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CONTRIBUTION : Autosuffisance alimentaire? Non! : Sécurité alimentaire? Possible!

Samedi 12 Octobre 2013

CONTRIBUTION : Autosuffisance alimentaire? Non! : Sécurité alimentaire? Possible!
I QUELQUES BREFS RAPPELS ET CONSTATS
L` interrelation des énoncés ci-dessus dénote toute la complexité du sujet. En même temps elle pose la problématique comment, voici cinquante années déjà derrière nous, depuis l’indépendance politique recouvrée du Sénégal, et notre développement, loin de nous avoir permis l’atteinte de la sécurité alimentaire, ne nous aura même pas permis, en raison d`habitudes de consommation extraverties, d’avoir un esprit d`appropriation du consommer local de nos produits transformes ; tout particulièrement ceux provenant de notre Agriculture ; mais par extension aussi, les produits de notre Artisanat.

Pourtant, en ce qui concerne nos principales céréales locales tels que le mil, le Sorgho, le Maïs et le Riz, il y a des éléments de succès qui relèvent des potentialités naturelles dont nous sommes dotés, de la tradition séculaire de la travailleuse et entreprenante paysannerie sénégalaise ; auxquels points positifs, il faut ajouter des avancées scientifiques significatives cumulées , d`avant indépendance à nos jours, dont la Recherche agricole a pu faire bénéficier notre Agriculture. Il y a eu aussi, pour ce Secteur économique, les efforts importants des pouvoirs publics successifs durant tout ce long cours.

Dans le domaine de la transformation-valorisation de nos produits locaux, les points de succès obtenus sont matérialisés par une bonne maitrise des technologies agro-alimentaires avec la mise au point de recettes culinaires multiples et variées que nous devons au dynamisme tant à l’ITA qu’aux Unités universitaires de Recherche en transformation-valorisation agro-alimentaire.
On peut tout aussi bien constater que le pendant de tels points de succès a avantageusement permis de susciter la création et le développement d’une entreprenante et prometteuse activité de transformation a l’initiative d’acteurs, principalement féminins, tant en milieu rural que dans nos grandes villes.

Sur 50 ans, les Pouvoirs publics successifs ont donc, poursuivi de grandes réalisations pour l’Agriculture ; mais l`on a aussi bien évidemment connu dans la période, de gros échecs
Ainsi, il y a eu de gros acquis à travers les Operations < productivité> des années 1960/70 avec la SATC poursuivies par la SODEVA ; en appui sur le système Coopératif et le Programme Agricole (P A), qui jusqu`à son arrêt en 1979/80 avaient, tous deux, permis, entre autres acquis, de placer plus d`un millions d`équipements de culture attelée, tous types confondus et d’atteindre 120.000 T d’engrais distribuées. Il y a eu par la suite les Operations de développement intégré avec l`action de Structures de développement intégré genre SDR (SOMIVAC, SODAGRI, SAED restructurée, DRDR au sein l`Agriculture. Ces dernières années 2000, les Operations et autres <programmes spéciaux> aux objectifs ambitieux avec aussi de grandes performances obtenues en riziculture qui ont marqué l`évolution du Secteur.

Mais nous avons aussi connu de cuisants échecs à travers notamment des actions menées avec grande euphorie dans des initiatives audacieuses affichées, sans doute en toute bonne foi, pour l’Agriculture. Notons à ce sujet les Operations Tracteurs, une centaine en 1990 et encore plus après 2000 avec plusieurs centaines d`unités (à notre connaissance sans aucune évaluation d’impact technico-économique chez les bénéficiaires), l’Opération de régénération de nos sols par phosphatage de fond dans les années 1997 et le cycle des programmes dits spéciaux à partir des années 2000.

