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Me Alioune Badra Cissé ''Nous n’avons absolument rien changé aux accords conclus et non signés entre Wade et le Président Sarkozy''

Jeudi 26 Avril 2012

Pour Alioune Badra Cissé, ministre sénégalais des affaires étrangères et des sénégalais à l'extérieur, les rapports entre le Sénégal et la Mauritanie augurent de lendemains meilleurs. Dans cette interview accordée à Alakhbar en marge de sa visite en Mauritanie, l'ex adjoint au maire de la commune de Saint-Louis, évoque la relation bilatérale entre les deux pays, ainsi plusieurs questions sous régionales.


Me Alioune Badra Cissé ''Nous n’avons absolument rien changé aux accords conclus et non signés entre Wade et le Président Sarkozy''
Quand était-il de votre visite en Mauritanie ?

Alioune Badra Cissé: D’espoir que nous avons obligation nous partie sénégalaise de ne jamais éteindre de garder cette flamme d’incandescence pour pouvoir négocier tous les accords suspendus ou difficilement exécutables ou en cours de négociation. Les amis de Mauritanie nous ont ouvert toutes les portes. Je ferai le compte-rendu au président de la République et à tous les ministères concernés par cette visite et à tout le conseil des ministres du Sénégal. Je les exhorterai à faire très vite pour venir rencontrer leurs collègues mauritaniens, parce que cela les attend ardemment. Je m’en veux pour preuve que l’invitation que le Président Macky Sall avait adressée à son frère et ami Mohamed Ould Abdel Aziz. Celui-ci m’a fait savoir qu’il a hâte de recevoir le Président Macky Sall en Mauritanie. Je m’empresserai de lui transmettre l’invitation. Et je suis persuadé que le Président Macky étant dans une visite de bon voisinage saisira la balle au rebond et après Abidjan où nous allons pour le sommet de la CEDEAO. Certainement il viendra rendre visite au président de Mauritanie.

Avec le Président Aziz, nous avons abordé plusieurs questions. Parmi celles-ci, il y a le problème survenu à Nouadhibou entre le 5, 7 et 8 du mois d’avril. Incidents au cours desquels plusieurs sénégalais auraient été arrêtés et certains d’entre eux conduits à la frontière. Et le président nous a confortés dans ce sens que ce n’était pas une opération coup-de-poing dont les Sénégalais étaient la seule cible. Il fallait sécuriser le territoire mauritanien ; parce que des comportements non conformes à la loi, à la coutume et à la religion du plus grand nombre étaient perpétrés à Nouadhibou par des étrangers dont certains étaient en situation irrégulière. Et il leur fallait souverainement régler la question.

Le président m’a dit que c’est possible qu’au cours d’opération de cette nature qu’il puisse y avoir quelques excès de zèle de la part des forces chargées de remplir cette mission. Mais que cela était bien peu pour pouvoir entrainer un dérèglement des relations entre le Sénégal et la Mauritanie. Que pour la plupart après vérification d’identité, ils ont été mis en liberté. Ceux-là qui n’étaient détenteur d’aucun titre de séjour, ont été reconduits à la frontière. Qu’il y ait aujourd’hui une instauration de carte de résidence, qui obéit à la norme mauritanienne de vouloir savoir qui sont ceux-là qui vivent chez eux. Cette nouvelle carte ayant des connotations biométriques, il y aurait suffisamment de données : permis de conduire, le groupe sanguin etc. pour pouvoir savoir sur simple vérification à qui exactement on a affaire. Vous ne doutez pas que la Mauritanie souffre ou souffrirait de menace venant d’Aqmi, que les événements au Mali ne devraient pas laisser ni la Mauritanie ni le Sénégal indifférent. Et qu’à ce titre il est important que nos compatriotes puissent se conformer à la loi.

