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VIES DE CHIEN (38)

Mardi 15 Mai 2012

N’ayant jamais eu l’habitude de sortir, elle était très heureuse de découvrir, en compagnie de Jacques, tous ces petits plaisirs qui donnent aussi du prix à la vie et qui même s’ils n’en constituent pas la quintessence contribuent tout même grandement au bonheur. De son côté, Jacques apprit à connaître la jeune femme et se rendit vite compte que son intuition ne l’avait pas trompé : Yacine était vertueuse mais aussi intelligente et pétrie de ces qualités rares qu’il avait toujours recherché dans la gent féminine. Sa naïveté, conséquence de son inexpérience, ne la rendait que plus attachante aux yeux de Jacques et, au fil du temps, l’amour grandissait et s’enracinait dans son cœur autant que dans celui de son aimée.

Mais pour agréables que fusse la compagnie de Yacine ainsi que les virées occasionnelles qu’il lui faisait faire avec l’accord tacite de la famille, Jacques était aussi conscient qu’il y avait des limites qu’il ne pouvait pas se permettre de franchir sous peine de heurter le vieux Assane Camara.

Ce dernier qui avait jusque là fait preuve d’une tolérance inhabituelle en fermant les yeux sur les fréquentes visites de Jacques et les sorties nocturnes de sa fille cadette n’accepterait certainement pas que l’on dérogeât aux sacro-saints principes de la bienséance sous son toit. Il fallait à tout prix éviter de violer les règles ayant cours chez les Camara comme dans toute famille de bonnes mœurs. C’est ainsi qu’un beau jour, certain qu’il avait ferré le poisson et que l’amour de Yacine lui était acquis, Jacques décida de franchir le Rubicon et de demander la main de la fille d’Assane Camara. Bien sûr il fit d’abord part à cette dernière de son intention de s’unir à elle par les liens sacrés du mariage, bien qu’il sût pertinemment que la cause était entendue depuis longtemps. Et comme il s’y attendait, Yacine laissa éclater sa joie lorsqu’il lui annonça sa décision de faire d’elle son épouse. Pour la première fois depuis qu’il la fréquentait, elle lui sauta au cou et lui fit un baiser bien sonore sur les deux joues.

Leur liaison jusque là platonique allait pouvoir enfin se transformer en amour véritable, l’honneur était sauf. Elle qui avait jusqu’ici rejeté tous les prétendants qui l’avaient demandé en mariage se réjouissait à l’idée que Jacques fût le prince charmant qui concrétiserait son rêve de fonder un foyer et d’avoir des enfants. Jacques ne fit pas traîner les choses et dès qu’il fût assuré du consentement de Yacine, il parla de son projet à deux vénérables cousins de son père qui se chargèrent de faire les démarches appropriées pour la circonstance. Ils rendirent visite à Assane Camara et, au nom de leur neveu, lui demandèrent la main de sa fille dans les règles de l’art. Celui accepta sans aucune difficulté et leur fit même part de tout le plaisir qu’il éprouvait à bénir l’union des jeunes gens, compte tenu des liens de parenté très proches qui existaient entre sa propre épouse et le prétendant. De surcroît il avait eu l’occasion d’apprécier la politesse et la courtoisie de Jacques qu’il avait autorisé à fréquenter sa fille pendant un certain temps.

Des échos lui étaient également parvenus d’ailleurs, louant ses qualités humaines et son respect du travail bien fait. Pour toutes ces raisons, il ne pouvait donc que se réjouir qu’il devînt son gendre étant certain que sa fille serait entre de bonnes mains et qu’il ferait tout pour la rendre heureuse. Assane Camara termina en disant aux émissaires de Jacques qu’il n’avait aucune exigence particulière en dehors de celles prescrites par la religion, de même que son épouse, la tante de Jacques, qui était en parfait accord de vues avec lui (à suivre…)