L`Opération Tracteurs agricoles vient de reprendre en 2013 et il faut espérer que les Pouvoirs publics initiateurs auront tiré les enseignements aptes à rectifier les erreurs des expériences passées. Dans le domaine de la mécanisation par traction animale, il est heureux de noter la bonne relance amorcée avec la commande de 16.800 unités de culture attelée. Mais il est fort regrettable que la passation de ladite commande et sa fabrication n’aient pas été en bonne phase avec le calendrier de la campagne agricole 2013/2014. Celle-ci est en phase finale alors que le matériel n’est pas encore entre les mains des agriculteurs. Aussi tous ces équipements, à la seule exception (et encore ?) des Souleveuses et des Charrettes, ne pourront effectivement être utilisables par les paysans qu’à la prochaine campagne 2014 /2015

Cependant en tout cela, la bonne volonté politique déclarée des Pouvoirs politiques a été exprimée avec force ; de même que l`ont été les objectifs poursuivis. En certains aspects, ceux-ci, il faut le dire, ont été tout de même démesurés. Le fameux programme d`ambitionner la production de 1Million de Tonnes de Maïs en une seule campagne en 2002/2003, rentre dans cette catégorie des généreuses intentions pour l`Agriculture. C`est pourquoi, le seul mérite de l`idée de ce Programme Maïs n`aura été que d`avoir créé un ressort promotionnel pour cette céréale avec l`objectif d`en réduire notre déficit en même temps que d`en favoriser la transformation à usage agro-alimentaire.
Mais disons qu’une volonté’ politique, quelle que puisse en être la force et la générosité de l’ambition déclarée, est loin d’être suffisante à elle seule pour assurer la réussite des objectifs visés

Ainsi, sans parler des nombreux programmes spéciaux, tels que Manioc, Bissap et autres, rappelons dans le seul cas du Maïs, toutes les sommes d’argent dépensées et d’énergie déployée sans résultat à hauteur des attentes et sans aucune action de suite !
En effet, en voici la situation illustrative chiffrée :
Prévision Programme Maïs sur 160.000 ha Production de 1.000.000 Tonnes assignée en 2002
Alors que la moyenne annuelle de production sur les 5 années précédentes n`était que de 79.100 T
Au résultat, la statistique officielle faisait état d`une abondante production vers l`objectif fixé. Mais certaines estimations des milieux spécialisés avaient objectivement pointé sur une production réajustée de l`ordre de 200.400 T plus réaliste ; compte tenu du potentiel des facteurs disponibles
Le signe révélateur de l`échec est qu`en dehors de cette pointe de quelque 200.400 T qui finalement était proche de la récolte réelle procurée par ledit Programme, on attendra 2008 avec l`impact de la GOANA, autre Opération agricole d`envergure, pour cibler une estimation de production ponctuelle de 502.840 T de Mais en 2008/2009
C`est dire qu`il n`y a eu aucune suite de pérennisation ; puisque même bien plus tard, de 2007 à 2010/2011, la production de cette céréale s`est stabilisée dans une fourchette de 170.000 à 187.000 T ; soit une progression en cohérence objective avec la moyenne de production annuelle sur 5ans avant 2003 ; année de lancement du 1er Programme spécial. La même tendance, dans les objectifs fixés et les réalisations effectives décalées, est observée pour les Mils et Sorghos dans le cadre de la GOANA en 2008.

Il ressort de ce qui précède que de toute évidence, il aurait été plus et mieux indiqué, parce que de loin plus productif, d’avoir consacré les moyens du Programme Maïs et autres, (exception du Riz), à booster notre production de mil ; culture moins contraignante, moins nécessiteuse en besoin pluvial et pouvant bénéficier d’encore beaucoup plus de superficie potentiellement favorable dans toutes les régions du pays. Et nous venions ainsi, avec tous ces <programmes> il faut le reconnaitre, de rater une bonne rampe de lancement de notre production milicole ; ce qui nous aurait permis, sur le chemin de notre quête de la sécurité alimentaire, de réaliser un grand bond de production de cette céréale.

