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MIMI TOURÉ, ANCIEN PREMIER MINISTRE – «Le Ps veut, dans 24 mois, faire tomber le Président Macky…»

Mardi 30 Décembre 2014

L’idée était d’envoyer un message électronique à l’ancien Premier ministre Aminata Touré pour avoir son avis sur les sujets de l’Heure. Comme d’habitude, Mimi Touré s’est montrée très réactive. «Envoyez vos questions, je vais essayer de vous répondre dans les 30 minutes», répond-elle instantanément par Sms. Puis, saisissant l’aubaine comme une obole, l’on a fait vite d’envoyer une question-express sur les critiques formulées sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), la liberté provisoire de Karim Wade exigée par certains cadors de la majorité, les sorties musclées des socialistes déniant à certains responsables de la majorité le souci d’élargir leur base en vue des joutes électorales de 2017… et Tutti quanti. Pour toutes ces questions, l’ancien Pm, Mimi, répond avec diligence, sans fard.


MIMI TOURÉ, ANCIEN PREMIER MINISTRE – «Le Ps veut, dans 24 mois, faire tomber le Président Macky…»
De plus en plus des voix s’élèvent pour clouer au pilori le fonctionnement de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), ces critiques sur le fonctionnement et les lenteurs de cette cour sont-ils justifiés ?

Il faut rappeler que la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) fait partie de notre architecture judiciaire. C’est heureux que le débat artificiel sur sa constitutionnalité ait été évacué. Comme toute institution, elle est perfectible, il y avait un projet de révision dans le circuit. Le ministère de la Justice, je pense, continue à travailler dessus pour faire évoluer la Crei en prenant en compte le principe de double degré de juridiction, c’est-à-dire en établissant la possibilité de faire appel de ses décisions en seconde instance. L’idée d’une Cour de répression des crimes économiques et financiers est à l’étude. Évidemment, ces changements ne peuvent pas se faire avec un procès en cours. Quant aux lenteurs, il faut savoir que le temps de la justice n’est pas le temps des politiciens, ni de la presse. Pour respecter les standards d’une justice équitable et transparente, il faut du temps, évidemment un temps raisonnable.

«Je fais confiance en la justice pour accorder ou pas la liberté provisoire à Karim Wade»

Dans l’émission «Grand Jury», Me Aïssata Tall Sall a fait une plaidoirie pour plaider la liberté provisoire de Karim Wade. Auparavant, d’autres voix de la majorité s’étaient déjà levées, est-ce conforme à l’idée que vous vous faites de la justice ? Est-ce que cela ne fait pas désordre au sein de la mouvance présidentielle ?

Je suis pour la liberté d’opinion. Je pense qu’il faut laisser les juges et les avocats faire leur travail librement et sans pression aucune. Chaque Sénégalais à son opinion sur la question, mais notre justice a atteint aujourd’hui ce niveau de performance qui lui permet de dire le droit de manière juste et équitable. Je lui fais confiance.

On vous a présenté comme la marraine de la traque des biens mal acquis. Est-ce que c’est ce qui explique que vous en faites un défi personnel ? Une question qui vous tient à cœur ?

Ce n’est pas une question personnelle, ce fut un engagement du Candidat Macky Sall et une promesse tenue du Président Macky Sall que de mettre le Sénégal sur la rampe de la bonne gouvernance et la reddition des comptes publics. C’est aussi ma conviction que sans gouvernance vertueuse, on ne rompra jamais le cycle de la pauvreté. Comment pourrait-on espérer se développer si les milliards qui doivent aller à la santé des populations, à l’éducation des enfants, aux infrastructures et autres investissements se retrouvent dans les comptes personnels des dirigeants ? Le code de transparence, l’obligation de déclaration de patrimoine, la création de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) sont de très bonnes avancées qui sont saluées partout en Afrique et dans le monde. J’encourage le Président Macky Sall à maintenir ce cap, c’est difficile, car il y a beaucoup de résistances sociales et même culturelles, d’émotions, mais avec le recul, on appréciera davantage l’énorme changement apporté. La voie est difficile, mais elle est royale et les générations futures en seront reconnaissantes.

La critique formulée par les responsables du Ps sur la candidature de 2017 est-elle fondée ?

Tout parti a pour vocation de conquérir le pouvoir, certes, mais tout parti a aussi pour ambition de conserver le pourvoir dans la limite temporelle définie par la Constitution. Là, tout le monde est d’accord là-dessus. Aujourd’hui, on constate que Benno Bokk Yaakaar aura potentiellement deux candidats au moins. Pour être encore plus explicite, c’est-à-dire que le Président de Benno Bokk Yaakaar, Macky Sall, fera face à un autre candidat de Benno Bokk Yaakaar. Ce n’est plus une alliance alors, c’est une arène. Et fondamentalement, cela pose le problème de l’éthique en politique. Pour faire simple, voilà l’énoncé du problème : nous sommes ensemble dans le gouvernement, nous partageons des positions institutionnelles, mais dans 24 mois, on veut faire tomber le Président et le replacer. Ça ne répond pas à mes critères de partenariat loyal. Puis, on a connu Benno Siggil Senegal et ce qu’il en est advenu. Nous, les politiciens, nous nous devons d’offrir aux jeunes de notre pays d’autres manières de faire la politique. Chacun est libre de compétir, car la démocratie c’est la compétition, mais une compétition saine, c’est-à-dire claire et sans petits calculs politicards.

La sortie de Macky Sall désavouant publiquement Mahmout Saleh ne jette pas du sable sur l’entreprise de rassemblement que vous voulez porter ?

Il n’est pas du meilleur aloi pour un homme d’Etat de rapporter en public une conversation privée avec le président de la République, la première Institution du pays. Personnellement, je me l’interdirais. Quels que soient les enjeux politiques, les principes républicains doivent prévaloir, car l’Etat nous survivra tous. La coalition pour la réélection du Président Macky Sall est plus qu’une nécessité, c’est une urgence à 24 mois des élections pour offrir une plateforme à tous ces acteurs politiques, mais aussi aux intellectuels, aux acteurs de développement, aux artistes et autres intervenants clé de la vie nationale qui souhaitent s’engager et c’est une excellente chose. Car il faut ouvrir l’espace politique à tous ces acteurs qui ont beaucoup à offrir et cela nous sortirait d’ailleurs du face-à-face éternel entre politiciens plus préoccupés par le positionnement et les prébendes que par le développement réel du pays.

Etes-vous au courant des tentatives de faire de Tanor Dieng le directeur de campagne et de Khalifa Sall le Premier ministre ?

Pas du tout au courant. Je l’ai lu dans la presse, Macky Sall serait alors le candidat du Ps, c’est ça ? Ne sommes-nous pas dans la politique-fiction là ? Permettez-moi de me réjouir de la baisse du carburant et du gaz qui allège non seulement les ménages qui voient ainsi leur pouvoir d’achat s’améliorer, mais aussi les entreprises dont la facture énergétique constitue une part très importante des charges d’exploitation. Cela va leur permettre d’être plus compétitifs, de faire de meilleurs profits et d’embaucher plus. C’est une excellente manière de terminer l’année.