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(Photos) Concert du 25 mai 2012 : Dialogues et fusions des différents univers musicaux

Samedi 26 Mai 2012


L’Orchestre National de Jazz
 

Le Festival de Jazz de Saint-Louis a affirmé ses racines en accueillant vendredi soir la branche jazz de l’orchestre national sénégalais.  La formation a eu l’occasion de se prouver en jouant à la fois pour les siens et pour les visiteurs provenant de l’étranger.
 

La prestation était à l’image du festival, haute en variétés et en émotions.  L’orchestre est venu rappeler que le Sénégal possède lui aussi de très bons musiciens jazz, dignes de jouer dans des festivals internationaux.
 

Si au cours des soirées précédentes, le public avait eu droit à des sons d’ailleurs, l’Orchestre National de Jazz est venu mettre du sien en apportant la saveur locale.  Comme le nom le l’indique, le répertoire couvert était le jazz, mais ce qui rendait le groupe spécial était l’intégration de certains instruments bien sénégalais.  Les cuivres et les percussions jazz côtoyaient joliment le xalam, la kora et le balafon.
 

Alassane Cissé, le chef d’orchestre et bassiste de la formation, s’est dit satisfait de l’organisation du Festival de Jazz de Saint-Louis, en entrevue.  C’était, selon lui, digne d’un grand festival international. 

 

Rappelons que l’Orchestre National de Jazz a eu l’occasion de se produire devant de nombreux chefs d’États étrangers en visite au Sénégal, mais aussi un peu partout sur le continent africain, et en Europe, notamment en Italie.
 

 

Mike Herting et Djibril Diabate
 

Avant que le deuxième concert de la soirée ne débute, on nous a promis le ‘’plus petit orchestre au monde’’.  Force a été de constater que cet ‘‘orchestre’’ n’était composé que de deux musiciens.

 

Mike Herting et Djibril Diabate proviennent d’horizons très différents : l’un est Allemand, l’autre est Sénégalais; l’un au piano, l’autre au balafon.  Deux mondes, deux virtuoses, mais une fois réunis, ils ne forment qu’un seul univers. 

 

Le duo n’a pas ménagé les auditeurs : le concert s’est ouvert avec une envolée vertigineuse de notes.  Il s’agissait en effet d’une musique très dynamique, où un son était toujours en production.  Pas de répit possible, l’attention était constamment sollicitée par ce duo fascinant. 

 

Leur musique a su propager une ambiance qui lui était propre et qui menait à une rêverie à la fois africaine et occidentale, comme si le meilleur de chaque univers avait fusionné ensemble.  L’effet était bien réussi : parfois tonale, parfois modale, la musique était souvent basée sur des patrons qui mettaient l’auditeur hypnotisé en transe.

 

Mike Herting et Djibril Diabate ont adapté les titres de leurs pièces pour le festival.  Une composition créée pour l’occasion a été intitulée Saint-Louis Blues, et la chanson allemande On laisse la cathédrale à Cologne a été rebaptisée On laisse le pont à Ndar. 

 

Pour les deux artistes, la musique semble complètement naturelle.  Djibril Diabaté a révélé en entrevue qu’on peut étudier la musique, mais qu’elle doit avant tout venir du cœur de la personne qui la joue.  Et de fait, sur la scène, la musique semblait venir d'elle-même. 


Mike Herting a lui aussi exprimé une remarque semblable, expliquant qu’il est habitué à ce genre de rythmes et que de jouer avec Djibril Diabaté s’est fait naturellement.  Il a ajouté qu’il voyait le Festival de Jazz de Saint-Louis comme un échange musical et qu’il y était ‘'pour apprendre des autres et pour que les autres apprennent de moi’’.  En effet, il y avait beaucoup à apprendre de cette rencontre musicale.



 

Devin Phillips Quartet
 

Devin Phillips est un saxophoniste expressif qui connaît bien les possibilités sonores de son instrument. Puissant, doux, rauque ou moqueur, le saxophone de Devin Phillips émet des sons habiles qui vont bien avec l'ambiance du moment.  Très à l’aise sur scène, il laisse volontiers son instrument de côté, accroché sur son support, lorsqu’il ne joue pas afin d’écouter les autres musiciens.
 

Et qu'il s'agisse d'Andrew Oliver (piano), d'Eric Gruber (basse) ou de Mark DiFlorio (batterie),  chacun d'entre eux a fait une excellente performance. Le groupe a démontré sa virtuosité, son sens de l’écoute et du rythme hors du commun. Il maîtrise l’art du ‘‘laid back’’, qui consiste à jouer légèrement en retard par rapport au temps. Il y avait lieu parfois de se demander si les musiciens arriveraient à tenir le rythme, et comme de raison, ils ont réussi. 

 

Le Devin Phillips Quartet est une formation très solide.  Le cool jazz leur fait bien, tout comme le bebop et le blues, le public ayant fortement réagi à ce dernier style devant l’immense talent du groupe et de leur invitée.

 

Entre les pièces, les commentaires étaient dits en anglais et en français.  La formation américaine en était à sa deuxième visite à Saint-Louis, et en entrevue, Devin Phillips a affirmé se sentir chez lui au Sénégal.  Afro-américain, il porte une affection spéciale pour l’Afrique, mais ce qui explique qu’il se sente si bien à Saint-Louis est l’accueil chaleureux dont public a su faire preuve.


Caroline Beauchamp (stagiaire)