Evoquant la question relative à l’unicité du bureau et à la non précision des éléments constitutifs du dossier qu’il faut réunir pour obtenir la carte de résidence, le président nous a donné des assurances que les bureaux seront démultipliés, que ces machines malheureusement coûtent très cher. Donc cela prendra le temps que ça prendra. Dans la limite du délai d’exécution ou des mises en application de la carte de résidence pour que tout le monde puisse inscrire son projet est de l’étendre à toutes les régions de Mauritanie.

Evoquant la question relative à la pêche, qui pose beaucoup de problème, le président a montré à nouveau ses bonnes dispositions en prorogeant d’office de trois mois, la durée de validité des licences de pêche qui avaient expiré permettant au gouvernement du premier ministre Abdou Mbaye de s’installer convenablement et de reprendre les négociations à travers le ministère de la pêche. Le ministre de la pêche que j’ai rencontré aujourd’hui est tout aussi dans les mêmes dispositions avec davantage d’éclairage par les voies et moyens par lesquels il va falloir aboutir à un accord très rapide pour les deux pays. J’ai quand-même demandé que le nombre de licences en soit revu à la hausse, que la durée de validité soit plus longue, également que les espèces ciblées soient plus diversifiées. De tout ceci il m’a était répondu par de très bonnes dispositions. Et que le problème qui s’est fondamentalement posé à ce niveau était surtout un problème d’interlocuteur, que l’Etat mauritanien n’avait en face de lui qu’une fédération de pêcheurs ou plusieurs fédérations de pêcheurs dont aucune n’était garante de la bonne exécution des conventions signées. Je pense que les choses vont fondamentalement changer. Le ministère des affaires étrangères aux côtés des ministères techniques devraient mener les négociations, signer les traités et conventions, assurer leur bonne exécution et, en cas de difficulté, fournir les interprétations qu’il faut.

Nous avons évoqué la question relative au transport à la liberté de circulation des personnes et des biens. Cela ne devrait poser aucun problème. Sauf que pour le volet aérien la partie mauritanienne s’est trouvée restreinte dans sa liberté au niveau des droits de trafic où le Sénégal ne lui accorde que quatre vols hebdomadaires dont seuls deux peuvent avoir une continuation au-delà de Dakar. Ils étaient contraints et forcés de nous appliquer la réciprocité en ne nous accordant à Air Sénégal ou Sénégal Airlines que quatre vols hebdomadaires avec deux seuls ayant la possibilité de continuation au-delà de la Mauritanie. Le Sénégal n’en a pas fait usage. Mais nous pensons qu’entre les deux pays il doit y avoir totale franchise, totale liberté sur tous les droits de trafic aériens tant à l’embarquement qu’au débarquement et aux points d’escale dans les deux sens. Un incident privé et c’était entre Air Sénégal et la compagnie de Handling au niveau de l’aéroport pour l’assistance à terre. Cela ne nous a pas trop préoccupés mais l’évocation a quand même été faite. Nous exhorterons le ministre chargé des transports aériens d’avoir un sens de coopération le plus large possible conformément aux souhaits mauritaniens, parce que sinon cela va profiter à des compagnies aériennes internationales qui ne sont ni mauritaniennes ni sénégalaises et cela semble être le cas.

