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Actualité Sénégalaise et Internationale PRESIDENTS SENEGALAIS: De l’ombre à la lumière!

Vendredi 25 Juillet 2014

A l’origine discrète et sans prétention, la famille du Président est en train, depuis quelque temps, de se faire une légitimité au Sénégal. A l’image des «démocraties monarchiques» qui pullulent sur le continent.

«La famille est un ennemi en politique, il faut l’en éloigner le plus loin possible.» La leçon est de Senghor, elle est servie l’année dernière à des étudiants par un Moustapha Niasse maître de conférence. Depuis, «l’émotion mal contrôlée» et les approximations linguistiques ( ?) d’un ministre sérère sont passées par-là, offrant au président de l’Assemblée nationale l’occasion de rappeler cette assertion à son proche collaborateur qui, tous les jours, foule aux pieds Léopold Sédar Senghor. L’avenue s’entend. La monumentale bourde de Mbagnick Ndiaye a, au fond, confirmé les doutes des Sénégalais quant à la mainmise de la Première dame sur le pouvoir, du moins sur le dépositaire de l’appareil d’Etat. Et, le silence têtu du Président ne fera pas disparaître cette «Mbagnickgate». Qui ne dit mot, consent. Ni n’éclipsera la présence de ce que la clameur populaire appelle désormais la dynastie Faye/Sall/Thimbo dans les entrailles du pouvoir. Président/famille/pouvoir, un triumvirat que l’électorat a vomi sous le régime Wade, croyant fermement à la gouvernance vertueuse héritée de Senghor et de Diouf qui, eux, tenaient la famille loin des cercles de décision. Vraiment ?

Greffon. La triade magique président/famille/pouvoir n’est pas l’apanage de Macky Sall. Senghor qui a si brillamment théorisé sur famille et pouvoir, a été le premier à ouvrir le bal à sa famille. Simple oubli ou amnésie ? Moustapha Niasse ne peut ignorer la présence du neveu du Président-poète au gouvernement socialiste. Adrien Senghor s’était vu offrir le portefeuille du ministère du Développement rural avant d’échouer au ministère chargé de l’Equipement. Une position qui aurait permis à son fils, Francis Senghor, de bénéficier de prêts bancaires de près d’un milliard de FCFA pour monter sa maison de disques, Golden Baobab. L’histoire dit que la société n’a jamais rien produit. Ni disque, ni argent, ni tollé. «A l’époque, toucher aux membres de la famille Senghor signifiait la disgrâce», raconte un vieux de la vieille. La preuve, le premier Président du Sénégal offrira encore à un autre membre de sa famille, Arfang Senghor, le poste inédit d’ambassadeur en Italie. La greffe prend encore et Abdou Diouf qui apprend sous l’ombre du maître, en prend de la graine. La tradition est née. Magued Diouf, son frère est nommé ministre de l’Energie sous son magistère. La discrétion dont fait montre le monsieur sauve les apparences et enfonce Karim Wade au plus fort de la crise népotiste dont est accusé son père. La clameur ne cesse d’opposer au fils d’Abdoulaye Wade la discrétion et la non implication des enfants d’Abdou Diouf dans la chose politique.

Excroissance. Avec Wade, le pouvoir devient vraiment une affaire de famille. Jusqu’ici, les Présidents n’osent pas placer leur fils au centre de l’appareil d’Etat, mais Karim est différent. «Il sait des choses que je ne sais pas», dit de lui Abdoulaye Wade pour justifier son omniprésence. Le fils a quitté ses fonctions de «Asociate director» dans une grande banque londonienne spécialisée dans les télécommunications pour venir épauler son père et servir sa patrie. Sans contrepartie, ni arrière-pensée de velléités népotistes. La «storytelling» marche un temps, le temps pour Abdoulaye Wade de placer sa fille en conseiller en communication et coordinateur du Festival mondial des arts nègres (Fesman) en 2010. Trop tard avant que le peuple ne se rende compte que la famille Wade préside désormais aux destinées de la pirogue. Excroissances de la République, ils font et défont jusqu’à l’écœurement. Un peu comme ce qui est reproché aujourd’hui à la Première dame dont la famille, plus que celle de son époux, a fini de s’approprier sa part du butin. Avec ostentation. Promu à la Solidarité nationale, Mansour Faye, frère de Marième Faye Sall, est ministre de l’Hydraulique et maire de Saint-Louis. Adama Faye, l’autre frère, concourrait aux côtés du Premier ministre, à la mairie de Grand-Yoff. Le beau-père, Homère Seck, Pca de Petrosen. Une belle-famille qui complète le tableau Sall/Thimbo pour une gestion dynastique du pouvoir. D’autant plus que deux de ses membres, Aliou Sall et Mansour Faye, viennent de se voir offrir une légitimité par l’électorat sénégalais. Parents de Président, une institution en marche ?

GFM