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VIES DE CHIEN (4)

Mercredi 21 Septembre 2011


Elle était douce, suave, caressante, pénétrante. Une bouffée de chaleur et une étrange sensation de bien-être m’envahirent, du sommet de mon crâne jusqu’à la pointe de mes pattes en passant par mon échine, subitement prise de spasmes irrépressibles.

C’était la voix de mon maître ! Elle m’avait subjugué et je compris que désormais, à chaque fois que je l’entendrais, j’en serais bouleversé, ému jusqu’au fond de mes entrailles. Eh oui ! Nous autres, les chiens, ressentons d’intenses émotions et cela, la plupart des hommes l’ignore ! Ils ne savent pas que nous nous sommes capables d’éprouver de la colère, de la haine, de la tristesse, de la joie, de la peur, de la nostalgie, de l’amour !...Peut-être même plus intensément qu’eux et dans leur ignorance ils n’ont trouvé qu’un seul mot pour désigner les divers états d’âme de la race canine : l’instinct, pauvre mot qui sert de fourre-tout lorsqu’il s’agit de parler de nos émotions pourtant bien réelles. Rares sont les êtres humains assez sages et avisés qui, comme mon maître, sont conscients de cet état de fait : c’est d’ailleurs sans doute la raison pour laquelle ils nous accordent à nous aussi, chiens d’ici et d’ailleurs, le respect, l’amitié ou l’affection que nous méritons. Certains d’entre eux préfèrent de loin notre compagnie à celle de leurs semblables et j’ai une fois entendu un écrivain déclarer à la télévision. que je regardais en compagnie de mon maître : « Plus je connais les hommes, plus j’admire les chiens » ! Ce jour-là j’étais vraiment très fier !
La première chose que fit mon maître après m’avoir bien nourri et rendu propre, ce fut de me donner un nouveau nom. Il en fit part à sa femme et à ses enfants qui se lancèrent alors dans une interminable discussion sur le choix du nom qui m’irait le mieux, chacun proposant celui qui lui semblait le plus joli. Au terme de ce conciliabule enjoué et ponctué de fous-rires, l’on décida de me baptiser Nestor.

Nestor ! Quel beau et noble nom ! Mon maître et sa famille n’auraient pu mieux choisir et même si aujourd’hui il n’y autour de moi plus personne pour m’appeler ainsi, je continue de me le remémorer avec nostalgie et fierté. Nestor…Rien à voir avec ces affreux sobriquets dont m’avaient affublé l’un après l’autre mes anciens propriétaires : Bobby, Rex, et le pire de tous, Kouty, qui me faisait presque gémir et me donnait envie de rentrer sous terre chaque fois que je l’entendais prononcer.