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Exploitation de la navigation sur le fleuve Sénégal : d'immenses opportunités d’affaires, selon le DG de la SOGENAV

Mercredi 29 Juin 2022

« La réalisation du Projet Navigation de l’OMVS en cours de mise en œuvre permettra, en Mauritanie, de rentabiliser, par la navigation mixte mer/fleuve par cabotage, les ports existants (Ndiago et Nouakchott), de désenclaver les villes riveraines et les zones de productions (agricoles, agro-industriels, minières, touristiques etc.) ». C’est ce qui ressort d’une interview accordée par le Directeur Général de la Société de Gestion et d’Exploitation de la Navigation sur le Fleuve Sénégal (SOGENAV), Monsieur Amadou Diallo, au quotidien national Horizons. Il a ajouté que « le transport des phosphates extraits des gisements de Bofal vers les ports de Ndiago et de Nouakchott, pourrait se faire à moindre coût par la navigation fluviomaritime ».


Exploitation de la navigation sur le fleuve Sénégal : d'immenses opportunités d’affaires, selon le DG de la SOGENAV

Horizons : Monsieur le Directeur Général, qu’elle est la mission principale de la SOGENAV ?

M. Amadou Diallo : La Société de Gestion de la Navigation sur le fleuve Sénégal (SOGENAV) est née de la volonté des Chefs d’Etat de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) pour donner corps à un des projets fondateurs de l’Organisation, à savoir le projet de navigation sur le fleuve Sénégal. Elle a été portée sur les fonts baptismaux le 9 juin 2011 et a son siège à Nouakchott, en République Islamique de Mauritanie. La SOGENAV a été créée pour restaurer, moderniser et promouvoir de manière pérenne la navigation sur le Fleuve Sénégal d’Ambidédi (au Mali) à Saint-Louis (au Sénégal). Elle est également chargée de la gestion et de l'administration des activités de Navigation et de transports sur le fleuve Sénégal ainsi que l'exploitation, l'entretien et le renouvellement des ouvrages qui lui sont confiés par les Etats membres de l’OMVS.

Horizons : Pouvez-vous nous présenter le Projet Navigation de l’OMVS ?

M. Amadou Diallo : Le Projet Navigation de l’OMVS est le troisième volet prioritaire du Programme d’infrastructures régionales de base de l’OMVS conçu par l’Organisation depuis sa création en 1972. Les deux premiers volets concernent la production d’énergie hydroélectrique et le développement de l’agriculture irriguée.

Le Projet Navigation a pour objectif de restaurer la navigation sur le fleuve Sénégal et assurer une navigation pérenne entre le Port fluvial d’Ambidédi au Mali et le Port fluviomaritime de Saint-Louis au Sénégal sur 905 km.

Le Projet Navigation est mis en œuvre suivant trois phases. La première phase concerne les activités visant à restaurer la navigation saisonnière sur le fleuve Sénégal. Cette phase est terminée depuis septembre 2020.

La deuxième phase ou phase d’investissement prioritaire vise la réalisation de nombreuses infrastructures dont, deux ports modernes à savoir un port fluvial à Ambidédi et un port fluviomaritime à Saint-Louis, un chenal navigable aménagé entre Ambidédi et Saint-Louis, huit escales fluviales et sept appontements répartis sur les deux rives du fleuve en Mauritanie et au Sénégal. A cela, il faut ajouter la réalisation d’un chantier naval à Rosso Mauritanie.

Dans la troisième phase ou phase cible, les infrastructures seront complétées par un port minéralier en eaux profondes marines et par des aménagements complémentaires du chenal navigable.

Le Projet Navigation vise le développement économique et social des Etats membres de l’OMVS en contribuant à la promotion des secteurs productifs, au désenclavement des zones de productions agricoles, agro-industrielles, minières, touristiques, à l’intégration physique des populations riveraines du Fleuve Sénégal et à la création d’emplois. Il a fait l’objet d’un grand nombre d’études techniques, économiques et environnementales qui ont démontré sa rentabilité économique et financière.

Il faut signaler que le taux de rentabilité interne du Projet Navigation est de l’ordre de 20%.

Horizons : Quelles sont les retombées du projet pour la Mauritanie ?

