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[REPORTAGE] Déperditions scolaires à Maka Toubé: L’absence des pièces d’Etat-Civil freine l’ambition des élèves.

Mercredi 3 Juillet 2013

Maka Toubé est un village de la communauté rurale de Gandon, situé à une dizaine de kilomètres de la capitale du Nord. Dans ce village, du fait des déperditions scolaires, les jeunes sont dans le désarroi. Ceux qui ont la chance de mener quelques activités lucratives, triment dur pour subvenir à leurs besoins. Dans cette partie du Toubé située à quelques encablures de Ngallèle, de nombreux enfants sont obligés souvent d'abandonner les études parce que tout simplement, après avoir bouclé les six années du cycle primaire, ils se rendent compte que leurs parents n'ont jamais déclaré leur naissance. Devant le fait accompli, on leur fait comprendre qu'ils n'ont pas la possibilité de se présenter au concours de l'entrée en 6ème.
Reportage de Mbagnick Kharachi Diagne


[REPORTAGE] Déperditions scolaires à Maka Toubé: L’absence des pièces d’Etat-Civil freine l’ambition des élèves.

Le visiteur qui quitte la ville tricentenaire de Saint-Louis pour rallier Maka Toubé, est obligé de parcourir un trajet de huit kilomètres sur la route nationale n°2 avant d’emprunter à partir du croisement de Ngallèle une piste de deux kms, impraticable en période hivernale.

Cet après-midi, l’animation est au beau fixe dans ce village qui doit recevoir la visite d’une forte délégation de l’Ong « Clairenfance » conduite par son coordonnateur, Babacar Diop, composée de représentants de Caritas/Saint-Louis, Caritas Espagnole, du chef du service régional du développement communautaire, Abdoulaye Sambou et du directeur du centre d’Etat-Civil principal de Saint-Louis, Iba Gueye.

Investis d’une noble et exaltante mission qui consiste à sensibiliser les populations du Toubé sur l’urgence et la nécessité de se rapprocher des centres d’Etat-Civil pour déclarer la naissance de leurs enfants, ces responsables ont organisé à Maka Toubé une grande séance de mobilisation sociale, qui leur a permis de tenir un langage de vérité à ces braves habitants du Toubé qui n’ont pas encore le réflexe d’enregistrer au moment opportun la naissance des enfants.

Il fait 16 heures trente. Une douce chaleur joyeuse circule dans nos veines. Dans cette localité où on mène une vie cloîtrée, nos paisibles concitoyens du Toubé sont d’un abord facile. Ils sont prompts à ovationner, acclamer et congratuler les visiteurs et n’hésitent pas à partager avec ces derniers tout ce qu’ils ont entre les mains. Ici, la générosité, la piété, la tempérance, l’altruisme, sont érigés en règles. Dans ce terroir qui abrite plus de 3200 âmes, on s’évertue à développer la mystique du travail bien fait.

Ces honnêtes habitants du Toubé n’ont pas été confrontés à d’énormes difficultés pour se connecter au réseau électrique. L’eau potable y coule aussi à flots. Leur seul problème, c’est de constater toujours et à la dernière minute qu’un parent émigré, un ami négligent ou un voisin ignorant, n’a pas eu l’occasion de déclarer la naissance de ses enfants.

Interrogée avant cette grande réunion, cette jeune dame qui habite à quelques encablures de la grande mosquée du village, a requis l’anonymat pour nous rappeler avec amertume le malheur qui s’est abattu sur ses deux enfants. Le spectacle est poignant. Elle pleure à chaudes larmes lorsqu’elle nous raconte que ses enfants ont eu la désagréable surprise de se rendre compte qu’ils ne pouvaient pas se présenter au concours de l’entrée en 6ème, après avoir déployé des efforts constants pour boucler avec brio les six années d’études du cycle primaire.

Selon notre interlocutrice, on leur avait fait comprendre tout simplement qu’ils n’avaient pas le droit de se présenter à ce concours, parce qu’ils ne disposaient d’aucune pièce d’Etat-Civil. Leur père, rappelé à Dieu très tôt après une courte maladie, n’a jamais eu le temps de s’occuper de ces problèmes d’Etat-Civil. Son épouse, ménagère et analphabète, n’a pas aussi été en mesure de gérer cette situation irrégulière.
Ainsi, depuis trois ans, ces deus enfants, qui étaient très brillants à l’école, ont fini par abandonner les études et se retrouver dans les champs d’oignons du Gandiolais où on les fait travailler comme ouvriers agricoles. Ceci, au profit d’un parent qui gère dans cette zone une grande exploitation agricole.

Ce témoignage émouvant en dit long sur la situation pénible et désagréable qui prévaut à Maka Toubé, Ndiébéne Toubé, Ndialakhar, Minguègne Boye, Ndiakhère et dans d’autres localités du Gandiolais et du Toubé, relative aux déperditions scolaires dues au défaut d’enregistrement de la naissance des enfants.

A Maka Toubé, Djibril Diagne, un intellectuel de gros calibre, nous a confirmé que cette situation s’explique par la négligence de certains parents d’élèves. Certains ressortissants et fils du terroir qui travaillent dans d’autres coins du pays et plusieurs autres émigrés originaires du Toubé et établis en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique, sont plutôt préoccupés par l’entretien des familles restées au village. La plupart d’entre eux n’ont pas le temps de régulariser cette situation relative à l’accès de leurs enfants à l’Etat-Civil.

Le problème, selon M. Diagne, c’est qu’ils ne sont pas encore conscients des conséquences désastreuses engendrées par cette situation.
L’analyse de Djibril Diagne est pointue. Elle précise que certains enfants ont parfois la chance de poursuivre leurs études après l’entrée en 6ème avec de fausses pièces d’Etat-Civil, mais ils seront définitivement bloqués par l’impossibilité, après les quatre années d’études du cycle moyen, de renouveler ces extraits de naissance fictifs qui n’ont laissé aucune trace dans les centres d’Etat-Civil. A ce niveau, ils ne pourront jamais se présenter à l’examen du Bfem.

A l’issue de cette grande séance de mobilisation sociale organisée par l’Ong « Clairenfance » avec l’appui de Caritas/Saint-Louis et de Caritas Espagnole, les populations de Maka Toubé, par la voix de khady Ngom, présidente du comité de protection des enfants, Arame Diop, responsable du club des adolescents, du représentant du chef du village, etc, ont réitéré leur engagement à tout mettre en œuvre pour enregistrer dans les plus brefs délais toutes les déclarations tardives de naissance.

Ces intervenants ont laissé entendre que les explications d’Abdoulaye Sambou du Développement Communautaire, de Babacar Diop et de la présidente de l’association lilloise « Le Baobab », leur ont permis d’avoir une idée de l’ampleur de la tache qui les attend.


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