Nous avons évoqué les problèmes des transports terrestres bouleversés par les comportements de syndicats sénégalais après le Bac de Rosso. L’origine est que ces syndicats avaient pensé qu’il leur fallait avoir la possibilité de venir et de créer une sorte d’exclusivité. Et les bus mauritaniens auraient été agressés à Saint-louis et parfois à Rosso. L’Etat n’a rien fait côté sénégalais pour remettre les syndicats à leur place, mener une discussion avec eux une négociation avec eux et permettre aux deux pays de retrouver leur fluidité naturelle. Les oppositions étaient qu’avec ce trafic-là on risque de voir la gare routière de Rosso Sénégal fermée, celle de Richard Toll éventuellement celle de Saint-Louis. Ce qui ne tient pas fondamentalement… Le Sénégal de par son trafic propre suffit à entretenir des gares routières ; il est vrai que la gare de Rosso Sénégal est une gare de premier abord frontalière, donc c’est fondamentale qu’elle soit maintenue par un trafic allant dans les deux sens. Toujours est-il qu’il était convenu depuis ce moment-là de faire ce qu’on appelle la rupture de charge. Cela pose une perte de temps incommensurable, beaucoup de frais inutiles et à terme, cela risque de créer au niveau de la Mauritanie la recherche de solution alternative qui passerait par la réception de leurs produits à partir de Casablanca plus que de Dakar. Et cela pourrait entrainer une perte énorme en revenu, en ressource et en débouchées pour le port de Dakar qui a beaucoup souffert et qui continue encore de souffrir, ne ce reste qu’avec la réouverture du port d’Abidjan et son dynamisme. Donc, nous avons intérêt très rapidement à lever ces goulots d’étranglement et à restaurer le bon équilibre entre le Sénégal et la Mauritanie.

J’ai rencontré le ministre de l’intérieur, qui est dans d’excellentes dispositions, pour assurer la sécurité des Sénégalais. Nous avons déploré le fait que la circulaire qui reprend la nécessité d’instaurer une carte de résidence ne soit pas explicite, et il a promis par le canal du ministre des affaires étrangères de toucher notre ambassadeur afin que toutes les précisions soient données pour l’obtention de cette carte de résidence, les conditions et les frais qu’il faut pour le faire.

Nous avons débattu avec le Président de la République des problèmes relatifs à la transhumance de bétails principalement de la Mauritanie vers le Sénégal en période sèche. La convention telle que portée à ma connaissance portait sur le fait qu’en mars cela devrait arrêter et en ce moment, on est en pleine saison sèche. Les pâturages aussi n’ont pas grand-chose à manger. Il y a maintenant la cohabitation difficile entre éleveurs et agriculteurs, les problèmes environnementaux qui sont posés au Sénégal et les dégâts naturels que font les pâturages surtout les chameaux qui ont une capacité de consommation extraordinaire. Tout cela fera l’objet de discussion entre le ministre mauritanien chargé du développement rural et son homologue en charge de l’élevage au Sénégal. Je note beaucoup de dispositions qui nous permettent d’augurer de lendemains meilleurs dans nos rapports entre les deux Etats.

Instaurer une carte de séjour aux Sénégalais est-ce à dire que les conventions qui lient les deux pays sont devenues obsolètes. Mieux que cette carte va-t-elle épargner les Sénégalais de la devise exigée à la frontière?

A.B. Cissé: Excellente question. Il ne faut pas oublier que la Mauritanie est un pays souverain qui peut décider pour la nécessité de sécuriser son territoire et de ses habitants mais également des habitants qui y vivent de mettre en place un système de sécurité le plus adéquat, le plus conforme au respect des Droits de l’homme et des conventions internationales. Un traité de l’OMVS nous permettait la libre circulation des personnes et des biens. Je sais que la CEDEAO l’autorise mais malheureusement la Mauritanie est sortie du cadre de la CEDEAO. J’ai plaidé également auprès du président de la république la suffisance de la carte consulaire, mais il m’a dit que la carte consulaire demeure les rapports entre l’ambassadeur et ses concitoyens qui y vivent et ne peuvent pas lier notre pays à des étrangers et que ce ne sont pas que les Sénégalais qui sont ciblés mais tout le monde.

D’ailleurs, même les Mauritaniens vont devoir faire face à de nouvelles pièces d’identité, à de nouveaux passeports de type biométrique et pour lesquels il va falloir également qu’ils payent les frais y afférents.
Pour le deuxième point de la question, évoqué d’ailleurs lors de ma rencontre avec les Sénégalais lorsque la carte de résidence est entre vos mains vous entrez et vous sortez autant de fois que vous voulez sans avoir à payer à chaque passage la devise et ça c’est la grande nouveauté. Le Président m’en a fait la confirmation.

