Ousmane Thiané Sar de Gueth Ndar est notre Domou Ndar du Mois. Ce fils de Saint-Louis, nommé ''Sanglier zélé'' pour sa témérité et son courage est le pionnier du scoutisme africain.


Domou Ndar du Mois: Ousmane Thiané SAR de Guet Ndar dit ''Sanglier Zélé'': le pionnier du scoutisme africain
C’est à la rentrée des classes de 1936 que Ndiack Sarr est admis à l’école Primaire Supérieure Maurice Delafosse de Dakar
à l’angle des rues Blanchot et Thiong. Ndiack avait quitté son Saint-Louis natal et après une année passée à l’école primaire de l’avenue Faidherbe, il avait réussi au concours d’entrée à Delafosse. L’EPS jouissait d’un grand prestige puisqu’elle était l’antichambre de l’école William Ponty, établissement fédéral pour tout l’Ouest africain francophone où l’on préparait les futurs instituteurs, les agents de l’administration générale et candidats à l’école de médecine et de pharmacie de Dakar ainsi
que ceux de l’école vétérinaire de Bamako.

Par son admission à Delafosse, Ndiack le Guet Ndarien se retrouvait ainsi promu parmi les futurs cadres administratifs
du pays. De prime abord il en imposait à ses condisciples par sa puissante corpulence de fils de la mer et son air bourru
qui ont été déterminants dans le choix de son totem scout de « Sanglier Zélé ».

Sanglier était dit zélé parce qu’il était increvable à la tache, et c’est au fil des années qu’il le prouvera. Dans Dakar, à Saint-Louis, puis dans le reste du Sénégal essaimaient meutes, troupes, clans,grâce à sa vigoureuse impulsion : Meute Babacar Kébé, troupes Tagui Ceeli, Keur Gaynde, clan Mademba Abdel Kader, clan des Cinq Rives, groupe local des Filaos, clan du Basalte .

Admis en 1938 à l’Ecole William Ponty qui fut transférée l’année d’avant de l’île de Gorée dans les bâtiments restaurés
de l’ancienne caserne de Sébikotane, Sanglier Zélé ne tarda pas à créer le groupe local de Ponty ville qui fut, comme on
le sait, la pépinière de cadres scouts de tout l’Ouest Africain francophone et même de l’Afrique Centrale. En 1941, au moment où Sanglier terminait sa formation d’instituteur, un Pontyn sur deux appartenait au mouvement scout .

Si à Delafosse, Ousmane T Sarr eut pour guide Etienne Pujos, à Sébikotane lui et ses compagnons trouvèrent en leur
professeur de sciences naturelles, Edmond Favre qui fut totémisé par la suite « Yeuk philosophe », un ami, un
conseiller éclairé dont les prédictions d’alors sont apparues quelques quarante ans après, un témoignage éclatant de
lucidité, de courage, d’attachement profond à la cause africaine.

Afin de resserrer les liens tissés à Sébikotane et de construire un scoutisme plus apte à servir l’Afrique, parce que mieux adapté, la promotion 1938-1941 décide, avant de se séparer, la création du clan de la Grande Chaîne qui regrouperait tous les anciens de Ponty, instituteurs, médecins, pharmaciens, vétérinaires, fonctionnaires de l’administration générale que leur métier appelait à servir en Afrique occidentale et en Afrique équatoriale d’expression française.

Le prototype du citoyen conscient des problèmes de son milieu et résolument engagé dans l’édification d’une société
plus juste est incontestablement Sanglier Zélé. Sorti l’Ecole William Ponty au mois de septembre 1941, l’instituteur adjoint
Ousmane Thiané Sarr enseigne à l’Ecole urbaine de Rufisque de 1942 à 1945. Auparavant il avait été appelé sous les drapeaux
du 10 juillet 1940 au 19 décembre 1940, puis du 20 décembre 1941 au 31 juillet 1942 .

A la rentrée des classes de 1945 Ndiack fut affecté à l’école de Guet Ndar où il enseigna pendant deux ans. Il mit à
profit sa présence sur le terrain pour organiser ses parents pêcheurs dans la coopérative de Guet Ndar.Les activités de
cette association devinrent si absorbantes et si importantes que Ndiack, sur sa demande, fut placé en position de congé de
1947 à fin octobre 1951.Il introduisit le moteur hors bord qui permit aux pêcheurs d’aller plus vite et plus loin en mer.

Sur le plan scout, l’essor du mouvement est tel que l’entité A.O.F.(Afrique Occidentale Française)est érigée en
province dont la direction est confiée à Ousmane Thiané Sarr.Après avoir conduit ses éclaireurs au Jamboree de la Paix
à Moissons(France),participé avec les plus anciens au camp international de formation de chefs Cappy à Verberie dans
l’Oise,il préside sur le chemin du retour en Afrique à bord du s/s « Cap Saint-Jacques » les assises du premier congrès
de la province.

Le 1er novembre 1951 l’instituteur Ousmane Thiané Sarr revient à l’enseignement afin d’alléger les charges de la
coopérative. Il est affecté à la direction de la Jeunesse et des Sports qui relève de l’Inspection Académique du Sénégal et
de la Mauritanie. Soucieux de diffuser le plus largement possible les méthodes actives qui préparent à la vie Sanglier,
de concert avec son commissaire de province à la route alors directeur du Centre de plein air de Nianing,suggéra
l’ouverture d’une colonie de vacances sénégalo-mauritanienne qui regroupait pendant un mois, du 12 septembre au 12 octobre
1953, une centaine de colons, élèves des CE2 et CM1, à raison de six par école et susceptibles de devenir, à l’issue de la
colonie, des « animateurs » des méthodes actives au sein de leurs établissements respectifs. Les locaux de Nianing étant
exigus, il fut décidé que le Cours Normal de Mbour accueillit la colonie de vacances.

La première colonie de vacances de Mbour ayant connu un plein succès, les Eclaireurs, pour consolider leur action et
élargir le cercle de bénévoles,créèrent l’association des Centres d’Entraînement aux méthodes d’éducation active
(CEMEA) qui eut à former l’encadrement nécessaire aux camps et colonies de vacances...

Ndiack Sarr de Guet Ndar, Sanglier Zélé, le pionnier du scoutisme africain, Ousmane Thiané Sarr, l’exemple de toute
une génération n’aura pas vu l’éclosion de son œuvre. Pouvait- il en être autrement ?

Comme Etienne Pujos, promoteur du camp inter-allié de Katibougou, qui regroupa pendant un mois en 1943 cent vingt
scouts de Gambie, du Sénégal et du Soudan (devenu Mali)et mourut d’épuisement au lendemain de celui-ci,Ousmane Thiané
Sarr quitte ce monde le jeudi 12 novembre 1953,en début d’après-midi, un mois jour pour jour après la clôture de la colonie de vacances de Mbour.