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"Le bal des Signares", l’histoire du métissage franco-sénégalais

Vendredi 17 Janvier 2020

"Le bal des Signares", spectacle proposé par la styliste et costumière sénégalaise Oumou Sy, jeudi soir, au Grand-Théâtre Doudou-Ndiaye-Coumba-Rose de Dakar, retrace à l’aide de costumes d’époque une dimension singulière des relations franco-sénégalaises à travers le métissage culturel dont témoigne encore coutumes et styles de vie de certaines villes sénégalaises comme Saint-Louis (nord).
 
La costumière a eu le don de mettre ainsi en scène la vie des signares. Les signares, du mot portugais senhoras, désignation de jeunes femmes noires ou métisses de la Petite-Côte du Sénégal, des comptoirs de Rufisque (Rufisco) au XVIIe siècle, puis de Gorée (ouest) et finalement de Saint-Louis jusqu’au milieu du XIXe siècle.
 
Le bien paraître en société, commandé par une haute idée de l’élégance, rythmait la vie de ces signares vivant en concubinage avec des Européens influents et qui réussirent à acquérir au fil du temps un rôle économique et un rang social élevé.
 
L’éternité de l’art conduit à remonter dans un temps particulier marqué par le faste et le bon goût, jusqu’à reproduire par exemple l’univers du ’’bal du chevalier de Boufflers’’, une époque de raffinement datant du temps où la France a retrouvé sa suprématie sur ses colonies, à partir de 1783, après une lutte entre Français et Anglais pour le contrôle du commerce au Sénégal tout au long du XVIIe siècle.
 
Plusieurs gouverneurs se succèdent alors au Sénégal, dont Stanislas de Boufflers, chevalier de l’Ordre de Malte, qui va transporter dans l’île de Gorée sa culture et sa galanterie, quelques années avant la Révolution française.
 
Un épisode très connu de cette histoire de métissage concerne la rencontre du chevalier de Boufflers avec la signare Anna Pépin, restée dans les mémoires.
 
Au fil des tableaux présentés, comédiens et comédiennes font notamment ressusciter l’époque des gouverneurs Louis Faidherbe et William Ponty, qui furent chargés de l’ensemble de l’Afrique-Occidentale française.
 
Pour ce faire, Oumou Sy s’inspire de costumes témoignant du bon goût de ces années remises à jour à cette occasion, sur les airs d’une sélection musicale qui conduit des îles du Cap-Vert aux rythmes goumbé des lébous au Sénégal.
 
Il y a aussi, pour compléter le tableau, l’entrée remarquée des dignitaires et nobles africains parés de leurs habits traditionnels, accessoires et autres parures.
 
Un court métrage de seize minutes a été aussi visionné pour retracer l’origine des signares de Joal-Fadiouth (ouest) à Saint-Louis en passant par Gorée et Rufisque.
 
A travers ce "bal des Signares" dont la chorégraphie est de Jean Tamba, du Théâtre national Daniel-Sorano, avec une mise en scène de Jean-Pierre Leurs, Oumou Sy a eu l’ambition de représenter des personnes qui lui sont chères, "différentes figures connues, vivantes ou décédées, mais qui ont marqué [sa] trajectoire" et l’histoire du Sénégal de manière générale.
 
"Il y a Kalidou Sy, ancien directeur de l’Ecole nationale des arts, qui m’a accueillie à Dakar quand je venais d’arriver, il y a le poète-président Léopold Sédar Senghor, qui m’inspire depuis l’enfance et m’a permis de parler le français", énumère la styliste.
 
De même cite-t-elle "Tata Annette Mbaye d’Erneville’’, qui, dit-elle, a contribué à son éducation à travers l’émission "L’antenne est à nous", diffusée sur Radio Sénégal, la chaîne publique sénégalaise.
 
Oumou Sy a dit qu’elle suivait par ce biais les récitals de poésie depuis son village de Casamance (sud), des moments qui lui ont permis de se cultiver.
 
Elle évoque également, parmi ces personnalités qui lui sont chères, le président Abdou Diouf et ses appels pour la féliciter, chaque fois qu’elle était distinguée pour son travail de styliste.
 
Au-delà des frontières sénégalaises, Oumou Sy a témoigné de l’amitié du défunt président français Jacques Chirac à son égard, affirmant que ce dernier voulait même lui octroyer un passeport français.
 
Une proposition qu’elle dit avoir déclinée en lui disant : "Moi, villageoise du fin fond de la Casamance avec un passeport de coq ! J’ai préféré garder mon passeport avec le lion. Mais il m’a décorée de la Légion d’honneur."
 
Oumou Sy a surtout conté sa "relation d’amitié" avec la chanteuse française France Gall, qui "lisait dans [ses] pensées à travers les chansons qu’elle [lui a] dédiées, dont +Sacré Charlemagne+, +Poupée de cire, poupée de son+". "Elle a fait de moi une star", conclut la styliste.
 
Parmi les comédiens ayant participé à la réussite de ce "bal des Signares’’ figurent des noms connus de la scène théâtrale sénégalaise, parmi lesquels des membres de la troupe "Soleil Levant" de Thiès (ouest), Cheikh Ndiaye dit "Jojo", Cheikhou Guèye "Sanex", Seydina alias "Cheikhouna".
 
Le chanteur Carlou D a lui aussi participé à ce spectacle auquel les invités d’honneur n’ont pas pris part.
 
Oumou Sy, 67 ans, a rappelé que son intérêt pour les signares remontait à 1988, année où elle avait participé aux journées culturelles de Saint Louis. Ce bal, dit-elle, est le résultat de trente ans de recherche sur le sujet.

APS

 


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1.Posté par tintin le 18/01/2020 13:20 | Alerter
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