L’ouverture d’un consulat honoraire pour désengorger l’ambassade?
A.B. Cissé: Non je ne dirai pas cela. Je vais rendre compte au Président de la République. Je ne peux pas me prononcer sur cette question. Je sais que c’est une nécessité d’avoir un consulat général. A défaut un consulat honoraire, mais ma préférence serait d’avoir un consulat général eu égard au nombre de Sénégalais qui y vivent L’extraordinaire réception et mobilisation dont ils ont fait montré à Nouadhibou, à la capacité d’écoute, à leur sens de l’organisation et à leur volonté de se conformer tant aux lois de leur pays d’origine qu’aux lois de leur pays d’accueil.

Une personne pressentie?
A.B. Cissé: Non. Il n’y a personne qui soit pressentie. On verra dans notre pool diplomatique les personnes qui ont le meilleur profil pour pouvoir être affectées ici. Il n’y a pas de difficultés. Il y a des diplomates chevronnés qui peuvent venir ici occuper le poste. Si maintenant du point de vue budgétaire, il y aurait des difficultés pour envoyer un diplomate, on peut nommer un consul honoraire. Et on verrait parmi les Sénégalais, celui qui semble être accepté par le plus grand nombre.

Durant quarante-cinq minutes d’entretien vous avez obtenu la prorogation des licences de pêche, contrairement à d’autres négociateurs Sénégalais qui faisaient des jours sans y parvenir ?

A.B. Cissé: A chacun sa baraka. Aux uns la leur. A nous la nôtre . Nous remercions Dieu.

Quelle est la nouvelle forme de diplomatie sénégalaise notamment envers la Mauritanie ?

A.B. Cissé: Le sens de la responsabilité, le respect de la souveraineté des Etats avec lesquels nous sommes en partenariat, la mise au placard de l’arrogance en bandoulière qui faisait bloquer bien des négociations. La Mauritanie principalement, la Gambie, comme nous avons fait il y a quelques jours, sont des Etats souverains et indépendants. Je pense que quand nous adressons à eux nous leur devons respect et déférence, et que nous devons traiter à égalité et à égale dignité pour pouvoir assoupir les problèmes, les mettre au repos le temps de pouvoir véritablement les effacer de la table des négociations. Il n’y a pas de secret, je pense qu’il faut venir armés de tout cela avec un discours de vérité, parfois ce n’est pas facile. Il y a des vérités d’ailleurs sur lesquelles nous nous accordons et qui sont valables de part et d’autre ; on a des griefs, eux aussi en ont. Mais sur le grand ensemble, la nécessité de vivre en commun et en parfaite harmonie semble prendre le pas sur d’autres considérations.

Vous avez dit nous n’accepterons plus qu’on maltraite nos citoyens à l’étranger. Alors si c’est le cas, allez-vous appliquer la réciprocité ?

A.B. Cissé: Réciprocité ? Non ! Nous ne sommes pas un Etat belligérant. Nous avons des voies et des moyens pour élever la voix et protester quand nos compatriotes ne sont pas bien traités. Je n’étais pas encore installé dans mes fonctions de ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur que lorsque les événements de Nouadhibou ont éclatés que je me suis adressé à mon homologue, le ministre mauritanien des affaires étrangères et de la coopération en le chargeant de dire à son homologue chargé de l’intérieur en Mauritanie que nous soulevions les plus vives protestations contre les conditions d’arrestation, de détention et de reconduite à la frontière de nos compatriotes qui n’étaient pas en règle.

