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Route Linguère-Matam: Les secousses d'un long trajet

Vendredi 15 Mars 2013

Route Linguère-Matam: Les secousses d'un long trajet
96 kilomètres. C'est la distance qui sépare Boula, village situé à 17km de Ranérou, de Ourossogui. Une route latéritique et cahoteuse qui oblige les chauffeurs à se livrer quelques gymkhanas. Le trajet Linguère-Ourossogui est truffé de secousses.

Dimanche 10 mars 2013. Il est 9 heures. Dakar s’est réveillée avec un petit froid accompagné d’un vent humide au moment ou nous empruntions la route nationale N° 1. Destination : Matam ou devait se tenir le Comité régional de développement (Crd) spécial sur l’éducation. Normal. Il sera présidé par le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, accompagné des directeurs généraux de son département. La destination semble être longue. Toutes les voitures qui constituaient la caravane, roulaient à une vitesse constante. Entre 100 et 120km/h. Tout semblait rouler.

Le seul hic. Le pneu avant droit de la voiture dans laquelle nous avions pris place en compagnie d’une consœur et du conseiller en communication du ministre, faisait des siennes. Arrivés au croisement de Diamniadio au moment d’observer une petite pause, le temps d’acheter du café, des biscuits et de l’eau, le chargé des missions du ministre s’en est chargé. « Vous allez devoir changer de véhicule », dit-il. L’autre véhicule rebroussa chemin. La caravane reprend la route. Je me demande combien de temps va durer le trajet. Peut être avec des véhicules 4x4, il n’y aurait eu moins de problèmes. Arrivé à Thiès, le convoi s’ébranle vers le chemin de Diourbel.

«Nous allons passer par la route de Linguère. C’est mieux puisque nous gagnerons plus de 200km contrairement à l’autre voie, celle de Saint Louis », renseigne le chauffeur.

Des paysages variés défilent sous nos yeux, au fur et à mesure que nous avancions, A l’intérieur de la voiture, on peut se rendre compte que le soleil est au zénith. Il fait chaud et sec et la noria de voitures soulève beaucoup de poussière. De Diourbel à Touba en passant par Daara Djolof, la chaleur avoisine les 400. Rien n’indique une quelconque activité, sauf à Daara ou sont visibles des carcasses de bétail de même que des éleveurs avec de longs bâtons, des acheteurs, et encore. C’est le marché hebdomadaire. A voir de loin, il grouille de monde. « Nous allons observer la pause à Linguère. Chez Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’énergie », signale un des directeurs. Il est 13 heures, quand nous arrivons à Linguère. C’est le ministre qui accueille la délégation. Il nous installe, le temps de laisser passer les heures les plus chaudes de la journée. Ici, comme il est de coutume au Sénégal, le repas se prend à plusieurs, autour du bol. Le riz à la viande est servi. A cela s’ajoute des fruits pour le déssert et un bon thé. Largement suffisant pour faire oublier les centaines de kilomètres avalés par les véhicules.

Il est 16 heures, passées de quelques minutes. C’est reparti. De Linguère, il ne reste que 213 km pour arriver à destination. Au grand bonheur des chauffeurs sur une longueur de 117km séparant Boula de Linguère, on note une bande qui s’est muée en une sorte de très beau reptile noir et sans écailles. Pour cette distance, il a fallu près d’une heure et quelques minutes pour arriver à Boula, soit à 17 bornes de Ranérou. Ici, le bon état de la route qui constituait une veille revendication, est devenu une réalité. Par contre, les travaux pour le dernier tronçon entre Boula et Ourossogui (96km) sont en cours. Les voitures sont obligées d’emprunter la route latéritique aménagée pour la circonstance, sur une distance de 96km. Nous sommes loin de nos 110km à l’heure ou seule la traversée des ânes, chèvres, des vaches entre autres, ralentissaient la caravane.

Heureusement que les vitres des véhicules fonctionnent. Sinon, comme les autres passagers souvent à bord des bus, nous serions obligés de nous passer quelques serviettes au visage pour éviter d’inhaler la poussière ou d’ouvrir les vitres pour aérer. Comme en attestent les voitures de transports en commun que nous avons croisées. En lieu et place des bancs prévus les passagers choisissent de s’entasser en haut du véhicule. « Ils disent qu’ils préfèrent être en haut que de rester à l’intérieur de la voiture et de respirer toute la poussière. », explique le Directeur. « C’est risqué pourtant », répond un autre. Difficile de fermer l’œil pour une telle aventure. Quand les premières secousses s’en mêlent à hauteur de quelques encablures de Ranérou, « bonjour, dira le directeur, la route cahoteuse ».

Nous empruntons un sentier au milieu de la brousse, ou se perdent des dizaines de villages, aux fins de contourner ces nids de poule. On peut citer entre autres villages Thiakonn, Ndanthiady, Denduddi, Modi maka, Ouro adiouma, Gourel Badi, Dika..

Les habitants de ce tronçon souffrent de cette traversée du désert. La question qui taraude les esprits après chaque passage d’un village éparpillé en pleine brousse, est de savoir : Comment ils vivent ici ? Comment ils comptent évacuer les malades ? Par contre, ils n’ont pas ce souci de coupures de courant, d’eau. Ils sont dépourvus de tout ce confort. Loin aussi de cette pénurie de gaz qui secoue la capitale sénégalaise et les autres grandes villes du Sénégal. Certainement, qu’ils utilisent le bois pour cuisiner, sans se rendre compte des conséquences environnementales.

« Ils font le marché mensuel. Ils ont du lait, du coup, ils se contentent du minimum pour survivre. En général, ce sont des nomades », souligne notre interlocuteur, assis devant. La conversation ne semble guère intéresser le chauffeur. Toujours concentré sur son volant, suivant les autres véhicules, sous une vague de poussière qui amoindrit notre vision, tantôt, il fait quelques acrobaties pour pouvoir contourner les nids de poule.

Une piste cahoteuse, mis à part les travaux de topographie et la présence de camions et autres Caterpillar qui sont à pied d’œuvre. Nous n’avons pas d’autre alternative pour rallier l’autre bout. Par conséquent, les populations de Matam sont obligées de passer par Saint Louis pour se rendre dans la onzième capitale du Sénégal. Et ainsi se taper 700 bornes, alors qu’elles en feraient 200 de moins, en passant par du Ferlo occidental (Ranérou).

Tout de même, c’est une route qui nécessite des études hydrauliques assez pointues comme en attestent les petits ponts en construction.

« Nous étions coincés ici en pleine période d’hivernage. L’eau avait touché les vitres de la voiture. Ce sont les gendarmes qui nous aidés en sondant presque chaque passage », aime se rappeler un directeur.

Enfin, le bout du tunnel. Les voitures ralentissaient. Nous sommes à l’entrée de Ourossogui. La délégation du ministre sera accueillie par le Gouverneur et autres autorités de la localité. Après les mots de bienvenue, nous nous rendîmes à l’hôtel de Sogui. D’ailleurs le plus huppé de la localité, indique-t-il, dans cette zone pauvre en infrastructures hôtelières. Le voyage est arrivé à son terme au bout de 13heures de trajet. Nous pouvons enfin aller nous reposer tranquillement dans nos chambres, oubliant les secousses d’un long trajet. En attendant le retour.


Ibrahima Baldé
Sudonline.sn


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