A ce propos, nous écrivions dans un Rapport collectif d’un groupe d’Experts que nous avions l’honneur de diriger en 2003 pour une étude commanditée par le Ministère de l’Industrie et l’ONUDI sur la transformation-valorisation du Maïs que : < nous devrions objectivement raisonner en terme plus inclusif de transformation de nos céréales locales y compris donc le Maïs et non limitativement à cette seule céréale ; puisque, en matière de tradition alimentaire, le Mil qui est parmi nos grandes cultures, est ainsi chez nous au Sénégal ce que le Maïs est fort justement chez les populations des régions d`Afrique australe>. Nous ne devions donc pas, à cet égard, chercher à agir par mimétisme pur et simple de ce que l`on a pu voir au Nigeria ou ailleurs en Afrique australe ; ce en toute bonne foi et intention.
En revanche, comme relevé plus haut, des avancées importantes ont été enregistrées ces dernières années dans la production rizicole ; tant en terme des rendements qui passent de l`ordre de 4.5T/ha dans les années 97/98 a 6T/ha et même 8T/ha avec une production estimée à 604.000T de Paddy en 2010/2011.
Disons donc que des efforts tangibles pour le développement de la production agricole, y compris nos céréales locales ont été accomplis. Mais pour le Mil qui entre très largement dans nos habitudes alimentaires et qui recèle d’immenses potentialités de production dans toutes les régions du pays ; on peut dire que cette céréale n’a pas correctement bénéficie`, comme plusieurs autres grandes cultures, de mesures organisationnelles pour un système de commercialisation adapté ; apte à le propulser. Cette céréale n`a pas non plus bénéficié de mesures promotionnelles hardies pour son « imposition » dans notre <consommer local>

A ce propos, les Décideurs que nous avons eus n’ont pas su faire passer auprès des Boulangers et des populations la consommation du <PAMIBLE> mis au point par inclusion d’une bonne proportion de mil dans sa fabrication. Pourtant la généralisation de la consommation de ce pain, très nutritif, aurait avantageusement contribué à réduire sensiblement notre importation de blé. A signaler qu`un pays comme le Nigeria en réussissant depuis 2ans, à faire introduire près de 40% de farine de Manioc dans la fabrication du pain par les Boulangers du pays, arrive aujourd`hui a économiser 1,2 Milliards d`Euros dans ses importations de blé. Cette même démarche est en mouvement au Benin. Faut-il rappeler, pour faire tomber tout complexe mal placé de consommation extravertie, qu`ailleurs en Europe, la fabrication du pain de seigle ou d`avoine a participé de la même démarche de faire du pain autrement.

De plus, devant la même nécessité de promouvoir fortement le <consommer local>, aucune mesure discriminatoire positive n’a été prise, sur plus de 50 ans, pour consacrer, tout spécialement aux céréales locales transformées et aux autres biens de notre Artisanat, ne serait-ce qu’une part des grosses ressources publiques dépensées en plusieurs dizaines de milliards de Francs chaque année. Ainsi que ce soit pour la nourriture des Armées et d’autres corps d’Etat en internat, que pour l’équipement des Bureaux de notre grande Administration et autres Institutions publiques ; tant au niveau du pouvoir central qu’au niveau des Collectivités locales, on peut dire que la préférence nationale à travers le <consommer local> n’est pas favorisée. A ce propos, il est salutaire de savoir qu’une toute première initiative portant sur une dizaine de milliards vient juste d’être prise dans ce sens pour le mobilier national. Il faudrait la pérenniser et l’élargir aux produits agricoles transformés.*

Ce sont donc de ce genre de gros marchés annuels de plusieurs milliards de Francs pour les céréales et produits locaux transformés ainsi que pour le mobilier national, dont rêvent les groupements féminins ruraux et urbains transformateurs et dont rêvent aussi, pour leur part, nos Artisans bois et métal. Ces Artisans ne se contenteraient point de la seule prétention, sans doute patriotique, de vouloir <fabriquer la Table du Conseil des Ministres> de notre pays ; comme le souhaitait récemment une haute personnalité publique.