Je n’étais pas encore installé, quand l’incident a eu lieu vers le 5 ou le 6 avril dernier. Mais cela ne nous a pas empêché d’élever de vives protestations. C’est ainsi que cela doit se faire, et cela a été accepté de part et d’autre, des garanties ont été données. Mais ceux qui devaient être reconduits à la frontière, parce qu’ils étaient dans l’illégalité. Je pense que c’est ainsi que cela doit se poursuivre avec l’attention attirée de nos compatriotes de toujours se conformer à la loi pour éviter ces situations désagréables qui feraient que leurs autorités de leur pays d’origine aient à intervenir à tout moment.

Que dites vous de vos compatriotes qui entrent illégalement en Mauritanie par la mer et qui sont souvent victimes de reconduite à la frontière?

A.B. Cissé: Nos ressortissants-là ne sont pas dans la légalité. Il est important que leur pays d’accueil mette à la disposition des différents points d’entrée que ce soit par voie aérienne par voie terrestre ou par voie maritime un dispositif d’immigration chargé de les accueillir et de s’assurer qu’ils remplissent les conditions d’entrée dans le territoire. C’est aussi simple que ça. Ce n’est pas de leur faute si la voie maritime est exempte de tout contrôle. C’est un point que je n’ai pas abordé malheureusement de mon entretien avec le ministre de l’intérieur qu’il était important qu’il y ait une entrée frontière pour les personnes qui viennent principalement de Guet Ndar (Sénégal) à bord de leur pirogue artisanale. Ce n’est pas leur faute. Maintenant qu’ils arrivent par la voie maritime sans avoir à se présenter à un bureau et qu’ils continuent par l’effet de la facilité à rester sans régulariser leur situation on peut le leur reprocher.

Mais vous savez le Guet Ndarien que je suis ne s’encombre pas toujours de procédures administratives. Même dans leur quartier dans leur lieu d’origine on a du mal à les contraindre à aller chercher une pièce d’identité. C’est très souvent le cas de leurs enfants de rester plusieurs années avant d’être baptisés, d’avoir un nom officiel, à plus forte raison d’être déclarés. En tout état de cause instruction a été donnée à l’Ambassadeur de dépêcher une mission consulaire que lui-même va diriger du 27 au 30 avril pour recueillir les déclarations de la plupart d’entre eux.

Pas de réciprocité vous dites. Mais l’insécurité évoquée par la Mauritanie concerne aussi le Sénégal. Est-ce qu’il ne serait pas aussi nécessaire pour le Sénégal d’instaurer une carte de séjour ?

A.B. Cissé: La carte d’identité pour les étrangers existe au Sénégal. Elle existe fondamentalement au Sénégal. De part et d’autre de nos frontières nous en avions dispensé nos ressortissants respectifs. Ce n’est pas parce que la Mauritanie l’applique vis-à-vis de nos ressortissants que nous allons l’appliquer vis-à-vis des leurs. Les Français entrent bien chez nous sans présenter un visa alors que nos compatriotes voulant se rendre en France c’est la croie et la bannière. Le Sénégal demeurera un pays d’accueil, nous pensons que la Mauritanie est plus sujette à risque compte-tenu de sa zone tampon avec le Sahara et le reste du Maghreb que nous le sommes. Si la Mauritanie constitue un bon filtre tant mieux pour le Sénégal. Nous devrons participer et saluer les efforts mauritaniens de sécuriser son immense territoire. Le Sénégal quant à lui s’arrangera en trouvant les moyens de sécuriser le sien. Ainsi doit aller la vie. Mais la réciprocité ne me semble pas être une bonne attitude.

Est-ce que le Sénégal est concerné par la guerre contre le terrorisme surtout que deux terroristes l’ont traversé avant d’être arrêtés en Guinée Bissau ?

