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VIES DE CHIEN (17)

Jeudi 22 Décembre 2011

Je n’allai pas tarder à le savoir car, après avoir refermé la porte du salon derrière elle, Katy ouvrit la mystérieuse boîte en carton et, avec un ricanement sardonique, en versa lentement tout le contenu sur la belle moquette de Leputois : il ne s’agissait de rien d’autre que, enfer et damnation, d’un nauséabond…tas d’’excréments chien dont l’odeur infecte se répandit aussitôt dans la pièce tout entière ! C’était l’horreur et j’étais sans voix devant la méchanceté sans nom de Katy dont le diabolique stratagème m’apparut alors dans toute son abominable perversité. Ces vilaines crottes de chien qu’elle avait ramassées dieu sait où, elle m’accuserait d’en être l’auteur dès le retour de Leputois qui, furieux, n’hésiterait pas une seconde à me jeter dehors ! Tel était donc le plan méphistophélique qu’avait ourdi cette misérable pour enfin se débarrasser de moi. C’était extrêmement vicieux et quasi infaillible et je ne voyais vraiment pas par quel moyen je parviendrais à m’en tirer, à éviter que ne tombent sur ma pauvre tête de chien les foudres de péquenot de Leputois. Une fois de plus, l’innocence allait être bafouée.
La combine beurrée de Katy marcha comme sur des roulettes et bien évidemment, le vieux toubab tomba dans le panneau après avoir d’abord failli tomber dans les pommes lorsqu’il vit l’ignoble paquet de saucisses déposé sur la moquette de son salon. Katy s’était alors mise à lui expliquer avec force détails comment, après avoir dévoré tout le plat de nourriture qu’elle m’avait servi et fait une bonne sieste j’avais, à mon réveil, déféqué sans vergogne sur la belle moquette malgré ses cris et ses protestations indignés. Selon elle j’avais même voulu me jeter sur elle lorsqu’elle avait tenté de me chasser avec un balai. Evidemment, je ne pouvais ni me défendre ni contredire la menteuse, étant aussi accablé qu’un sourd-muet trouvé sur les lieux d’un crime avec un couteau à ses pieds…Leputois prit donc pour argent content tout ce que lui raconta sa petite sorcière noire me jeta un regard plein de haine. Au comble de l’indignation et me sentant perdu, je m’élançai vers Katy en aboyant furieusement, bien décidé à lui faire sa fête. Terrorisée, elle courut se cacher derrière Leputois en poussant des cris stridents. Ce fut le geste fatal : le sang du vieux toubab ne fit qu’un tour et se saisissant d’une cravache en cuir, il lança un tonitruant « couché » qui m’emplit d’effroi et me paralysa sur le champ. Katy s’était mise à pleurer comme une hyène en sanglots et je la détestai de toutes mes tripes. Se tournant vers elle, Leputois ordonna « Va chercher la muselière ! ». La petite maquerelle ne se le fit pas dire deux fois et courut aussitôt dans la chambre à coucher où se trouvait l’objet maudit. Elle en ressortit peu après et le tendit avec empressement à son vieux concubin qui, en un tournemain, coinça mon museau et avec une vigueur que je ne lui eusse jamais soupçonné, l’y enferma solidement. « Eh bieng mon salaud, tu vas voire ce que tu vas voire… » dit Leputois avec son fort accent marseillais, en serrant les dents. La gueule emprisonnée dans l’instrument de torture du veux toubab, je gémissais pitoyablement et dans mon for intérieur je me demandais ce que j’avais bien pu faire pur mériter un tel sort. Katy qui était aux anges continuait quand même à jouer la comédie et pleurnichait comme une truie pour toucher davantage la corde sensible de son chéri « Missel ». Je la maudissais de toute mon âme de chien. ( à suivre…)