Les fortes avancées atteintes ces dernières années dans la production du Riz devraient, pour aller encore loin, conduire à ne pas faire l’économie d’un véritable et profond audit pour revisiter ce qui objectivement seraient les causes du décalage abyssale entre des niveaux de production restés relativement bas par rapport aux centaines de milliards jusqu’ici dépensés pour cette culture ; en Casamance et surtout en région nord.
La tyrannie du riz que nous subissons déjà avant l’indépendance reste à nos jours encore plus cruciale et l’hypothèque qu’elle fait peser sur nos efforts pour la sécurité alimentaire, impose la nécessité d’un tel exercice de vérité pour une politique rizicole avec toute la rigueur et l’efficience dont elle semble avoir terriblement manqué. En effet, comment pourrait-on autrement expliquer le croit exponentiel de nos importations de cette denrée passant de 100.000T en 1951 a près de 1 Million de Tonnes actuellement ; soit un niveau de consommation d’environ de 25kg par habitant à l’époque à près de 100kg de nos jours. Pendant que notre production actuelle ne correspond qu’à moins de 500.000 T de Riz décortiqué ?

Au plan de la commercialisation ce riz local gagne en part de marche ; mais ne pourrait-on pas réfléchir sur un mécanisme de discrimination positive qui mettrait à contribution l’UNACOIS impliquant ses membres à prendre en charge la vente de ce riz selon des tonnages à leur attribuer au prorata de leurs importations respectives de cette denrée. L`important tissus de PME/PMI du Secteur privé sénégalais au sein de l`UNACOIS, devrait aussi s`impliquer dans la production agricole ; mais surtout dans la transformation-valorisation des récoltes. La mise en œuvre de telles nouvelles orientations économiques, serait favorisée par des mesures appropriées d’accompagnement.

Avec nos acquis et nos potentialités agricoles y compris la transformation agro-alimentaire donc, la GRANDE QUESTION fondamentalement demeure de savoir si notre agriculture, actuellement à forte dominance de type familial, peut nous faire prétendre l’atteinte, même à moyen terme de la sécurité alimentaire ?
A notre avis la réponse serait malheureusement NON ; car la productivité que l`on peut avoir avec le niveau actuel des facteurs de production, de surcroit en agriculture essentiellement pluviale, est relativement insuffisante pour assurer la nourriture à une population de 12 Millions de personnes croissant à environ 3% ; même si les conditions en étaient améliorées par la pratique en zone favorable de la traction bovine lourde. S`y ajoute que même avec le niveau actuel de l`offre des produits céréaliers transformés, la préférence du <CONSOMMER LOCAL >, n`est pas encrée dans nos habitudes restées extraverties. Et cette attitude négative vis-à-vis de ces produits de notre agriculture, concerne aussi, comme nous le disions plus haut, d’autres biens de consommation (tissus, meubles de Bureaux et de Maisons, chaussures etc) de notre Artisanat.

Le constat est donc établi que les politiques de développement de notre Agriculture et de notre Artisanat, en ce qui concerne l’inflexion de la tendance de nos habitudes à ne pas consommer ce que nous produisons, n’ont pas suffisamment été encadrées et consolidées en 50ans , par de FORTES MESURES DE RUPTURE nécessaires pour « construire et imposer » <LE CONSOMMER LOCAL > de nos produits alimentaires agricoles et de nos biens artisanaux.

Pour relever un tel gros défi à la mesure de la situation, ne serait-il pas utile de convoquer opportunément les recommandations des ASSISES NATIONALES ainsi que celles des programmes du YONOU YOKKUTE, pour nous permettre de mener TOUTES LES BONNES RUPTURES POSSIBLES ET NECESSAIRES pour rattraper, dans un élan patriotique de chacun et de tous, les occasions perdues sur le chemin de notre quête de la sécurité alimentaire et du consommer local responsable.