A.B. Cissé: Ce fut une véritable alerte. A l’époque, nous avions dénoncé la léthargie des autorités de police notamment des forces de sécurité et de renseignement qui ont permis à ces terroristes de se promener allégrement le long du territoire national pour se retrouver en Guinée Bissau. Vous savez nos frontières sont très poreuses et l’on ne peut pas sur chaque mètre carré de frontière mettre un garde-côte ou un garde frontalier ou un agent de sécurité cela n’est pas possible. Par contre je crois qu’il a été extrêmement alarmant de voir l’évolution d’Aqmi…en Mauritanie et puis voilà ces gens-là se promènent les doigts dans le nez le long de notre territoire. Nous sommes concernés par l’évolution d’Aqmi dans le Maghreb islamique. Nous prenons les mesures qu’il faut.

Nous sommes très intéressés et suivons de très près l’évolution de ce qui se passe au Mali où il y a Aqmi et Ansar Dine et tant d’autres mouvements encore. Il y a les Touaregs qui ont un reflexe identitaire, mais pas forcément extrémistes. Et j’ai été dépêché jeudi dernier moi-même pour aller prendre le président Toumani Touré avec toute sa famille et les rapatrier à Dakar à bord de l’avion de commandement du Chef de l’Etat. Nous avons vu par les coups de feu tirés à l’aéroport voulant intimider ou empêcher son embarquement que c’était une question que nous devrions prendre très, très au sérieux. Et je suis sûr que le Président Macky Sall qui sera à Abidjan pour le sommet de la CEDEAO sur la situation du Mali et de la Guinée Bissau ne manquera pas d’évoquer ces questions-là.

Pourquoi Macky Sall a demandé le retour de l’armée française qui a quitté le Sénégal suite à des accords avec l’ex-président sénégalais?

A.B. Cissé: Ce n’est certainement pas le cas. Nous n’avons absolument rien changé aux accords conclus et non signés entre le Président Abdoulaye Wade et le Président Sarkozy, sauf la disposition tendant à dire que les 300 Français qui restent encore au Sénégal vont continuer d’occuper les locaux que la France elle-même a construits sans avoir à payer des loyers, alors que pour le Président Wade les Français qui occupent les locaux que eux-mêmes ont construit sur des terrains qui leur avaient été concédés devraient payer des loyers. Quand on en fait le compte en ce que nous tirons de la coopération avec la France des relations que nous avons de manière séculaire avec elle qui est d’ailleurs la première puissance à nous être venue en aide après que Wade ait pillé les caisses de l’Etat. Sarkozy a offert autour d’une table à déjeuner 130 millions d’Euros, nous pensons qu’il était vraiment trivial de rester là à exiger de celui-là qui a construit, qui équipe et qui sera en charge l’entretien, le devoir de payer des loyers ; ce n’est pas sénégalais et ce n’est pas élégant.

Macky Sall s’est rendu en France pour sa première visite en dehors de l’Afrique, ce qui fait que certains observateurs s’inquiètent du retour de la France-Afrique?

A.B. Cissé: La première visite de Macky en Europe ne pouvait pas être réservée à un autre Etat que la France. Les rapports que nous avons avec la France nous ne les avons avec aucun autre Etat. Quel autre Etat, vous journaliste avez-vous en mémoire qui devrait mériter que le président Macky dans sa tournée européenne y mette les pieds en premier. Vous auriez du mal à le trouver. Les rapports que nous avons avec la France sont sans nul autre pareil. Nous n’avons pas négocié d’accords de défense. Ils étaient déjà négociés. Il fallait juste les signer et la partie française a pensé qu’on ne pouvait pas lui exiger des loyers. Nous avons pensé que c’est conforme à nos positions qu’on ne peut pas au titre de la coopération internationale exiger le payement de loyer à des personnes qui ont construit des bâtiments qu’ils continuent d’occuper avec une armée de trois cents personnes prête à se déployer un peu partout en Afrique où le besoin se ferait sentir.

Le retour de la France-Afrique je ne sais même pas ce que cela veut dire. Je suis formé dans les universités françaises, mais je ne sais pas ce que veut dire la France-Afrique. C’est un terme qui fait chique qui fait genre que l’on colporte à tout vent mais qui n’a aucun contenu matériel.

Alakhbar.info


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