Connectez-vous
NDARINFO.COM

Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte

VIES DE CHIEN (69)

Mercredi 26 Décembre 2012


Un torrent d’imprécations vint frapper les oreilles de Yacine Camara avant de se transformer à nouveau en un long râle de désespoir. La femme de mon maître qui ne comprenait toujours pas ce que signifiaient les confuses paroles de tante Alimatou prit le parti de lui poser des questions précises : « Mais enfin, Alimatou, que se passe t-il donc ? Qu’est-ce Modou t’a fait ? Vous vous êtes chamaillés ?... » interrogea t- elle de sa voix posée.

« C’est pire que tout ce que tu peux imaginer, Yacine !... » éructa Alimatou hystérique « ce type est un salaud de la pire espèce ! Après tout ce que j’ai fait pour lui, tout ce que j’ai enduré par amour, il a osé épouser une autre femme et encore à mon insu !... » « Oh non !...Ce n’est pas vrai !... » soupira Yacine qui, de surprise, mit la main sur sa bouche.

« Et ce n’est pas tout Yacine ! Par-dessus le marché ce monstre s’est permis de convoler avec la fille de ma meilleure amie ! Mais je ne vais pas me laisser faire ! Je vais le traîner devant la justice et je vais demander le divorce !... » ajouta tante Alimatou dont les paroles se noyèrent dans une pathétique cascade de sanglots.


« Mon Dieu ! Comment est-ce possible… » dit Yacine, effarée. Puis elle s’approcha de sa belle-cousine qui lui inspirait alors une grande pitié malgré qu’elle en ait. Elle passa ses bras autour des épaules de tante Alimatou, faisant de son mieux pour la consoler.

« Ce qui t’arrive est terrible Alimatou, et je comprends ton état d’âme, mais dis toi bien que les hommes sont tous pareils, tous des coureurs de jupons… »


« Non Yacine ! l’interrompit tante Alimatou avec véhémence, ils ne sont pas tous pareils ! La preuve : il ne viendrait jamais à Jacques l’idée de commettre une telle forfaiture ! Lui, a de la moralité et Modou ne lui arrive même pas à la cheville ! Mais tout ça est de ma faute ! Ma mère m’avait bien mise en garde et mon père s’est toujours farouchement opposé à mon union avec ce vaurien issu de la plus basse des castes !... »

« Allons ! Allons !... » protesta Yacine coupant à son tour son interlocutrice « Ce n’est pas joli de dire des choses pareilles Alimatou…Après tout Modou est le père de tes enfants et vous avez quand même connu de beaux moments d’amour au cours de vos trente ans de vie conjugale ! » « Oui, tu as raison » reconnut Alimatou comme prise de remords après ce qu’elle venait de dire. Sa voix était empreinte d’une profonde tristesse et elle reniflait sans arrêt. « Mais alors, pourquoi Modou m’a-t-il fait ça ? Pourquoi m’a-t-il donné ce coup de poignard dans le dos ? A-t-il oublié tous les sacrifices que j’ai faits pour lui, ma jeunesse que je lui ai donnée, la colère de mes parents que j’ai dû affronter ?... »

« Tout cela est vrai ma chère Alimatou, dit Yacine de sa voix la plus douce et s’efforçant d’être convaincante, mais je crois qu’il faut mettre ça sur le compte du « démon de midi » et puis, à mon avis le véritable fautif, c’est la fille de ta meilleure amie là ! Qu’avait-elle à s’amouracher d’un homme qui a plus que l’âge d’être son père et de surcroît le mari de la meilleure amie de sa mère ? Il faut vraiment être une fille sans scrupules et sans moralité pour s’embarquer dans une pareille aventure !... ». Ayant dit cela, Yacine se tut et un lourd silence s’établit entre les deux femmes qui plongèrent dans une courte mais profonde méditation. Ce fut Yacine qui de nouveau brisa le silence : « Tu sais Alimatou » reprit-elle sur le même ton calme, serein, « je crois que le mieux pour toi, c’est de t’armer de courage…