II QUELLES PROPOSITIONS DE RUPTURE SUSCEPTIBLES DE CONTRIBUER A LA SECURITE ALIMENTAIRE :
II.1 Problématique de l’Administration centrale du Secteur agricole
La nécessité de rationnaliser, de mettre en cohérence, d’instituer un seul grand interlocuteur étatique avec le monde rural, de réaliser des économies structurelles et de fonctionnement ; avec aussi le bénéfice d’une taille réduite du nombre de Départements ministériels du Gouvernement, ne devrait-il pas raisonnablement conduire à l’érection d’un MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL ou d’un MINISTERE DU DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE RURALE ou toute autre appellation adéquate, dans le sens FAO d’une Agriculture à large vocation intégrée qui regrouperait l’ensemble des Départements aujourd’hui éparpillés dans plusieurs entités ministérielles ?

Au sein d`un tel Ministère intégré au plan vertical et horizontal serait réinstaurée et renforcée la Direction de la Coopération avec la réhabilitation d’un système coopératif reformé et qui bénéficierait d’un nouveau type de crédit P A en adéquation avec le contexte actuel.
Notre système financier pour l’Agriculture (CNCAS et nouvelle BNDE) devraient bénéficier de ressources importantes et de type concessionnel approprié pour encourager les initiatives privées favorisant la production agricole pour notre sécurité alimentaire et pour le <consommer local>.
Sur l’opérationnalité efficace du financement de l`activité de nos PME/PMI du Secteur agricole et du Secteur Artisanal, tout en se félicitant du démarrage prochain de notre nouvelle Banque Nationale de Développement, ne faudrait-il pas craindre que la coexistence non consolidée au sein d`un Holding entre la CNCAS et cette BNDE ne débouche dans la pratique, pour chacune d’elle, sur un émiettement du portefeuille clientèle et des empiétements fonctionnels sur un même marché à solvabilité fragile et pour une même catégorie de demande de financement . Un tel contexte concurrentiel, devenant donc contre-productif, ne risquerait-il pas alors de les handicaper toutes les deux ?

Dans le cadre des suggestions de refondation institutionnelle, notre actuel Commissariat à la Sécurité Alimentaire ne pourrait-il pas prendre en charge l’organisation et la gestion d’un marché céréalier qui s’avère nécessaire. Ainsi cette nouvelle fonction permettrait d’assurer une bonne part d’achat de ces récoltes directement auprès des producteurs, d’en faire le stockage pour ensuite en assurer, au-delà de ses propres besoins pour les aides à donner, la revente-distribution aux acteurs et entrepreneurs de la filière transformation-valorisation. Un tel nouveau dispositif tendrait à moraliser et à stabiliser le marché de nos céréales locales ; réduisant ainsi l`activité des intermédiaires qui sévissent dans les LOUMAS ou même, par anticipation à la récolte, chez les paysans avec des pratiques de haut niveau usuraire. Les productions céréalières, le Mil notamment, en seraient considérablement boostées pour répondre à des besoins en croissance.

Mais au niveau de cette production même, l’on peut se demander si l`accompagnement de l`Etat peut être poursuivi par la systématisation du mécanisme actuel de subvention? Même s`il faut en admettre en principe la nécessité, est-ce que raisonnablement l`Etat aura les moyens de pérenniser un tel soutien ; surtout à hauteur des niveaux de taux pratiqués depuis déjà les années 1997 ; avec 70% pour les équipements agricoles. Il serait difficile de répondre à ces questions par une affirmation nette.

On pourrait donc compter parmi les solutions possibles une plus grande responsabilisation du Secteur prive` (Acteurs agricoles, Industriels et Investisseurs etc) Dans ce cadre, l`Agrobusiness ne devrait pas être stigmatise’ et présenté, à tort du reste, comme antinomique et même comme le <tueur> de l`Agriculture familiale. Des plages de localisation à concéder à l`Agro-business dans l`espace agricole, articulée à des mécanismes de contractualisation <gagnant-gagnant> devraient pouvoir être construits entre ces deux acteurs ; tant dans la production en partenariat que dans la transformation locale des produits agricoles.

