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Promulguée le 28 mai 2010 par Abdoulaye Wade, la loi sur la parité continue de diviser les Sénégalais

Vendredi 30 Mai 2014

Il y a quatre ans, le 28 mai 2010, le président Abdoulaye Wade promulguait la loi sur la parité qui est revenue ces derniers jours au devant de la scène médiatique après le refus de Touba de l’appliquer pour les élections locales du 29 juin prochain. Les autorités religieuses de Touba ont en effet concocté une liste composée exclusivement d’hommes, ignorant royalement cette loi qui fait désormais partie intégrante du Code électoral.

En son article premier, cette loi stipule en effet que « la parité absolue homme-femme est instituée au Sénégal dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives ».L’article 2 de cette loi indique clairement que « les listes de candidatures sont alternativement composées de personnes des deux sexes ».

Mais cette loi qui fait le bonheur des femmes jusqu’ici sous-représentées dans les instances électives, est vivement critiquée jusque dans les cercles restreints des partis politiques.Certains hommes politiques ont pris leur courage à deux mains qui pour faire valoir la non recevabilité de la liste, d’autres pour appuyer la position de Touba au motif que la ville sainte a ses spécificités qui ont de tout temps été reconnues par les pouvoirs publics.

C’est ainsi que Khadim Diop, le ministre (APR) chargé de la restructuration des zones inondées, minimisait, sur les ondes de la radio Rewmi FM, le samedi 24 mai dernier, l’acceptation de la liste de Touba pour les élections locales arguant que même si la loi sur la parité constitue une avancée démocratique, elle est difficilement applicable compte tenu des réalités de notre société.

La formalisation du statut spécial de Touba aurait le mérite d’ôter une épine du pied de bon nombre de nos politiciens qui n’auront plus alors à justifier telle ou telle mesure étatique ignorée par les autorités de la deuxième ville du Sénégal en terme de population.

Le Bloc des Centristes Gaïndé (BCG) de Jean Paul Dias est l’une des premières formations politiques à ouvrir le feu sur cette loi, juste après la confection de la liste de Touba. Sans détours et précaution oratoire, le BCG affirmait dans un communiqué que la position de la cité mouride «prouve, à l’envie, que cette parité absolue est bien une loi démagogique, anticonstitutionnelle car discriminatoire, anti-culturelle et socialement dangereuse». Ce parti appelle les députés à prendre les mesures en vue de supprimer ou du moins revenir sur le caractère absolu de la loi.

A la suite de M. Dias, beaucoup d’hommes politiques, intellectuels ou simples citoyens, avaient pris la plume pour donner leur opinion qui se résumait à à peu près ceci « La société sénégalaise n’est pas encore socialement prête pour appliquer la parité ».

Le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) ne mit pas de temps pour exploiter l'embarras dans lequel se trouvait le pouvoir en mettant en garde contre l’invalidation de la liste du Khalife bien que sachant parfaitement qu’elle ne respecte pas la loi promulguée par le président Wade.

Mais prenant le contrepied de tout le monde, leprésident du groupe parlementaire Benno bokk yakaar (Bby), Moustapha Diakhaté, déclarait en marge de l’atelier de formation des attachés parlementaires : «la liste de Touba pour les élections locales n’est pas recevable. Les lois de la République doivent être appliquées à tout citoyen. Une République, ce sont des lois, et je dénonce avec la dernière énergie le comportement du sous-préfet de N'dam et du représentant de la Cena au niveau de l’arrondissement. Quand la liste a été présentée et qu’on avait constaté qu’il n’y avait que des hommes, elle ne pouvait être reçue dans le cadre de la loi et, par conséquent, il fallait la retourner à ses expéditeurs».

Pour M. Dia­khaté, la loi sur la parité a pour objet de « donner à la femme sénégalaise la place qui est la sienne dans le fonctionnement de la République. Personne ne doit l’oublier, le Sénégal appartient aux hommes et aux femmes. La parité était un progrès, ne l’oublions pas», déclarait-il.

Le démenti cinglant viendra des propres rangs du parti de Moustapha Diakhaté, l’APR dont l’un des premiers responsables, le ministre de l’intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, ne tardera pas à répliquer : « J’avais affirmé que la liste de Touba est recevable…Je confirme encore que cette liste est recevable (…) on l’a fait parce que c’est ce qui entre dans le cadre de l’intérêt général du pays. Une décision quand on la prend, il faut toujours mesurer les conséquences éventuelles sur les parties en jeu » affirmait Abdoulaye Daouda Diallo qui clôturait le débat.

La liste de Touba ira bel et bien aux élections bien qu'elle ne respecte en rien la loi sur la parité. Là, le pouvoir de Macky Sall a voulu tout simplement faire preuve de réalisme politique.


Par Seneweb News