Mme Amina Sow Mbaye, est notre Domou Ndar du mois. Ndarinfo veut honorer à juste mesure, ce grand monument de la culture. Maman Amina, la Généreuse est une sentinelle infatigable de la tradition africaine.


Mme Amina Sow Mbaye est notre Domou Ndar du mois !
Amina Sow Mbaye est née en 1937 à Saint-Louis du Sénégal. Son père était brigadier des garde-cercles. Suivant les affectations de son père, Amina Sow Mbaye fréquente les écoles primaires Léontine Gracianet à Saint-Louis, Gambetta à Kaolack, et l'école régionale de Fatick. De 15 à 19 ans, elle fréquente le collège de jeunes filles Ameth Fall, à Saint-Louis où elle est capitaine de l'équipe de basket-ball. (Elle deviendra d'ailleurs plus tard la première femme arbitre diplômée de basket du Sénégal). Après l'obtention du BEPC et un stage de 3 mois, elle devient institutrice à Dagana, puis, deux ans plus tard, à Saint-Louis.

Après l'obtention du Brevet Supérieur de Capacité, elle est nommé directrice de l'école d'application de l'ENR de Saint-Louis. Routière totèmisée dans le scoutisme, elle fut cheftaine de meute et de clan et elle est membre de l'association des anciens éclaireurs du Sénégal. Elle a aussi été la présidente régionale de la Fédération des associations féminines du Sénégal et la Présidente régionale de l'association de l'Ordre du Lion et du "Diiwaan" de la Fraternité Musulmane de Pire à St Louis.

Musulmane pratiquante, elle a fait un pèlerinage à La Mecque et, au moment de prendre sa retraite, elle s'est fixée deux priorités qui reflètent ses convictions religieuses: la prière et l'éducation de ses enfants orphelins de père qu'elle voudrait voir progresser à l'école, grandir et devenir des personnes responsables. Le dernier roman d'Amina Sow Mbaye, Pour le sang du Mortier, reflète son désir de promouvoir des relations humaines où la vertu et la grandeur d'âme se rencontrent à l'intersection "du donner et du recevoir".

A l'automne de sa vie, Amina Sow Mbaye dirige bénévolement une école de bienfaisance dénommée MERERUE (Maison d'Encadrement et de Réinsertion des Enfants de la Rue) à coté de fils artiste multidimensionnel Pape Samba Sow dit Zoumba. Notons qu'Amina Sow Mbaye est décorée des Palmes Académiques le 06 Mai à Paris.


Quelques unes de ses oeuvres:

Mme Amina Sow Mbaye est notre Domou Ndar du mois !
La leçon de l'inspecteur

Dans le bureau de Monsieur l'Inspecteur primaire, étaient debout cinq jeunes filles nouvellement sorties du stage de formation des institutrices adjointes. Cinq belles créatures, dix yeux timides et inquiets, des attitudes gauches d'élèves apeurées, bref un tableau touchant et ridicule qui arracha un sourire discret à l'Européen dont on redoutait la sévérité dans toute la circonscription. Et Dieu sait qu'elle était vaste, cette circonscription qui allait de Thiès à Bakel, en passant par Saint-Louis!
- Mesdemoiselles, je vous ai convoquées pour vous signifier vos affectations respectives et les ultimes conseils que je vous dois. En attendant, tirez, chacune, un de ces petits papiers. Vous y lirez votre lieu de service que vous êtes tenues de rejoindre dès lundi. Pour votre déplacement, vous passerez prendre vos réquisitions dans le bureau à droite.
Des mains hésitantes saisirent les bouts de papier fatals et, presqu'aussitôt, tout le bâtiment retentit de cris, de pleurs et de lamentations.

Mme Amina Sow Mbaye est notre Domou Ndar du mois !
Bonheur sans mélange

Ce fut ainsi toute la nuit : des soupirs étouffés, des serments geints, des étreintes dans le silence profond de la nuit. Mariam et El Hadj, mariés depuis quatorze mois s'aimaient d'amour tendre et menaient une vie simple et heureuse dans leur petite maison bleue achetée et "retapée" depuis peu par l'heureux papa ; car un gros garçon venait de leur naître trois mois auparavant. Ils le prénommèrent Papa Samba, du nom du défunt père d'El Hadj.
La petite maison bleue tournait sciemment le dos à la rue bruyante et recevait parfois des couples familiers qui venaient jouer à la belote en prenant le thé à l'ombre d'un grand flamboyant aux rameaux écarlates.

Mme Amina Sow Mbaye est notre Domou Ndar du mois !
Petit essai sur la vieillesse

C'est l'esprit qui vieillit
C'est le corps qui vieillit
Le premier soutient qu'un esprit resté jeune, inventif, jovial, volontaire, loge à l'aise dans un corps vieux.
Le deuxième nous explique qu'un corps resté jeune, alerte, souple à force d'exercices physiques quotidiens porte allègrement un esprit vieux.
Autrement dit, la volonté et l'effort seuls peuvent relativement tenir la vieillesse en respect.

Voici un pomène de la grande poetesse en langue wolof, intitulé ''Sagub Jigéen''

Sagub Jigéen
Ma ne nonn*, ne tekk,
Nga ne tëll, ne dagaj, ne jëbb,
Ne ma jàkk.
Ma ne xinéet, ne lamm.
Nga ne ñaadam-ñaadam,
Ma ne bërét, ne mott.
Nga neeti ñaadam-ñaadam
Ma ne wëqét, ne rett, ne gees.

Nga neeti dareet,
Ma ne la kann*
Nga ne ma kann*
Lépp ne boyy

© Amina Sow Mbaye

Note
Les deux mots "nonn" et "kann" doivent s'écrire .

Les onomatopées wolof

Les réalités linguistiques du Wolof confirment de plus en plus sa beauté, son charme et ses ressources lexicales qu'on ne trouve dans aucune autre langue. Ainsi, les onomatopées dans le parler Wolof constituent-elles une potentialité qui se prétend presque une fin en soi.

Ce sont des mots, ou plutôt des sons, qui ne signifient que ce qu'ils résonnent, ce qu'ils imitent; mais à cette signification purement implicite, s'ajoute une force qu'un mot ordinaire ne saurait atteindre.

Ce qu'il y a de plus heureux est que le Wolof est sans doute la seule langue à pouvoir dire tout son propos avec exclusivement des onomatopées. Le poème "Fagub Jigéen", chant d'amour par excellence, s'efforce d'illustrer cette vérité.


Cheikh Saad Bou SEYE



Source: http://aflit.arts.uwa.edu.au