II.2 Problématique des TERRES agricoles et développement des cultures céréalières
L’accaparement des Terres, sous des formes et avec des stratégies trompeuses, apparait depuis les années de la double crise énergétique et alimentaire, comme un phénomène à dimension mondiale ; affectant tout particulièrement les pays en développement, souvent au détriment de la paysannerie locale et du développement des cultures vivrières.

Ainsi, le phénomène de l`accaparement des espaces cultivables se présente-t-il sous la forme de projets grandioses initiés par un nouveau type d’investisseurs étrangers (Etat, Agro businessmans et ou Spéculateurs privés) qui recherchent des opportunités faciles de s’assurer des sources de production soit de bio-carburant soit de produits alimentaires pour leur propre intérêt.

Une Organisation de recherche comme le CIRAD (parmi d’autres tout aussi sérieuses), établissent que jusqu’en 2011 ledit phénomène a mis la main sur près de 83Millions d’hectares à travers le monde ; soit une superficie égale à celles de la France et de l’Allemagne réunies
En Afrique de l’Ouest la dynamique d’accaparement aurait déjà concerné 25 Millions d’hectares ; c’est presque les superficies de la Cote d’Ivoire et du Burkina Fasso réunies
Au Sénégal a combien de milliers d`hectares en serions-nous déjà toutes formules confondues ? (Investisseurs Etrangers et ou en cache avec des Locaux)
Quelle rupture à assumer en ce domaine ? :
a. Le Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural et le Ministère de l`Aménagement du Territoire pourraient faire approfondir la situation réelle sur la question avec une étude d’impact du phénomène au Sénégal en relation avec les Acteurs concernés et ou intéressés (ISRA, Collectivités rurales et Organisations paysannes etc.)
b. Une rencontre nationale pour l’étude et la définition d’une politique nationale de gestion rationnelle et d’organisation efficace d’octroi contrôlé de toutes les formes d’Agro-business qui doit avoir sa place dans l’intérêt de l’Economie et dans celui spécifique bien compris de nos Agriculteurs et Pasteurs dans toutes leurs activités propres ; notamment en exploitations familiales.
La FAO qui est consciente du phénomène, entreprend dit-on d’offrir son assistance aux pays concernés en produisant un document de conseils intitulés < Directives Volontaires> Mais est-ce suffisant ?

S’agissant d`initiatives nouvelles pour un développement protégé des incertitudes pluviométriques, la création de conditions favorables à l`expansion d`une forte activité de production céréalière et dans la pérennité grâce à la maitrise de l’eau dans la zone du Bassin arachidier et plus au Nord de cette zone, des initiatives devraient être entreprises par :
 D’une part, la relance du projet de revitalisation des Vallées fossiles à pousser jusqu`au niveau techniquement possible.
 D’autre part, s’atteler enfin à l`exécution, par exemple, par notre Génie militaire, du projet du Canal du Cayor en recherchant la précieuse mise à contribution de l`investissement humain à encadrer. En cela, nos Khalifes Généraux ont toujours su, avec une incomparable capacité de mobilisation de tous ordres, humains et financiers, merveilleusement réussir des œuvres d`immense portée au profit de la spiritualité de la Nation à Touba (Grande Mosquée plus 2 nouveaux Minarets), à Tivaouane (Grande Mosquée et Zaouiya), à Dakar (Masalikoul Jinaane). Nos Khalifs devraient pouvoir donc, on peut en être persuadé, apporter un appui conséquent à l`Etat pour la réalisation de ce Canal du Cayor-Baol au grand profit des nombreuses et laborieuses populations de ces zones ; tous fidèles Talibés des grandes Confréries religieuses du pays.