Amadou Diallo : En Mauritanie, le Projet Navigation de l’OMVS permettra de rentabiliser, par la navigation mixte mer/fleuve les ports existants de Nouakchott et de NDiago, de désenclaver les localités riveraines du fleuve Sénégal sur plus de 800 km et d’assurer l’intégration physique et les échanges commerciaux entre les populations.

La réalisation du projet navigation permettra par conséquent de diminuer les frais de transport et les coûts des biens de consommation à l’importation et à l’exportation, diversifier les voies d’importation et d’exportation des marchandises, créer des emplois et surtout réduire l’exode des populations riveraines.

De manière spécifique, les activités de navigation auront des impacts socio-économiques positifs surtout dans les wilayas du Trarza, Brakna, Gorgol et Guidimagha.

D’autre part, les localités riveraines constitueront, ainsi, des pôles de développement économique et social grâce aux échanges commerciaux entre les populations, à la construction en Mauritanie du chantier naval de Rosso pour un coût estimé à 73 milliards FCFA, à la construction ou réhabilitation de trois escales portuaires et quatre appontements estimés à plus de 20 milliards FCFA.

Le Projet Navigation de l’OMVS va désenclaver les zones de production agricole et agro-industrielle du delta et de la vallée. En plus, il favorisera l’aménagement du potentiel de plus de 120.000 ha de terre irrigable et facilitera l’écoulement des productions agricoles du delta vers la vallée par la navigation fluviale et vers les ports de Ndiago et de Nouakchott par la navigation fluviomaritime.

Aujourd’hui, la Mauritanie exploite environ 67.000 ha pour environ 300.000 tonnes de riz. Dans les prochaines années, grâce à la disponibilité de la navigation, moyen de transport de proximité et le moins couteux, plus de 120.000 ha pourraient être exploités pour produire plus d’un million de tonnes de céréales qui pourraient être évacuées facilement par le fleuve.

La navigation pourrait désenclaver les zones de production minière du bassin du fleuve et accélérer l’exploitation du vaste potentiel des ressources minières.

N’oublions pas que le transport des phosphates extraits des gisements de Bofal vers les ports de Ndiago et de Nouakchott, pourrait se faire à moindre coût par la navigation fluviomaritime. La production visée actuellement est de 100 millions de tonnes soit 5% du potentiel exploitable qui est de l’ordre de 2 milliards de tonnes.

Horizons : A nos jours, quelles sont les réalisations concrètes du Projet ?

M. Amadou Diallo : Parmi les réalisations du projet navigation on peut citer : l’élaboration des instructions nautiques du fleuve ; l’élaboration du code international de la navigation et des transports ratifiés par les Etats membres de l’OMVS ; le balisage sommaire du chenal navigable ; l’acquisition par l’OMVS d’une flotte de deux (2) bateaux automoteurs de capacité totale de 1.100 tonnes et l’acquisition de deux (2) vedettes techniques pour la surveillance du chenal navigable. Ces réalisations ont permis de restaurer la navigation saisonnière sur le fleuve Sénégal.

S’y ajoute la délimitation des domaines portuaires des ouvrages du projet par les Etats et le dragage des accès au Port d’Ambidédi et aux escales de Rosso (Mauritanie) et de Podor (Sénégal).

Par ailleurs, il faudrait rappeler la signature du contrat de construction des infrastructures avec l’entreprise indienne AFCONS en octobre 2019 et l’engagement d’Eximbank Inde à financer le coût de construction des infrastructures évalué à 520,6 millions USD.

Le processus de mobilisation du financement est en cours. Il a connu des perturbations, en 2020-2021, à cause des impacts négatifs de la pandémie de COVID19 sur les économies et marchés financiers mondiaux particulièrement sur les Etats membres de l’OMVS ainsi que sur l’Inde et les conditions d’octroi des prêts d’Eximbank.

Horizons : Avez autre chose à ajouter ?

M. Amadou Diallo : Je voudrais inviter les acteurs du secteur privé à s’impliquer fortement dans l’exploitation de la navigation sur le fleuve Sénégal pour profiter des immenses opportunités d’affaires liées à la forte demande de transport existant dans le bassin. Le secteur privé pourrait intervenir dans la valorisation des potentialités touristiques, la création de sociétés de transport fluvial, l’exploitation des infrastructures de navigation (ports, escales), la création de sociétés de dragage et d’entretien du chenal navigable.

 


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