L’île Saint-Louis: Une île sur l’eau douce
Cheikh Saad Bou SEYE

Comme à Gorée, les signares prospèrent et s’enrichissent. Elles construisent les premières maisons en dur et imposent une architecture métisse originale. Le commerce sur le fleuve prend un essor important. La gomme, principalement y est traitée aux escales avec les tribus maures, mais également l’ivoire, le cuir, la cire, l’or et, bien sûr, les esclaves. Devant l’importance du trafic maritime et fluvial, des quais sont aménagés sur les rives de l’île, sur lesquels sont bâtis des entrepôts commerciaux. Mais la navigation sur le fleuve reste dangereuse et redoutée à cause des maladies et des fréquentes attaques des tribus riveraines. Ce n’est qu’avec la politique de “pacification” menée par Faidherbe après 1854 que la navigation commence à être un peu plus sécurisée. Paradoxalement, cette époque marque également la diminution du commerce de la gomme au profit celui de l’arachide et la fin de la prééminence de Saint-Louis sur Dakar.
La construction de la ligne de chemin de fer entre Dakar et Saint-Louis en 1885 entérine cette nouvelle donne. Progressivement les grandes maisons de commerce bordelaises désertent Saint-Louis et ferment leurs entrepôts sur les quais. En 1958, la ville perd définitivement le statut de capitale qu’elle avait acquis un siècle plus tôt.