II.3 Mesures de rupture pour promouvoir le <consommer local responsable> des céréales locales transformées
S’agissant de la promotion des céréales transformées et de mini industries de trituration de nos arachides en milieu rural, dans le cadre de notre sécurité alimentaire, nous pensons devoir rappeler opportunément ci-après des axes de réflexion développés dans une précédente contribution. Nous considérons en effet qu’il serait judicieux de s’atteler à l’organisation d’une chaine de valorisation de ces céréales à travers une stratégie de maillage de petites unités de transformation à partir du niveau villageois jusqu’aux plus grandes unités de transformation au niveau urbain ; favorisant un fort potentiel d’emploi pour les femmes ; principales actrices dans cette activité.

Les seules et rares occasions de séances démonstratives de préparation et de dégustation des bonnes recettes de l`ITA n`ont jamais suffi à en assurer une promotion efficace. Même si les produits présentés aux réceptions et autre cocktail officiels, fussent-ils organises au Palais de la République ou à l`Assemblée nationale et même si, à de telles occasions, l`on fait appel à des structures privées de transformation ; rien de tout cela n`a jusqu`ici pas été d`un apport promotionnel suffisant pour pousser et installer le consomme local dans les habitudes populaires.
C`est pourquoi, une nouvelle volonté politique qui irait plus loin serait, entre autres mesures, d`explorer la voie immédiate et concrète de créer un marché de consommation des produits céréaliers transformés, à propulser et a sous-tendre à travers les grosses acquisitions annuelles en denrées alimentaires sur fonds publics de plusieurs structures de l’Etat.

Il s’agirait en pratique pour l’Armée, les cantines scolaires, l’internat du Prytanée, les restaurateurs des étudiants, les administrations pénitentiaires, les Ecoles de Police, de Gendarmerie et autres Centres de formation professionnelle, de s’approvisionner en produits céréaliers de transformation locale à introduire dans leur menu.

De même, le Commissariat à la sécurité alimentaire, pour ses généreuses donations aux Gamou, Magal et autres événements spéciaux, pourrait envisager, tout au moins partiellement et en relation avec les bénéficiaires, d’offrir des produits céréaliers transformés, en lieu et place du riz souvent d’importation systématiquement distribué.
D’ailleurs les bénéficiaires ciblés pour ces dons, notamment les Gamou et Magal de même que les populations nécessiteuses à secourir ponctuellement sont plus particulièrement utilisateurs de Sankal, de Arraw et surtout de couscous, bien plus que de riz, pour leur restauration du soir.

Cette nouvelle rupture, devrait pouvoir booster aussi bien la production desdites céréales mais aussi l’activité des groupements féminins transformateurs ; avec création d’emplois et forte circulation de revenu en milieu rural.
A titre indicatif, un tel partenariat avait pu être établi en 2003/2004, au cours de l`étude pour le Maïs, entre un groupement féminin du Village de Pal et le Prytanée militaire de Saint Louis qui avait alors décidé d`inscrire au menu de ses Elèves un repas couscous une fois par semaine. Il faut espérer que ce beau et exemplaire partenariat fonctionne toujours. Il pourrait, dans le cadre des suggestions ci-dessus, être généralisé.
II.4 Pour lutter contre l’exportation de notre Arachide en produit de base et promouvoir sa transformation-valorisation locale
Pour le renforcement de notre potentiel en capacités vivrières , une nouvelle politique volontariste de transformation-valorisation locale de notre production arachidière pourrait consister à encourager l’installation et l’exploitation par des coopératives, des entreprises rurales ou des groupements de producteurs d’arachide d’un tissu de mini-huileries pour effectuer en milieu rural la production d’huile brute, de pate d`arachide et autres sous-produits. L’huile brute serait ensuite écoulée auprès des grandes Usines industrielles en vue de raffinage et de finition du produit pour sa commercialisation sur le marché local et éventuellement à l’Export

Ainsi cette première valorisation de l’Arachide en stade brut en milieu rural, tout en garantissant des revenus conséquents aux Agriculteurs, permettra d’une part d’y développer une activité économique après récolte et d’autre part d’assurer une nouvelle forme d’approvisionnement en produit semi-fini de notre grande Huilerie. De plus les Agriculteurs disposeront des sous-produits coques d’arachide pour servir de source d’énergie de ménage et ou de complément alimentaire broyé pour les animaux.

