à son tour vers la salle de bains, tout en s’efforçant de rester naturelle. (à suivre…)


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1.Posté par wapiti le 30/03/2013 14:00
Cette histoire me fait saliver. J'ai hâte de savoir comment ça va se terminer!