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Alioune Diop : Le serviteur de l’ombre

Vendredi 29 Septembre 2017


Alioune Diop, le fondateur de la revue « Présence Africaine », était un personnage de l’ombre qui mettait en lumière des idées, des hommes, le monde noir, l’Afrique, une humanité moins inique. Ce combat qu’il a mené avec ses compagnons de lutte est le gros chapitre de son existence terrestre. Alioune Diop est né en 1910 à Saint-Louis. Après ses études primaires à Dagana et secondaires dans la première capitale du Sénégal, il entame, en 1936, en Algérie, des études de Lettres classiques qu’il poursuit à la Sorbonne à Paris. Il est, à partir de 1943, professeur de Lettres à Paris et dans plusieurs villes françaises. Son implication dans la vie politique au Sénégal a été très brève (1946-1948).


Alioune Diop : Le serviteur de l’ombre
« Cette position en retrait de la politique explique peut-être la passion mise au service de la cause nègre et qui va de pair avec une distance lucide, un recul critique, un regard distancié qui sache prendre en compte l’état réel de la culture africaine qui se doit, selon Diop, de « sortir de son sarcophage pour humer l’air du monde ». Contre l’apologie systématique des sociétés précoloniales, Diop est convaincu que la culture africaine renferme en elle, comme le ver dans le fruit, les germes de la domination qu’elle subit » (Mamadou Ba, Ethiopiques).


En 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et son corollaire, il fonde, avec la collaboration de compagnons de lutte dont Leopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, la revue « Présence Africaine » qui devient une tribune de revendication culturelle : la Négritude. Il fallait donner la parole aux colonisés. Alioune Diop avait alors pour objectif « d’accueillir tout ce qui a trait à la cause des Noirs et toute voix qui mérite d’être entendue ». Et d’ouvrir la revue « à la collaboration de tous les hommes de bonne volonté… susceptibles d’aider à définir l’originalité africaine et de hâter son insertion dans le monde moderne ».


En 1949, la Maison d’édition Présence Africaine ouvre ses portes et publie l’ouvrage « La Philosophie Bantoue » du révérend père Placide Tempels la même année. Pour rester dans sa logique, Présence Africaine édite, en 1954, « Nations nègres et culture » de Cheikh Anta Diop. Il fait partie, avec ce dernier, Senghor, Frantz Fanon…des instigateurs du premier Congrès des écrivains et artistes noirs. Celui-ci réunit, en 1956, à la Sorbonne, les intellectuels noirs venus des Antilles françaises et britanniques, des Etats-Unis et d’autres parties de la planète.

Le « secrétaire permanent du mouvement de la négritude », pour ainsi reprendre Senghor, joue un rôle important dans l’organisation du Festival mondial des arts nègres de 1966. Il avait la responsabilité du colloque portant sur le thème : « Signification de l’art dans la vie du peuple et pour le peuple ». Son implication dans celui de Lagos en 1977 fut tout aussi grande. Aimé Césaire avait dit de lui qu’il « était un homme de dialogue qui respectait toute civilisation. Il apparaîtra, j’en suis sûr, avec le recul du temps, comme un des guides spirituels de notre époque ».

Celui que Frédéric Grah-Mel a appelé « le bâtisseur inconnu du monde noir » décède le 2 mai 1980 à Paris. En 1982, l’Organisation internationale de la Francophonie crée le Prix Alioune Diop de l’Edition francophone. Son œuvre est digne de cette reconnaissance.

« La singularité d’Alioune Diop, dont la pensée est toute entière ordonnée pour l’action, se manifeste, dit le professeur Mamadou Ba, essentiellement dans la création et la direction de la revue Présence Africaine, revue du monde noir où il donne la parole à tous les membres de l’intelligentsia noire sans exclusive, s’interdisant de privilégier un clan ou une chapelle, accueillant de la sorte des personnalités fortes, aux idéologies parfois opposées, sans sectarisme théorique ni dogmatisme partisan ».

Par Alassane Aliou MBAYE
 


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