Les tourteaux RAKAL seront aussi récupérés pour l’alimentation humaine et animale. Ces nombreux effets économiques multiplicateurs en terme d’emplois et de valeur ajoutée en cascade tout au long de la chaîne de transformation, devraient largement inspirer en ce domaine une nouvelle politique volontariste de développement d’un tissu d’entreprises rurales de mini-transformation touchant par ailleurs bien d’autres produits de notre agriculture ; comme la noix d’anacarde, les fruits ; notamment la mangue dont une grande partie pourrit après récolte.
A cet égard, les technologies brésiliennes, asiatiques, indiennes et autres pourraient, à la lumière d’évaluation pointue par l’ISRA, l’ITA et les Techniciens du Département de l’Agriculture, révéler très objectivement d’intéressantes offres techniques bien appropriées aux conditions spécifiques de nos systèmes de production agricole, en tenant bien compte des acquis techniques de notre Industrie et de notre Artisanat.


Il faut dire avec force que la nouvelle forme d`achat de nos graines d`arachides par des Opérateurs Etrangers et ou nationaux en vue d`une réexportation a l`état de matière brute, même à un prix mieux que celui du marché traditionnel, n`est en définitive, qu`un pseudo succès au plan macro-économique. Sa généralisation détruirait notre industrie de trituration et donc toute ambition de création de valeur ajoutée chez nous même. Si leur action se poursuit de la sorte, ne faudrait-il même pas craindre l`affaiblissement de la filière ; pour ne pas dire sa probable disparition. Donc ces nouveaux acteurs devraient être appelés a plus d`engagement en s’impliquant dans la production de semences certifiées, dans la grande production en appui <gagnant-gagnant> avec nos paysans et aussi dans la transformation locale de l`Arachide qui devient une culture vivrière.

III QUEL DECLIC D`OPERATIONNALISATION A FAIRE PARTAGER PAR LA NATION POUR < LE CONSOMMER LOCAL RESPONSABLE>
Dans la perspective de la mise en œuvre de ce qui précède, la volonté politique nécessaire pourrait passer par l`implication de toutes les forces vives du pays dans un sursaut patriotique pour réfléchir et assoir un consensus sur une attitude individuelle et collective pour une forte adhésion, sous l`égide du nouveau pouvoir politique, au <consommer local responsable>
Ainsi, un Conseil présidentiel en lancerait un grand et fort signal par l`énonce’ de la vision stratégique qui inviterait au débat l`Assemblée nationale, le Conseil économique social et environnemental, le Conseil des Collectivités locales, les Organisations paysannes et syndicales, les Partis politiques, les consuméristes etc.
Un tel exercice collectif, sous-tendu par la fibre patriotique, mettrait entre parenthèse les intérêts corporatifs particuliers et les complexes d`habitudes alimentaires et de consommation extraverties, pour ne voir que l`intérêt de notre développement national, surtout avec la bénédiction et l`appui de nos Guides religieux dont les voies devront être entendues. Tout ceci ne pourra que faciliter et faire accepter les sacrifices nécessaires et aptes à produire une lame de fond génératrice de consensus pour l`atteinte, progressivement mais surement, de notre sécurité alimentaire passant aussi par l`appropriation et la pratique du <consommer local responsable>


Birame Ngoye FALL Ingénieur Machinisme Agricole
Ancien Chef de Division au Ministère du Développement Rural
Ancien Directeur à SISCOMA et à SISMAR
Président V2A (Ingénieurs et Cadres Retraités de l’Agriculture)
E. mail : fallbirame29@yahoo.fr






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