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OPINION | Et si le septennat était la solution ? Par Ousmane Abdoulaye BARRO

Jeudi 25 Février 2016

« Je ne veux pas me laisser enfermer dans ce questionnement car je n’aime pas commencer par la fin de l’histoire. Il faut se demander comment on en est arrivé là. »
Aminata Traoré, ancienne ministre de la culture du Mali


Trop ordinaires !

Pour le prophète comme pour Platon, la direction des hommes est l’apanage des gens hors du commun. A en croire le premier, la charge de présider aux destinées des sociétés anciennes incombait aux prophètes tandis que selon le philosophe, ce privilège revient de droit à ses collègues. Hélas, son rêve de voir les rois devenir philosophes a encore été brisé.  

Les Sénégalais sont-ils opposés au septennat ?

On parle trop souvent à la place du peuple en lui prêtant des intentions qui ne sont que le reflet de nos propres projections. Si la majorité des électeurs a eu à voter un projet de référendum incluant le quinquennat en 2001. Si une majorité pareille a porté son choix sur un candidat qui s’était engagé à réduire son mandat à 5 ans. Si enfin une bonne partie de la population est indignée suite à la décision du président de poursuivre son mandat jusqu’à 2019. Cela signifie t-il que les Sénégalais sont contre le septennat ? Pour moi, rien n’est moins sûr. D’ailleurs, il convient de revenir sur le contenu réel du mot « peuple ». Le chercheur Ndongo Samba Sylla nous montre dans son livre, La démocratie contre la république que son sens est loin d’être une évidence.

Le septennat nous poursuit comme notre ombre, tantôt sous le coup de la concession comme en 1992, tantôt par le biais de la représentation ; c’est le cas en 2008. Les historiens nous diront peut être un jour pourquoi les Sénégalais n’étaient pas sortis dans les rues pour dire non à l’Assemblée nationale et pourquoi ils sont sortis le 23 juin 2011. IL est aussi bon de savoir pourquoi le peuple a voté pour Wade au premier tour de l’élection présidentielle de 2012 ? Pourtant, la rue avait tourné le dos au « vieux président ».

En vérité, le débat sur le quinquennat ou le septennat n’intéresse que l’élite dirigeante.  Les Sénégalais sont, par contre, très préoccupés par le relâchement moral de la classe politique. Les Sénégalais attendent davantage des hommes politiques qu’ils trouvent des solutions aux problèmes qu’ils rencontrent tous les jours.

Pour éviter que les hommes politiques d’aujourd’hui et de demain nous installent dans une instabilité permanente, demandons-leur de ne plus toucher au mandat. Comme ils sont tous coupables ou présumés coupables de faire revenir le septennat, alors faisons de leur désir irrépressible notre dernier rempart contre tout tripatouillage.

Comment sortir de la situation ?

Aminata Traoré, ancienne ministre de la culture du Mali, avait refusé de répondre à la question de savoir s’il ne fallait pas accepter l’intervention française dans son pays malgré tout. Et la militante de répondre à sa manière :
« Je ne veux pas me laisser enfermer dans ce questionnement car je n’aime pas commencer par la fin de l’histoire. Il faut se demander comment on en est arrivé là. »

Le dialogue politique

Les Sénégalais doivent imposer le dialogue aux hommes politiques non sans insister sur la responsabilité particulière du Président de la République. Il faut refuser la polarisation du champ politique autour du référendum aussi longtemps que la démarche unilatérale prévaudra. Nous ne sommes pas dans le cadre d’une élection présidentielle où il s’agit de choisir son candidat. Le dépassement  exige de la part de chacun de mettre l’intérêt national au dessus de toute considération. Ni l’enveloppe juridique du Conseil constitutionnel ni la victoire du « Oui » ne suffiront à freiner l’opposition. Ni la voix discordante des juristes ni la victoire du « Non » n’empêcheront le président Macky Sall de gouverner ce pays.  En revanche, des Sénégalais et des Sénégalaises verront leurs activités perturbées et leur souffrance exacerbée. Un tel contexte est par ailleurs favorable à l’apparition de nouveaux démagogues et permet souvent aux politiciens compromis de se refaire une nouvelle virginité.

Sur un autre registre, on remarque les interventions musclées des victimes du régime, sans oublier ceux qui profitent tant bien que mal des délices de la défiance citoyenne à l’égard du leadership politique.

La voie indiquée par le M23

Etant le lieu et l’incarnation de toutes les contradictions du milieu politique et de la société civile, le M23 est paradoxalement la structure la mieux placée pour arbitrer les prolongations. Ce n’est pas la première fois que le M23 se trouve dans une situation où la stabilité politique de notre pays est menacée. J’estime qu’il est plus outillé qu’avant dans l’exacte mesure où elle ne se confond ni avec le pouvoir ni avec l’opposition. Le M23 est au carrefour du pouvoir et de l’opposition, de la société politique et de la société civile. Cette identité hybride, contrairement à une opinion arrêtée et dépréciative, est porteuse d’espoir. C’est pourquoi la classe politique de suivre la voie indiquée par le M23 sans que l’on son soit obligé d’abandonner les combats de principe et les débats techniques. Seulement, faut-il se souvenir que les vrais problèmes sont au fondement d’un système politique dont nous devons diagnostiquer les maux.
A défaut d’être  prophète, nous devons rester ce que nous sommes, c'est-à-dire des gens ordinaires, capables du meilleur comme du pire.

Ousmane Abdoulaye BARRO
Ligue sénégalaise des patriotes (L.S.P/BOKK YEENE)
PASTEF-LES PATRIOTES
ousmaneabdoulayebarro@yahoo.fr

 


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